Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/671

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IMP IMP 661


ce qu’on pratique généralement aujourd’hui dans l’impression des toiles. On unit aussi cette couche à la pierre-ponce. Quelques peintres préférent une impression rouge, d’autres une impression blanche. Mais les toiles, telles qu’on les trouve chez les marchands, sont d’une demi-teinte grise faite au blanc de ceruse & au noir de charbon.

Quoique l’usage constant soit d’imprimer les toiles, on beau observer que les couleurs se conserveroient beaucoup mieux, si elles étoient posées par l’artiste sur la toile nue Il faudroit choisir alors une toile fine & d’un tissu fort ferré.

Ajoutons que les couleurs feroient plus vives sur une impression qui ne seroit qu’en détrempe : elle boiroit l’huile qui ôte aux couleurs une partie de leur éclat. Le Titien & Paul Véronese, persuadés que l’impression à l’huile nuit aux couleurs du tableau, se sont servis de toiles imprimées en blanc à la détrempe. Leurs couleurs à l’huile, placées sur cette impression, ont conservé leur éclat & leur vivacité. L’impression à l’huile perce & se montre toujours, &, comme disent les peintres, elle tue ou fait mourir les couleurs dont on la couvre. Pour remédier à cet inconvénient, on est obligé de repeindre à plusieurs fois une même chose avec la même couleur.

Ce qui a fait préférer les toiles imprimées à l’huile, c’est que celles qui ne sont imprimées que d’une couche de détrempe, sont sujettes à s’écailler, accident qui arrive surtout quand on les roule pour les déplacer.

Il faut observer de ne peindre que sur des impressions bien séches & faites anciennement. Si l’impression est trop fraîche, elle s’imbibera des couleurs qu’elle doit supporter, & produira cet effet terne & désagréable que les peintres nomment embu.

Pour l’impression en détrempe, on couvre la toile bien tendu sur son chassis, d’une couche de blanc d’Espagne, infusé dans l’eau & détrempé avec de la colle de gants, qu’il faut employer chaude. Quand cette couche est séche, on l’unit avec la pierre-ponce, & on donne ensuite une seconde couche, pour laquelle on employe le blanc plus épais & la colle plus forte. On passe encore la pierre-ponce sur cette seconde impression.

L’impression pour la peinture sur bois, se fait en encollant le paneau avec de la colle de gants ou de parchemin bien chaude. Quand la colle est séche, on la racle légérement pour en détruire les inégalités : puis on la couvre d’une couche de blanc d’Espagne détrempé dans la colle de gants, en se servant d’une brosse douce. On multiplie ces couches, en ayant soin de laisser toujours sécher la derniere faite. & de la poncer. Chaque couche doit être passée légérement, & faite promptement, afin qu’elle n’ait pas le temps de détremper la couche inférieure. Quand les couches ont été assez multipliées pour bien boucher les pores du bois, & rendre le panneau très-lisse & très-uni, on les couvre bien également, avec une brosse douce, d’une impression à l’huile, composée, comme nous l’avons dit pour l’impression sur toile, de blanc de céruse & de noir de charbon. On peut donner deux de ces couches à l’huile. Comme les panneaux, ainsi préparés, sont bien plus unis que la toile, ils sont préférables pour les petits ouvrages.

Impression sur cuivre. On donne d’abord au cuivre la même préparation que pour la gravure en taille douce, c’est-à-dire, qu’on le plane bien également, & qu’on en rend la surface encore plus lisse & plus égale qu’elle ne le seroit par le planage, en le frottant d’une pierre-ponce. Mais on n’y passe pas, comme pour la gravure, le charbon de bois blanc ni le brunissoir, car il ne recevroit pas la couleur. Ensuite on l’imprime de couleur à l’huile, de la même maniere qu’on met la derniere couche d’impression sur la toile ou sur le panneau. On met deux ou trois de ces couches, en laissant toujours bien sécher la derniere, avant d’y en ajouter une nouvelle. Comme ces couches seroient trop lisses, & par conséquent trop glissantes, on bat l’impression encore fraîche avec la paume de la main, pour y former un grain capable de happer la couleur. On peut aussi donner ce grain en se servant d’un tampon de taffetas rempli de coton, & en frappant également avec ce tampon toute la surface de l’impression.

On peut aussi ne donner aucune autre préparation au cuivre que de le frotter d’ail : par ce moyen, il recevra & retiendra la couleur. Le cuivre donnera, de cette maniere, plus d’éclat à la peinture, que si on l’avoit imprimé.

Si l’on veut peindre à l’huile sur du verre, il faut aussi le frotter d’ail.

Impression sur les murailles. Quand la muraille est bien unie & bien séche, on y donne deux ou trois couches d’huile de lin bouillante, & cela jusqu’à ce que l’enduit n’emboive plus. Ensuite on l’imprime de couleurs siccatives. On prend, pour cet usage, du blanc de céruse, de l’ochre rouge, ou d’autres sortes de terres qu’on broye un peu ferme, & qu’on détrempe avec de l’huile de lin. Lorsque cette impression est entierement séche, on peut commencer le travail de la peinture, en mêlant un peu de vernis avec les couleurs, afin de n’être pas obligé de les vernir ensuite.

Il est une autre maniere d’enduire les murailles, qui est moins sujette à s’enlever par écailles. On fait un enduit composé de chaux &