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fierté de deffin : comme elle ne s’exécute que fur un enduit frais qui fe sèche promptement, elle demande une grande habileté & une grande fureté d’exécution : enfin comme elle eil : fouvent deftinée à décorer des voûtes qui Ce voyent de bas en haut, elle exige encore plus impérieulément que les autres manières de peindre, une connoiîTance très- étendue de la perfpective. Ajoutons qu’elle’ demande encore une rare intelligence de la couleur & de l’effet, jparce qu’ofl ne peut pas à frefgue , comme à l’huile, mêler les teintes ; les empâter^ mettre couleur lur couleur, & donner après^ coup ■une grande vigueur à un ouvrage qui d’abord Ti’annonçoit qu’un effet grisâtre & monotone, Difons aulïï que les ouvrages a /.e/que , par ■ ïeur. vafic étendue , & par leur éloignement ■de l’œil , paroîtroient troids , mefquins IL fans vie , fl l’auteur ne s’y pcrm»ttoit pas une favante cxagéiaticn dans -les formes & dans les effets ; exagération bien difficile aménager & à contenir dans les tempéramen ; nécefTaires, puiftju’il faut qu’elle s’ccarre du v ;ai , comme toute exagération , & que cependant elle paroifTe fe tenir renfermée dans les bornes ^u vi’ai , puirqu’elle doit aggrandir les forme ?, quelquefois jufju’au giganteique , & relpeûer en même temps les charmes les plus délicats de la beauté ; puisqu’elle doit étonner le i’fcctateur qui veut réfléchir fur la difficulté vaincue , fans ceffer de plaire à celui qui ne veut tjue jouir, l’elles font les conditions que doit fe propofer l’artifle chargé d’un grand ouvrage èfrefque, quoique jamais peut-être elles n’aient été complettement remplies.

Le premier foin de Tartifte, après avoir conçu fa machine , eft de bien examiner l’endroit liir Sequel il doit opérer, de s’affurer de la benne tonftruftion de la muraille ou de la voûte, puifque la durée de fon ouvrage n’eft affurée que par celle du fujet qui doit le recevoir. Un foible dommage furveru dans un mur ordinaire îi’exige qu’une foible réparation ; mais lorfquc cette muraille efi couverte de peinture , le plus ïoibîe doaimage entraîne finon la deftruflion de l’ouvrage entier , au moins une dégradation qui le détériorera pour toujours. La furface d’aichitefture qui eft deflinée à recevoir un ouvrage a frefgue exige une prejnière orération que l’on nomme crépiffage , c’eft-à dire qu’elle doit être couverte d’un premier enduit qui n’e/l point encore celui qui recevra la peinture. Cet enduit fe compofe ordinairement de bonne chaux & de fable de rivière : on pourroit au lieu de fable , employer de la tuile pilée. Si le mur eft de brique, il faifira de lui-même cet enduit & le refiendra fortement. 11 happera encore bien l’enduit , s’il eft conftruitde ces pierres poreufes, raboteufes &femées de trous, telles que nos pierres meu-F R E

lieres. Maïs s’il eft fait de pîe’rres de taille bien liffes, il faudra y faire des trous, y ménager des inégalités , des rugofités dans tous les fens , imiter enfin ces fu-faces vermiculées que la nature elle-même donne à certaines pierres.

L’artifte foigneux de fa fanté ne commencera pas fon travail que ce premier enduit ne foie bien fec, fur-tout s’il a été appliqué dans un lieu fermé, ou abrité contre le palTage des vents. Il en fort une humidité dangeeufe, & la chaux exhale une odeur fétide qui eft capable d’attaquer la poitrine & le cerveau. Il eil auffi de la prudence du peintre de bien examiner l’éc.hsfaud qu’il a fait conftruire. Souvent le maçcn négligent aime mieux rifquer fa vie que de piendte tous les foins qui doîventafTarerla folidité d’un échafaudage ; l’artifte n’eft pas obligé de partager fa témérité. Il faut que le crépiffage foit aflez rude , atTez raboteux pour foutenlr , par tous les points de its rugofités, l’enduit qui fervira de fo.^d à la peinture. Tous les grains de fable qui en excéderont la furface , qui en détruiront l’égalhé , feront autant de clous qui tiendront fortement cet enduit.

On la prépare à le recevoir en l’imbibant d’eau proportionnée à la féchereffe qu’il a contraélée : cette humeftation lui donne ce qu’on appelle de rameur-, c’eft-à-dire qu’il lui ôte l’aridité qui fe refuferoit à recevoir les couches dont il doit être couvert.

L’enduit eft moins greffier que le crépiflage. Il eft fait de fable de rivière , & de chaux éteinte depuis un an , ou au moins depuis fix mois. L’expérience a prouvé que les enduits faits de cette chaux ne fe gercent pas. Le fable doit être purifié, & le grain doit n’en être que d’une médiocre groffpur. En Italie, Se particulièrement à Rome , on fe fert de pouzzolane au lieu de fable de rivière : & comme le grain en eft fort inégal , c’eft avec beaucoup de peine qu’on parvient à le polir à la truelle. LJne autre difficulté eft celle de reboucher les fentes & les crevafles qui s’y font au bout de quelque» heures ; elle eft d’autant plus gr.inde que cet enduit doit avoir fort peu d’épaiffeur. On eft obligé de choifir pour cette opération un maçon habile, & 11 eft bon que l’artifte le furveille lui-même. 11 ne lui fait enduira que la place qu’il eft capable de peindre en une journée , condition abfolument néceffaire, puifque la peinture doit être appliquée fur un enduit 1 frais. Il faut donc que le mjçon travaille avec affez de pro.Tiptitude, pour ne pas prendre trop de temps à l’artifte. Si cependant iî faut attendre que l’enduit ait acquis aflez de ionfiftance pour ne pas s’enfoncer fous le doigt ; il faut ôter avec l’ante d’un pinceau, ou à la truelle, ou autrement , les petits grains de fable qui