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d’habileté , on fera dans ce genre des cfciuiiïes pleines de goût, mais on ne parviendra peut-être pas à taire des ouvrages très-finis, dans lefquels il faut qi ;c les d ;fterencEi- teintes s’uniffent par des nuances imperceptibles , & le perdent les unes dans les autres.

Mais nn grave au lavis avec des outils, & l’on peut, danscetteraanière, fondre les teintes, les unir, les renfoncer , reprendre les travaux ébauche’s, les careffer , les peindre, en diminuer, en augmenter la vigueur.’

Le cuivre étant préparé comme pour la gravure au burin, on y porte le trait de lamên ;e manière ; c’efl’-à-dire qu’on le calque fur le vernis, & qu’on le trace à la pointe affez profondément pour qu*on puiffe l’appcrcevoir quand le Ci. ivre fera découvert , aflez légèrement pour qu’il ne (ubfifle pas quand les travaux feront établis. On enlevé enfuite le vernis , & l’on travaille avec des outils de différentes fortes , mais qui tous tiennent de la roulette. Les uns fe nomment outils fixes parce qu’ils ne roulent pas fur un pivot , mais qu’on les tourne par un mouvement des doig’s : les a-utrcs fous des roulettes mobiles. On a des outils fixes à un feul rang de grainure ; on en a qui font compofes de deux , trois rangs & davantage. La grainure diffère de groffeur , depuis des grains prefqu’imperceptibles à la vue , & : qu’on ne reconnoîl diftinftement qu’à la loupe, jufqu’à des grains jui font fur le cuivre des points gros & ; proonds. On fe fert pour établir le trait d’outils fixes à un feul rang de grains : on établit les maffes avec des outils roulans ou fixes qui en ont des rangs multipliés. Les teintes les plus légères fe font avec des outils à très-petits grains qui impriment dans le cuivre des trous imperceptibles, mais qui multipliés & extrêmement rapprochés les uns des autres, établiffent une teinte unie comme on pourroit le fiire au pinceau. Pour les teintes plus vigoureufes , on prend des outils dont le grain foit plus nourri & perce le cuivre plus profondément. On ébarbe les points , comme on ébarbe les tailles dans la gravure au burin. On doit com.mencer par les teintes vigoureufes, car fi l’on cdmmençojt par les teintes légères, on les uferoit dans la iuite des travaux. Les perfonnes qui ont quelique pratique du burin, accompagnent au befoin de points au burin , ceux qu’elles ont é ;ablis avec d’autres outils. Une maffe, dans laquelle îî s’annonce des points un peu plus marqués «j’ue ceux qui la forment , fans que cependant ils faiTt-nt tache, ou puiffent être remarqués, imite aifez bien le graine prefqu’infenfible de l’encre de la Chine, ou du biftre qui ne font autre chofe que des poudres impalpables & colorées , déla3’ées dans un liquide. Le procède de la gravure au lavis par le moyen des outils eil : bien plus lent que celui de M. le l

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Prince ; mais les planches gravées de cette ma-" nière fournilTïn : un bien plus grand nombre àa bonnes épreuves.

Des artiftes font parvenus à imitera- peu-près la lavis-par une manœuvre bien plus lente encore. Il» n’employent que la pointe du burin ; ils choififfent deï burins recourbés en manière de fabres. Les points qu’ils tracent l’a contrarient entr’eux par le fens dans lequel ils font pris. Après avoir fait une fuite de points de droite à gauche de la planche , ils la retournent pour en faire une autre fuite de gauche à droite ; ils établiffent de mêra.R des fuites de points de haut en bas, de bas en haut, d’angle en angle. Il exifte de petits bas-reliefs gravés ds cette manière avec goût. Cesfortes de travaux font tiès-folides ; mais ce procédé feroit bien lent , & , je crois, infufEfant pour de grands ouvrages. Gravure à la manière de la peinture à goua-[iie, ou des deJpMS à l’aquarelle. Il faut gra- , ver les planches de l’une dei manières que nous avons indiquées pour l’imitation du lavis. On grave autant de planches que l’on doit employer de couleurs différentes, & l’on fuit pour cela, de même que pour l’imprcffion, le j.rocédé inventé par le Blon , & : dent bols avo.ns rendu, compte.

Gkavcre en bois. Cette gravure eft fort ancienne à la Chine & aux Indes , où. l’on a fabriqijé des toiles peintes ( on devroit dire imprimées ) depuii. un temps immémorial ^eile p..roît avoir donné na-ffance à l’art d’imprimer. Les Chinois ont d’abord gravé leurs caradères fur des morceaux de bois qu’ils enduifoient d’encre,, & qu’ails appliquoicnt enfuite fur le tatin & d’autres étoffes minces & légères, (i) Nous avions des tablettes gravées en creux , que nous remplifiions de cire pour en avoir le relief, lorfqiie Laurent Cofter imprima l’écriture avec des planches de bois ; Cofter inventa et art e» 1410. Mental parut en 1440 ; Guttenberg & fes affociés en 1450 ; & ;la gravure tant en bois ^i^en cuivre étoit connue en £460 II y ades perfor.neS’ qui prétendent même qu’André M.Tano gravoic en cuivre en 1412 , & Lupracht Rult dès 1450 •, mais il efl : certain que Martin Schon , de Col-’ mar , l’un des in-û ;res d’Albert Durer, exerça cet art en 1460 , oi. a-i plus tard en 147O’ Les Graveurs en bois ont été appelles ancien. ( I ■) Des branches de la race da peuple Tangontp peitt-être aujeiud’hui enùérenient éteintes, & qui ont habité la Sibérie, ont dû graver des. caradtercs en bois ’ on a trouvé de leiiis planchesquel’on voyoir qulavoient été encrces, & par conféquent imprimées. J en ai va en Ruille , 5 ;; l’on peut en voir une à Paris à la Bibliothèque du Roi , au dépôt des livres imprimés. {JSQUm Rédaâeur. } .