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YEUX. Les yeux, dans les draperies, sont les points où se cassent leurs plis.

Les peintres maniérés les ont presque tous faits de la même sorte, soit qu'ils les ayent pris d'après leurs maîtres, comme l'ont fait une infinité de peintres allemands, qui ont imité la manière d'Albert Durer ; soit qu'ils ayent adopté certaine sorte d'étoffe qui leur présentoit toujours les mêmes yeux, comme Frédéric Barocci, Tiepolo, & autres, qui semblent s'être toujours servis de camelots, pour faire leurs draperies : ou comme le Dominiquin, Mignard, &c, qui paroissent avoir adopté le drap, ou enfin comme Rigaud à qui le velours servoit ordinairement de modèle.

C'est dans les yeux des plis des étoffes que les artistes ont occasion d'exprimer la forme la plus sentie de leurs draperies, par la touche, & par l'effet des lumières & des ombres. C'est


par les yeux que les étoffes se caractérisent ; ils sont aigus dans le taffetas & le satin, plus ronds dans la serge ou le drap, plus fins dans les linges, & autres étoffes molles & très-légères. Ainsi il n'y a pas de manière unique qu'on puisse choisir exclusivement pour les yeux des draperies, parce que la nature en offre de très-variées.

Le genre de l'histoire, est, comme la sculpture, moins susceptible de ces différences, parce que les anciens se servoient le plus constamment des mêmes étoffes : cependant elles devenoient différentes suivant leurs usages, le sexe, & le rang des personnages qui s'en revêtoient ; ainsi un artiste instruit & recherché peut toujours varier les yeux dans les plis de ses étoffes, & suivre en cela les exemples que lui fournissent les peintures & les sculptures antiques. (Article de M. Robin.)

FIN.