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entre les graveurs au burin & à l’eau-forte, & même entre les poëtes. Il mourut à Amsterdam en 1635, âgé de cinquante-un ans.


(103) Cornille Poelenburg, de l’école Hollandoise, né à Utrecht en 1586, fut, dans sa patrie, élève d’Abraham Bloemaert ; mais il se rendit de bonne-heure à Rome, où il s’attacha à la manière d’Adam Elzheimer. Il s’appliqua aussi à l’étude des ouvrages de Raphaël, sans pouvoir jamais parvenir à dessiner correctement. Il se fit enfin un genre qui lui appartient, & se borna à représenter la nature en petit ; quand il vouloit passer à de plus grandes propositions, il n’avoit plus le même succès.

« Sa manière, dit M. Descamps, est suave & légère. La nature est représentée dans tout ce qu’il a peint : tout y est vague & fait de peu de travail. Ses masses sont larges ; il aimoit à retoucher ses ouvrages lorsqu’ils étoient faits. Un travail léger les terminoit il savoit choir des lointains agréables qu’il embellissoit d’édifices situés aux environs de Rome. Il entendoit bien le clair-obscur, & donnoit aux objets qu’il plaçoit sur le devant, Des fonds qui en soutenoient l’harmonie. Les petites figures, qu’il faisoit souvent nues, sont bien coloriées ; il se plaisoit sur tout à peindre des femmes. Sa touche est pleine d’esprit ; mais il lui manquoit dans le dessin la finesse qu’il avoit dans le pinceau. »

Malgré son défaut de pureté, il sut plaire à Rome & Florence, & y vit ses ouvrages recherchés des amateurs & des princes : mais les récompenses qu’ils accordoient à ses-talens ne purent lui faire oublier sa patrie. Il y revint jouir de la réputation qu’il méritont, & de l’estime de Rubens. Ce grand peintre orna son cabinet de tableaux de Poelenburg.

Après avoir parlé de l’hommage que lui rendit le plus grand peintre de la Flandre, il est inutile d’ajouter qu’il fut appellé en Angleterre par le malheureux Charles I. La fortune s’offroit à lui dans ce royaume ; mais il ne tarda pas à venir chercher dans son pays la douce médiocrité que lui procuroient ses travaux. Il ne quitta les pinceaux qu’en cessant de vivre en 1660, âgé de soixante & quatorze ans. Il a gravé à l’eau-forte avec beaucoup de succès : mais les planches se sont perdues, & il est plus difficile de se procurer de ses estampes que de ses tableaux.

(104) Grançois Gessi, de l’école Lombarde, né à Bologne en 1588, d’une famille noble, fut appliqué d’abord à l’étude des lettres, & n’y fit aucun progrès. Placé dans l’école du Guide, il devint bientôt capable d’aider son maître dans ses grands ouvrages, Il acquit un


talent sort estimable ; mais ce talent n’étoit pas à lui, & n’étoit dû qu’à la facilité d’imiter. Si ses ouvrages, avec le mérite qu’ils ont d’ailleurs, avoient un caractère qui fut propre à leur auteur, ils lui procureroient un rang distingué entre les artistes ; mais on reconnoît qu’il s’est traîné servilement sur les traces de son maître & qu’il ne pouvoit faire un pas de lui-même. Ses tableaux sont dans le goût du Guide ; mais il y sont trop ; ce sont plutôt des pastiches, que des conceptions originales. On dit qu’il étoit rarement content de lui-même, & qu’il gâtoit souvent ses tableaux en voulant les changer. Ce n’est point là le caractère du génie sévère qui voit au delà de ce qu’il a fait, & peut se satisfaire qu’en approchant de l’idée qu’il a reçue ; c’est la foiblesse d’un esprit borné, qui cherche des idées & n’en trouve pas, & qui, ne connoissant pas assez le bien & le mal, abandonne aisément l’un pour l’autre. Cependant les bons tableaux du Gessi plaisent par leur grande ressemblance avec ceux du Guide. Il mourut à Bologne en 1620 âgé de trente-deux ans.


(105) Les Breughel, peintres de l’école Flamande. Nous avons choisi l’époque de Jean, le plus célébre des Breughel, pour parler de son père de son frère.

Pierre Breughel, dit le Vieux, ou le Drôle, naquit vers 1510 près de Bréda, dans le village de Breughel, d’où il tira son nom ; on ignore quel étoit celui de sa famille, on dit que son père étoit un paysan. Il voyagea en France & en Italie, fit dans cette dernière contrée & dans les Alpes du Tirol des études des vues les plus pittoresques, dont il enrichit ensuite ses tableaux. Il s’établit d’abord à Anvers & ensuite à Bruxelles.

Il aimoit à se vêtir en villageois & à se mêler aux fêtes champêtres : il les animoit par sa gaité qui lui a fait donner le surnom de Drôle : mais lorsqu’il paroissoit se livrer entierement au plaisir, il étoit occupé de son art, & ses divertissemens étoient des études. Il observoit les vêtemens, les physionomies, les expressions, les attitudes, les actions, les danses, & c’étoient autant de richesses qu’il plaçoit dans ses tableaux. Quoiqu’il ait traité en petit des sujets d’histoire, il représenta plus ordinairement des nôces de village, des danses, des attaques de coches, &c. Il auroit remporté le prix de son art pour ces sujets tirés de la vie commune, s’il n’avoit été dans la suite surpassé par Téniers. « Ses compositions, dit M. Descamps, sont bien entendues, son dessin correct, ses habillemens bien choisis, les têtes, les mains spirituellement toúchées. » Il eut le mérite qui caractérise les écoles de landre & de Hollande ; celui d’offrir des


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