Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/549

Cette page n’a pas encore été corrigée

E N C

Voient dir pinceau , cherchoit à rendre la cire propre à cet ufage. Conjointement avec M. Majaulr, favant mcdecin & habile chyniifte , il fepropofa de faire ufage de diffolvans qui , par leur analogie avec la cire , fuflent capables de la pénétrer & de la réduire en un état où elle pût être étendue avec le pinceau. Entre ces diffolvans, s’ofFroient les huiles effentielles, & lurtout 1 effence de térébenthine , que la mtidiocrité de fon prix mettoità la portée de tous les artiftes ; mais ce n’eût pas été une grande découverte que oel !e de diffoudre la cire dans les huiles effentielles, puifque cette voie de diffolution eft connue de tous ceux qui ont les plus foibles connoiffances en chyraie. D’ailleurs , il neparolffoit pas que ce procédé eût rien de commun avec celui des anciens , puifque Pline ne dit pas un mot des huiles effentielles, & l’objet qu’on fe propofoit étoit de faire revivre la véritable encaujiique des Grecs. Pline ne parle que de cire , de couleurs , de feu & de pinceaux ( car le comte ’deCaylus veut toujours voir des pinceaux dans Pline ) & il eft vraifemblable qu’il n’eût pas gardé le filence fur les huiles effentielles , fi elles euffent entré dans la préparation des couleurs. Il fallut donc abandonner ce premier projet, & chercher des procédés plus conformes à 4’expofé de Pline.

Toujours dans l’intention d’imiter les Grecs , M. le comte de Caylus & M. Majaulc imaginèrent de mêler les couleurs avec de la cire , de mettre toutes ces cires colorées en fufion dans ides godets , de les appliquer promp’.ement avec tin pinceau fur le corps defliné à être peint , de les tenir dans un état de demi fufion parle moyen d’un réchaut de doreur , & de donner ainfi à l’artifte le temps de fondre fes teintes. D’abord, ce procédé leur parut aufli facile que {impie j mais ’avec un peu plus de réflexion , ils fentirent qu’il neferoitpas aufli aifé qu’ils l’avoient cru d’abord , d’obtenir un feu qui, fans bruier les couleurs , pût les maintenir , furrout pour les ouvrages de longue haleine , dans l’état de fufion néceffaire aux opératitins du peintre, & à la perfeâion de la peinture. Ils pcnferent alors à l’eau bouillante. Illeur parut que, par l’égalité de fa chaleur, elle feroit d’un ufage plus facile : ils penferent même que , par fon moyen , on pourroit broyer les couleurs avec la cire, que ces couleurs broyées pourroient êire tenues en fufion dans des godets & fur une palette , & qu’il feroit encore poflîble de chauffer avec l’eau bouillante le corps fur lequel on voudroit peindre. Il falloit trouver aufli le moyen d’échauffer la pierre à broyer par l’eau bouillante ; nos inventeursy parvinrent aifément. Ils firent conflruire une efpéce de coffre de fer blanc très-fort , de feize pouces quarrés , fur deux & demi de hauteur , parfaitement foudé partout , Se n’ayant pour ouverture qu’un goulot d’un pouce de dia-E N C

S3S>

mètre à chacun des angles. Ce goulot s’éleroit de deux pouces au-deffus de la furface. Ils firent appliquera cette furface, par le moyen de huit tenons de fer blanc , une glace de l’epaiffeur ordinaire , non polie , & feulement adoucie, afin qu’elle eût affez de grain pour être capable de broyer les couleurs ; car elles ne feroient quegliffer , fans fe broyer, fur une glace poile. Ils remplirent ce coffre d’eau , & le mirent fur la feu ; la cire mêlée de couleurs dont la glace étoit chargée , fe fondit icrfque l’eau fut bouillante, & ils purent la broyer commodément avec une molette de marbre qu’ils eurent la précaution de chauffer. L’opération achevée , ils enlevèrent le mélange encore liquide avec un couteau d’ivoire , & le mirent refroidir fiir une afïïette de fayence. Toutes les couleurs furent préparées de la même manière, qui eut tout le fuccès qu’on avoir defiré.

Pour mettre ces mêmes couleurs en état d’ê :re employées, ils commandèrent un autre coffret aufli de fer blanc , long d’un pied fur huit pouces de large , &. épais de deux pouces & demi. On y pratiqua , comme à la machine à broyer , ua gouleau pour l’mtrodudion de l’eau. La plaque fupérieure du coffret fut percée de dix-huit trous arrondis, & de quinze lignes de diamètre chacun. Ces trous écoient deftinés à recevoir autant de godets de fer blanc du même diamètre que les trous & d’un pouce de profondeur. Les godet» furent foudés à la plaque, & plongeoient entièrement dans l’eau. On crut devoir mettre dans ces godets , d’autres godets de cryflal de ? tinés à recevoir les cires colorées , de peur que les teintes n’en fuffent altérées par l’étain qui recouvre le fer blanc. Elles furent mifes en fufion par l’aflion de l’eau bouillante , comme elles Tavoient été fur la glace qui fervoit de pierre à broyer.

Pour palette, on conflruifit un autre coffret plus petit, couvert, ainfr que la machine à Ijroyer, d’une glacé feulement adoucie & non polie , & on le remplit d’eau bouillante. On s’étoit bien procuré le moyen de tenir les cires colorées dans un état de fufion fuffifante pour qu’elles puffent fe prendre au pinceau j mais il reftoit un obftacle à vaincre : c’efl que le panneau fur lequel on de ’oit peindre étant froid , les couleurs dévoient s’y figer aulîi-tôt qu’elles y feroient appliquées. Il falloit imaginer un moyen de tenir le panneau affez chaud pour que les couleurs reftaffent dans un état de fafion qui permît à l’artifle de les coucher, de les fondre , de les noyct à fon gré. On fit donc conflruire une quatrième machine qui avoit la forme de celle à broyer les couleurs. La furface deftinée à recevoir le panneau étoic une plaque de cuivre d’une ligne d’épaiffeur. Aux deux bords étoit une couliffe qui devoir I affujetîir le panneau : le refle de la machine y y y ij