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nîatTes les moins brunes , où l’on âi ;ra gravé en creiix les rehauts, une pour lei maffss plus brunes , £s : une pour le trait ou les contours & coups de force des figures , chacune p’ayant rien de ce qu’on aura gravé iur Lne autre, on aura une machine de bois de chêne ou de neyer, <3e j’epaiffeur des planches g’avées , & à peu de choie près de la largeur des preffes en tailledouce.

Cette machine fera compofée de trois pièces jointes cnlemble par des tenons à mortaile ; l’une formée en talus, pour pouvoir être glilTce facijemenc entre les rouleaux de la preii’e fur la table, & : ayant de chaque côc une petite bande de fer , iixée avec des vis Iur fon cpaiffeur & fur 1 épaifl’eur dps deux autres. On mettra dans le vuide , fur l’efpace de la preffe , des ’ langes de drap, plus ou moins, feion l’exigence , pour que a.gra.u £ vienne bien. 11 faudra que le papier foie mouille à propos. On en prendra une teuille , qu’on’ inférera en équerre, ielon la mai-ge qu on y voiid-a la.ffer , fous la pièce en talus & : ibus l’une dïs doux autres, par deflus les langes. On encrera de la couieur qu’on voudra la première flancha ou rentrée , c’eil-àdire la plus ciai/e, avec des ba.les lèmblables à celles des taiiéurs de papiers de tar/uTcrie. On pofera adroiiemen^ cette planche du côté de ia gravure , fur la leuille de papier qu’on a étendue fur les langes, & un peu eng.gGe fous la pièce en ta^us & : Tune des deux autres. On obfervçra de l’approcher bien julte de l’angle ou équerre de ces pièces. Cela fait, onpoléra fur la planche quelques langes, maculatures_, ou autres chofes moll’.ttes , atin que tournant le moulinet, & faifant paffer le tout entre les rualeaiix, la couleur qui eit fur la gravure s’attache bien au papier. Cette teinte faite fur autant de feuilles «jue l’on voudra d’eftampes, on paO.era avec les mêmes précautions "à la féconde teinte, & ainfi de fuite. S’il y a plus de trois teintes , on commencera toujours par la plus claire , on paffera aux brunes , qu’on tirera fucceflivement en pafl’ant ds la mom ;. brune à celle qui l’eft plus, & l’on finira par Is trait ou par la planche des contours, ce qui achèvera i’eflampe en camayeu DU clair- obfcur.

C’eft ainfi, dit M. Papillon , qu’ont été imprimés les beaux camayeux que MM- de Cayhis & Crozat ont fait exécuter. C’eft ainfi qu’on eft parvenu à ne point confondre les rentrées, & c’eft de ce dernier foin que dépend toute la beauté de ce genre d’ouvrage.

Quant aux couleurs qu’on emploiera , elles font arbitraires : on les prendra à l’huile ou à la détrempe. Le biftre ou fuie de cheminée & l’indigo font les plus ufitées ; l’encre de la Chine fêta fort bien ; il en eft de même de la îerre d’ombre bien broyée, &g.

M. de Montdorge obferve avec raifon , dans i Beaux-Ans. Jonie II,

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le mémoire qu’il nous n communiqué là - ceûus, qu’il y a grande apparence que les efrets de ce genre de ^’<i ;’z.’re, combinés avec les efrers de a. gravure en manié e noire, ont fait naître les premières idées d’imprimer en trois couleurs, à l’imitation de la peinture.

( Cet article de l’ancienne Encyclopédie a été rédigé par M. Diderot, d’après l'ouvrage d’Abraham Bosse, celui de Félibien, & les lumières de M. de Montdorge & de M. Papillon.)

Gravure en pierres fines. Le graveur, après avoir modelé en cire les figures qu'il veut graver, & avoir épuré ce modèle autant qu’il en eſt capable, fait choix d’une pierre fine qui ait été taillée par le lapidaire dans la ferme dont on eſt convenu avec lui, & il ſe diſpoſe à l’ouvrage. Il ſe place vis-à-vis d’une fenêtre, dans un jour avantageux. La meilleure expoſition eſt celle du nord ; le jour qui vient de ce côté eſt plus doux & plus égal que celui du midi : on n’y a pas à ſe garantir des rayons du ſoleil qui incommodent beaucoup en travaillant qui fatiguent & altèrent la vue. La taille de l’artiſte détermine la hauteur du ſiège ſur lequel il eſt aſſis, mais il eſt néceſſaire que le deſſus en ſoit un peu incliné en devant, afin que le graveur foit moins contraint, & qu’il ſe puiſſe mieux porter ſur ſon ouvrage. Ce qui a donne la hauteur du ſiége , réglera pareillement la hauteur de la table ſur laquelle l’artiſte doit opérer. On ne riſque rien néanmoins à la tenir élevée de terre de deux pieds huit pouces ; & comme elle ne peut être ni trop ferme, ni trop ſtable, elle ſera montée ſur un pied compoſé de pieds droits & de traverſes ſolidement aſſemblés. Pour plus de propreté, & pour la commodité même, le deſſus de cette table pourra être recouvert d’une peau de maroquin noir rembourée ; & au pourtour, à l’exception de la place qu’occupe l’artiſte , il s’élèvera un rebord qui, comme un petit parapet, ſervira à retenir les outils & les autres inſtrumens rangés fur la table, & les empêchera de tomber à terre. Le deſſus de la table pourra auſſi être échancré par-devant ; le graveur s’en approchera avec plus d’aiſance , & il aura, à droite & à gauche, deux accoudoirs commodes pour repoſer ſes bras.

Sous la table dont je viens de parler, & vers le milieu, eſt une roue de bois , de dix-huit pouces de diamètre , qui ne doit point être d’un feul morceau , mais de plufteurs pièces affemblées en façon de parquet ; fans quoi le bois pourroit fe tourmenter, & la roue cefieroit ds tourner régulièrement, ce qui eft d’une grande importance.’ Elle eft pofée verticalement , & traverfée par un aiflieu de fer dont les deux extrémités fe terminent par deux petits pivots qui tournent dans des crapaudines de cuivre.