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les plus blanches jauniffent facilement, oti fera toujours mieux de s’en tenir au blanc d’œuf. On peut commencer un tableau à Vencaujlique & le terminer à la cire. C’eft de cette manière que M. Vien a fini fon bufle de Minerve. On eft maître de peindre les parties d’un tableau à des temps différens, fans que les jondlions des couleurs nouvellement appliquées , puiffent être diftinguées des anciennes ; avantage que n’a pas la peinture à l’huile. Le comte de Caylus penfoit que la peinture à la cire cjnviendroit mieux que celle à l’htiile pour reflaurer de vieux tableaux. S il ne fe trompoit pas , cette utilité feule rendroit fon invention précieule. Il avertit que les ébauches de la peinture à la cire ont quelque chofe qui pourroic piévenir contre elle , parce que les couleurs ne paroiffent pas couvrir autant que celles à l’huile ; mais que cet inconvénient cefle quand on termine l’ouyrage,

» Nous n’avons rien fait , dit-il en terminant » fon mémoire, qui n’ait été mis en épreuve par » d’habiles arrives ; nous nous fommes corrigés » d’après leurs réflexions ; nous avons enfin parlé » de perfeflionner ces deux genres de peinture >3 autant qu’il a été en notre pouvoir : nous ferons trop récompenfés de nos travaux , s’ils w peuvent être de quelque utilité ». Malgré l’abandon oià efl tombée fa découverte , nous ne pouvons nous perfuader qu’elle foit inutile. Elle renaîtra peut-être un jour avec gloire & perfectionnée. Nous ne ferions pas étonnés que cette réfurreflion fût opérée par les Anglois plutôt que par nos concitoyens. Ce ne feroit pas la première fois que nos induftrieux voifins nous feroient connoître l’avantage de ce que nous aurions d’abord négligé.

La découverte de Yencau/llque fit beaucoup de bruit dans la nouveauté. M. Bachelier prétendit l’avoir faite indépendamment de M. de Caylus , & même avant cet amateur ; cette afTertion fut loin d’être prouvée ; & d’ailleurs , la première invention qu’on peut accorder à M. Bachelier, &qui elle-même parolt être poftérieure à celle du comte de Caylus, n’eft pas celle d’une tncaujtlque , mais d’une peinture à la cire. Voyez l’article encaujlique car M. Watelet , dans le Diclionnaire de la théorie des Beaux- Arts , dont celui-ci n’eft qu’une fuite relative à la pratique des mêmes arts.

Comme dan s toutes les queflions aux quelles le public prend quelque intérêt, il feforma un efpric de parti. M. V/atelet lui mâme , qui embraffa le parti le plus jufte , ne fe montra pas tout-à-fait exempt de pafTion dans l’article auquel nous ve-

.Ilons de reroyer. Il y a traité avec trop peu d’égards

M. Bachelier, artille eftimable , qui fe dirtingua d’abord dans le genre de la peinture des fleurs, qui é ;on- :i enlhite le public par le wre talent avec lequel il peignit les animaux , & E N C

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qui peu d’années après , s’éleva jufqu’au génie de l’hiftoire, & mérita que l’Académie Royale le plaçât dans la claffe de les profeffeurs. Il auroit peut-être encore mieux affuré fa gloire pour la poftérité , fi , continuant de peindre des animaux, il avoir préféré l’honneur d’être, en ce genre , le premier artifle de fon fiecle , à celui de difputer une palme palTagère à une foule de rivaux fiers d’être cités quelque temps dans la première clafle de la peinture : car on ne peut le diflirauler ; de tous ces peintres d’hiftoire qui foutiennent la continuicé du corps académique, & qui méritent plus ou moins l’eftime de Lniri contemporains, il ne reftera pour l’avenir que le nom de ceux que la nature a marqués du fceau du génie

Dans le temps où le public fe partageoit entre M. Bachelier & le comte de Caylus, l’auteur de l’article Encaujlique dans l’ancienne Encyclopédie , M. Monnoye , montra fa partialité contre le comte de Caylus en faveur de M. Bachelier. Pour dégrader l’invention du premier, il tâcha de prouver que Vencauftiqus qu’il avoit trouvée n’éroit pas celle des anciens -, & nous penfons , comme lui , que ce n’étoit pas du moins celle des anciens peintres Je tableaux : mais l’invention de M. Bachelier ne fe rapproche pas davantage du procédé des peintres de la Grèce.

Dans l’intention d’établir fes preuves , il détaille les conditions que doit avoir Vencauftique pour être reconnue la même que celle des anciens : mais il confond les diffcrens genres d’«2i ;<2KyZz^ue qu’ils pratiquoient, &ne diftingue pas la peinture des tableaux de celle desvaiffeaux & de celle de bâtimens , que nous appelions peinture d’impreflion , peinture à la groffe broffe , peinturage, barbouillage. Ce n’ert pas avec des notions auffi confufes que l’on peut éclaircir une queftion.

Il établit, 1.° que les anciens peignoient avec des cires colorées, qu’elles étoient peat -être mêlées d’un peu d’huile pour les rendre plus fouples, & qu’ils les confervoient dans des boëtes à compartimens.

Puifqu’il efl : incertain que les anciens mêlaffent de l’huile à leur cire, il ne falloir pas comprendre l’huile dans les ingrédiens de l’ancienne encaujlique , 8c le comte de Caylus s’eft bien gardé de la faire entrer dans la fienne. Dans fa première manière , il a compofé les cires de façon qu’elles peuvent fe conferver dans des boëtes à compartimens : dans fa première & dans fa féconde manières , il fait ufage d-o cires colorées.

.° M. Monnoîe dit que les anciens faifbient fondre ces cires, &les eraployoient au piaceau, C’eft ce que penfoit aufli le comte de Cayius, & c’eft ce que Pline ne permet pas d’acîmectra pour la peinture des tableaux : il dit, comitia