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blancs ou de l’outremer ; couleurs qui se dissolvent très-aisément, & ensuite pour ne pas enlever les glacis, que des yeux peu exercés dans la pratique de l’art de peindre, & dans celle du nétoyage, prennent souvent pour de la crasse.

Une des grandes maladies des tableaux est causée par les ordures de mouches. La fiente de cet insecte est très-mordante, & pénétre dans la couleur au point d’y faire de petits trous. Je ne sache pas qu’on ait trouvé jusqu’à présent aucune liqueur qui puisse dissoudre ces taches sans emporter la couleur du tableau. Le seul moyen que j’aie vu employer avec succès pour les enlever, est de les attendrir autant qu’il est possible, avec les liquides dont j’ai parlé, ou seulement avec de l’eau tiede, & de les détacher ensuite l’une après l’autre avec la pointe d’un bon grattoir ; ce qui demande autant de patience que de légéreté de main. Si cependant les chiures de mouches se trouvent sur un vernis bien épais, elles s’enlevent en même temps que ce vernis.

On se sert aussi du gratoir pour toutes les taches de matieres trop mordantes que les liquides indiqués ne peuvent emporter sans altérer l’ouvrage : mais on conçoit avec quelle adresse & quelle attention il faut user de cet instrument.


Recette pour garantir les tableaux des ordures de mouches. Faites tremper une botte de poreaux dans un demi-seau d’eau, & lavez-en le tableau. Ce lavage le préservera des dégats qu’y causent ces insectes. Je trouve ce secret dans lesElémens de peinture pratique. Si, comme on l’assure, il est éprouvé, on ne peut nier qu’il ne soit fort important. Il est aisé d’en faire l’essai sur un morceau de peu de valeur.

TAFFETAS. (subst. masc.) Quand on veut peindre à l’huile sur le taffetas, il faut le préparer avec une gomme dont voici la composition. Prenez gros comme une féve de colle de poisson ; coupez-la par petits morceaux, & faites-la tremper pendant douze heures dans un verre d’eau. Ensuite faites-la fondre sur le feu jusqu’au premier bouillon, puis coulez-la & la laissez refroidir. Quand vous voudrez vous en servir, vous la ferez chauffer, & ayant bien étendu votre taffetas, vous l’y appliquerez bien chaude avec une éponge le plus également qu’il vous sera possible. Le taffetas étant sec, vous pouvez y coucher vos couleurs, sans craindre qu’elles ne s’imbibent dans le tissu de l’étoffe, ou qu’elles ne s’étendent plus qu’il ne faut.

TAILLE. (subst. fém.) C’est le nom qu’on donne, en gravure, à ce qu’on appelle hachure dans la peinture & dans le dessin. Voyez l’article GRAVURE.

TAMPON. (subst. masc.) Les graveurs sur


cuivre appellent ainsi une bande de drap, de feutre ou de lisiere, dont on forme un rouleau de deux pouces à-peu-près de diametre. On imbibe d’huile un des bouts de ce rouleau pour nétoyer le cuivre. Quand on a dessein de voir l’effet des tailles, on frotte d’abord le tampon sur l’huile de la pierre à l’huile, on le passe ensuite sur l’ouvrage ; le noir dont l’huile est mêlée, pénétre dans les tailles, qui se détachent alors en brun sur le brillant du cuivre. L’expérience apprend que cet effet est flatteur, & qu’il ne faut pas toujours en attendre un aussi agréable aux épreuves.

TAPETTE. (subst. fém.) C’est un morceau de taffetas dans lequel on renferme du coton sans le fouler, ensorte qu’on forme une sorte de boule assez molle. L’usage de la tapette est de taper sur le vernis encore chaud & fluide, pour l’étendre également sur la surface du cuivre.

TAS. (subst. masc.) Les graveurs donnent ce nom à une petite enclume armée d’acier trempé dur. Elle leur sert, quand ils ont effacé quelque partie de leur ouvrage, & que cette partie effacée fait sur le cuivre un enfoncement qu’atteindroit avec peine la main de l’imprimeur, à repousser le cuivre du côté opposé au travail. Le tas, dans sa partie inférieure, entre & s’engage par une pointe ou queue, dans un billot qui lui sert de base. Voyez les articles Gravure & Repousser.

TERRE. (subst. fém.) Sur la maniere de laver & d’épurer les terres colorées dont on fait usage dans la peinture, voyez à l’article Blanc, la maniere de purifier le blanc d’Espagne : voyez aussi l’article Ochre, dans lequel on donne le moyen de l’épurer encore plus parfaitement.

TERRE de Cologne. Elle est très-bitumineuse, d’un brun noirâtre, grasse au toucher, ne s’imbibant d’eau que difficilement, & répandant une odeur fétide. Elle s’affoiblit employée à l’huile, inconvénient qu’elle perdroit, si on la purifioit par le feu. Il faut la calciner longtemps sur la braise dans une cuiller de fer ou dans un creuset. Quand on l’aura tirée du feu toute rouge, on la portera dans un lieu bien aëré, pour l’y laisser bruler jusqu’à ce qu’elle s’éteigne d’elle-même. Alors on la fera porphyriser long-temps avec de l’eau claire, puis on la jettera sur le philtre pour l’arroser abondamment : elle donnera une couleur d’un brun foncé & olivâtre.

TERRE d’Italie. C’est une terre martiale à-peu-près de la même couleur que l’ochre de rut. Lorsqu’on la calcine, elle passe au rouge. A un feu très-violent, dans des vaisseaux fermés, elle devient noire, & est alors attirable par l’aiman.