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alors on retire promptement du four tout le plâtre par le moyen du rable. Si dans la cassure on remarquoit beaucoup de brillants, ou qu’on n’en remarquât point du tout, ce seroit une preuve, dans le premier cas, que la pierre ne seroit point assez calcinée ; dans le second cas qu’elle le seroit trop.

Quoique le plâtre devienne très-dur lorsqu’il en calciné à son point, la surface s’en trouve cependant remplie d’une infinité de pores, & les grains sont trop faciles à s’en détacher pour qu’il puisse prendre le poli comme le marbre. C’est pour remédier à cet inconvenient, que l’on prend le parti de détremper le plâtre avec de l’eau dans laquelle on fait dissoudre de la colle, qui remplissant les pores, & attachant les grains les uns aux autres, permet que, pour ainsi-dire, on puisse nier & emporter la moitié de chaque grain, ce qui forme le poli.

Cette colle est ordinairement de la colle de Flandre ; il y en a qui y mêlent de la colle de poisson, & même de la gomme arabique. C’est avec cette eau chaude & collée que l’on détrempe le plâtre ; mais comme le peu de solidité de cette substance, sur-tout lorsqu’elle n’est point appuyée, demande qu’on donne une certaine épaisseur aux ouvrages, on diminue la dépense en faisant le corps de l’ouvrage ou le noyau avec du plâtre ordinaire, & en le couvrant avec la composition de plâtre dont on vient de parler, elle doit avoir une ligne & demie ou deux lignes d’épaisseur.

Lorsque l’ouvrage est suffisamment sec, on travaille à le polir, à-peu-près de la même façon que le véritable marbre. On emploie ordinairement une espèce de pierre qui est assez difficile à trouver. C’est une sorte de cos ou pierre à aiguiser, qui a des grains plus fins que ceux du grès, & qui ne se détachent pas si facilement de la pierre ; la pierre-ponce peut rendre le même service. On frotte l’ouvrage avec la pierre d’une main, & on tient de l’autre une éponge imbibée d’eau, avec laquelle on nettoie continuellement l’endroit que l’on vient de frotter, afin d’ôter à chaque instant par le lavage ce qui a été emporté de la surface : il faut laver l’éponge de temps en temps, & la tenir toujours remplie d’eau fraîche.

On frotte ensuite l’ouvrage avec un tampon de linge, de l’eau, de la craie ou du tripoli. On substitue à cela du charbon de saule, broyé & passé très-fin, ou même des morceaux de charbons entiers, pour mieux atteindre le fond des moulures, en employant toujours l’eau avec l’éponge qui est imbibée. On finit par frotter avec un morceau de chapeau imbibé d’huile & de tripoli en poudre très-fine, & enfin avec le morceau de chapeau imbibé d’huile seule.

Lorsqu’on veut un fond de couleur, il suffit de délayer la couleur dans de l’eau de colle, avant d’employer cette eau à délayer le plâtre.

Il semble qu’on pourroit ajuster les pierres à polir, dont on vient de parler, à des morceaux de bois faits en façon de varlopes ou d’autres outils de Menuisier ; les surfaces de l’ouvrage en seroient mieux dresses, & les moulures plus exactes ; mais il faut se souvenir de laver toujours à mesure que l’on frotte.

Lorsqu’on veut imiter un marbre quelconque, on détrempe avec l’eau collée chaude, dans différens petits pots, les couleurs qui se rencontrent dans ce marbre ; on délaye avec chacune de ces couleurs un peu de plâtre ; on fait de chaque couleur une galette à-peu-près grande comme la main ; on met toutes ces galettes alternativement l’une sur l’autre ; celles dont la couleur est dominante sont en plus grand nombre ou plus épaisses. On tourne sur le côté ces galettes qui étoient arrangées sur le plat ; on les coupe par tranches dans cette situation, & on les étend ensuite promptement sur le noyau de l’ouvrage, où on les applatit. C’est par ce moyen que l’on vient à bout de représenter le dessin bizarre des différentes couleurs dont les marbres sont pénétrés. Si l’on veut imiter les marbres qu’on appelle des brèches, on met dans la composition de ces galettes, lorsqu’on les étend sur le noyau, de morceaux de plâtre de différentes grosseurs, délayés avec la couleur de la brèche ; ces morceaux venant à être applatis, représentent très-bien cette sorte de marbre. Il faut remarquer que, dans toutes ces opérations, l’eau collée doit être un peu chaude, sans quoi le plâtre prendroit trop vîte, & ne donneroit pas le tems de manœuvrer.

Si c’est sur un fond de couleur que l’on veut représenter des objets, comme des forêts, des paysages, des rochers, ou même des vases, des fruits & des fleurs, il faut les dessiner sur du papier, piquer ensuite les contours des figures du dessin, les appliquer sur le fond, après qu’il aura été presque achevé de polir, & les poncer avec une poudre d’une couleur différente du fond, c’est-à-dire, noire si le fond est blanc, & blanche si le fond est noir. On arrête ensuite tous les contours marqués par le poncis, en les traçant plus profondément avec la pointe d’une alêne, dont se servent les Cordonniers ; après quoi, avec plusieurs alênes dont on aura rompu les pointes, pour en former de petits ciseaux, en les aiguisant sur une meule, on enlevera proprement toute la partie du fond qui se trouve renfermée, dans les contours du dessin qui est tracé ; ce qui formera sur le fond des cavités à-peu-près d’une demi-ligne de profondeur.

Lorsque tout ce qui est contenu dans l’intérieur des contours de dessin, sera ainsi champlevé, on aura plusieurs petits pots ou gobelets,


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