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que poſſedent les Chinois, nous adopterons le tilleul, l’érable, le buis, le poirier, ou quelqu’autre bois que ce ſoit qui offre des qualités à peu-près ſemblables.

Quand le bois eſt poli, on y colle & on y tend avec foin une toile fine, ou plutôt une mouſſeline ; car le grain de nos toiles pourroit nuire au poli du vernis. Sur les grands ouvrages, on étend de la filaſſe. Ce premier ſoin eſt néceſſaire pour contenir le bois, pour empêcher qu’il ne ſe tourmente trop, imbibé à crud par les ap- prêts.

On broyé du blanc d’Eſpagne , on y ajoute de la terre d’ombre pour y donner du corps, & on les détrempe à la colle de gants moyennement forte. Cette colle doit être préférée comme plus douce que les autres. De ces deux ſubſtances ainſi détrempées, on donne cinq ou ſix couches, froi- des en été, tièdes en hiver, car il faut que la colle ſoit toujours tenue liquide. Ces couches ſe poliſſent d’abord avec de la prêle, enſuite avec de la pierre-ponce réduite en poudre impalpable, & du tripoli pilé de même. La pièce ainſi préparée, broyez avec du vernis gras au karabé ou à l’ambre, du noir d’ivoire, & detrempez-le avec le même vernis. La quantité du noir doit être ſuffiſante pour noircir le vernis : quatre onces, de vernis demandent à-peu-près une once de noir. Si le vernis eſt trop épais, on l’éclaircit avec de l'eſſence.

On donne, huit , dix , douze à vingt couches de vernis : les pièces doivent être , s’il eft poffible , féchees au four pour plus de folidiré. Au défaut de four , on a des étuves dont la chaleur douce , en féchant le vernis , lui donne la confiftance & : la dureté néceflaire pour recevoir les m )rdans , les pâtes & les arabefqiies. Si l’on fe fervoit du vernis de gomme-laque , à refpritde vin , on n’auroic bcfoin , pourféchet la pièce , que du foleil , ou même de la chaleur douce d’une chambre. Avec ce vernis, le travail eft plus expéditif ; avec l’autre , il eft plus durable. Quelque foit celui dont on fait ufage , il faut le polir à la prêle , à la ponce en poudre , au tripoli pilé,

A la fuite de tous ces préparatifs , ondeffineou J on calque fur la pièce le dîffin qu’on y veut peindre ou fculpter : car les ouvrages en pare fur ]e laque font des efpéces de fculptures en basreliefs. Le deflîn fe fait avec urre pointe d’un bois trèi-dur, ou , quand on eft bien fur de l’a main , avec une pointe de fer. On applique le mordant ou la pâte fur ce qu’on a rracé.

Nous venons de diftinguer deuxforte :. de travaux fur le laque ; la première eft un deflin dépourvu de clair-obfcur ; la féconde elt un basrelief, qu’on établit en çâte.

Pour la première efpéce de travail , on defTine tout fimplement fur le fond les objets quelconques que l’on y veutreprélenter ;puis on repaffe L A Q

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fur tous ces objets en peignant an pinceau avec un mordant. Quand le mordant eft aux trois quarts fec , on le faupoudre de poudre d’or ou d’argent , au choix de l’artifte , ou de l’amateur à qui l’ouvrage eft deftiné. L’ouvrage fec , on la brunir.

Le mordant n’eft autre chofe que 1» même vernis dont on a déjà fait ulage , & auquel on mêle du vermillon. On a l’atttntion de n’en pas introdurre dans le vernis en afTez grande quantité pour ôter au vernis la qualité graiffeufe qui lui fait happer l’or : il ne fert qu’à teindre le vernis pour faire retrouver la trace des endroits oii on l’applique, & furlefquels on doit jetter l’or. On rend cette mixtion un peu épaiffe, pour qu’elle ait plus de corps.

Il eft des objers que le goût infpire de laiffer plus plats , & pour lefquels on ne met pas de vermillon au vernis. Alors vous employez feulement le vernis comme mordant ; vous l’appliquez fur l’endroit que vous voulez travailler , & que vous avez rracé. Cela donne des formes plates, fur lefquelles vous defiinez une féconde fois avec votre mordant au vermillon, & vous donnez des formes , vous ajoutez des détails , à ce que vous n’avez fait d’abord que couchera plat. Il faut avoir foin , lorlqu’on peint avec ce mordunt , d’avoir un petit vafe rempli d’efl’ence de térébenthine pour laver de temps en temps le pinceau , & faire couler le mordant , qui , fans cela , s’engorgeroit.

Le travail en bas-relief efl plus diîïîcile. Nous n’avons pas les fubftances avec lefquelles les Chinois ik les Japonois compofent les pâtes qui donnent ce relief . nous parvenons au même bue en broyant enfemble du blanc d’Efpagne & de la terre d’ombre avec un vernis gras. On peut fe férvir du vernis à l’ambre, en mettant fur une partie de vernis, deux parties de blanc & deux de terre d’ombre. Quand le tout eft bien écrafé fous la moiette , & bien mélangé, on le détrempe au vernis à l’ambre , en, rendant cette pâte afle ? liquide pour qu’elle puiffe s’employer au pinceau. Quand toutes les préparaiions pour les fonds noirs (ont faites, & que ces fonds font polis & unis, on donne une ou plufieurs couches de la pare , fuivaric le deftin qu’on a ad ’ptè & le relief qu’on veut lui donner. On laiffe fécher la pâte au foleil , ou à la chaleur d’une étuve. Lorfqu’elle eft bien durcie , on unit avec des ’ morceaux de prèle ious les endroits du relief qui pourroient erre raboteux ; on les polit avec la ponce & le tripoli, broyés, comme on l’a dit, en pO’idre impalpable.

On grave enfuire avec un burin fur les reliefs, le :, détails néceflàires , & on polit ce qu’on vient - de graver. On pafTe fur les re.ief, i.ne couche ou deux de verni ;: à l’ambre, ou de vernis à la gomme-’ laque à l’efprit de vin , dans lequel on a mis da I noir d’ivoire.