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fentes ont été réservées pour passer les bras. Le bras gauche de la figure est passé dans une de ces fentes ; le droit est couvert du manteau, mais on voit l’ouverture qui auroit pu le recevoir.

Winckelmann condamne les savans qui ont pris pour des représentations de Vestales, des figures de femmes qui ont la tête couverte de leurs manteaux. Il soutient que cet ajustement, loin de désigner des vierges consacrées au culte de Vesta, ne convient qu’à des femmes mariées. Il ne veut reconnoître des têtes de vestales que dans celles qui sont ceintes d’une large bande qui descend sur les épaules, telles qu’on les voit sur une plaque de métal & sur une onyx, avec des lettres initiales qui indiquent leur qualité de vestales : il reconnoîtroit encore des vestales à un voile quarré, mais d’une forme oblongue, qui leur prendroit par dessus la tête. Si l’on admet son opinion, il faut reconnoître qu’il ne nous reste, de toute l’antiquité, d’autres têtes de vestales, que celles qu’on voit sur l’onyx & sur la plaque de métal dont il fait mention. Mais n’est-il pas vraisemblable, comme nous l’avons dit ailleurs, que les vestales, qu’on cherchoit à dédommager, par une grande liberté, du sacrifice que l’on exigeoit d’elles, n’étoient pas assujetties à un costume très-rigoureux ? N’est-il pas encore possible que des savans se soient trompés dans l’interprétation de quelques lettres initiales, & que les deux monumens qui, suivant Winckelmann, nous offrent seuls la coëffure des vestales, ne leur soient en effet étrangers ?

Les femmes avoient communément la tête nue. Il est prouvé par les statues & les médailles que, surtout à Rome, elles changeoient souvent les modes de leurs coëffures & qu’elles ne le cédoient guère à nos femmes en inconstance. Montfaucon o’bserve que l’on trouve Faustine, femme de Mare-Aurèle représentée avec trois ou quatre coëffures différentes, dans l’intervalle de dix neuf ans que regna son époux.

Les femmes se couvroient souvent la tête d’un voile qui portoit différens noms, parce que sans doute il y en avoit de formes ou de grandeurs différentes. On en faisoit d’un tissu tellement subtil, qu’on les comparoit à des toiles d’araignées. Il y avoit encore bien d’autres ornemens de tête en usage pour les femmes, & comme on n’en connoît que les noms, cette ignorance laisse aux artistes une assez grande liberté. Ils ne doivent cependant pas en d’observer le costume, ils doivent ne s’écarter qu’avec modération des formes que les monumens leur font connoître.

Pour se garantir du soleil, les femmes avoient une espèce de chapeau qu’on nommoit sciadion. Ceux dont la forme nous a été conservée par


les monumens ont très-peu de fond. Les anciens ont aussi connu des parasols à-peu-près semblables aux nôtres.

Winckelmann observe que, dans les têtes de femmes qu’il rapporte à l’ancien style, on trouve des cheveux bouclés, mais en général plus négligés qu’aux têtes d’hommes ; qu’aux figures du haut style, les cheveux sont peignés simplement par dessus la tête, & forment des sillons ondoyans ; qu’aux jeunes filles, ils sont relevés & noués sur le sommet de la tête, ou attachés en nœud, & assujettis sur le derrière de la tête par une aiguille. Quelquefois, continue-t-il, les cheveux des femmes sont attachés par derrière à une certaine distance de la tête, & descendent en grosses touffes sous la bandelette qui les rassemble. C’est ainsi qu’on les voit à la Pallas de la Villa-Albani, aux cariatides de la Villa-Negroni & à la Diane du cabinet d’Herculanum.

Les femmes affligées, les veuves le coupoient les cheveux. Dans la haute antiquité, les enfans qui avoient le malheur d’être privés de leur père, déposoient leurs cheveux sur sa tombe. C’est ce que firent Oreste & Électre, comme nous l’apprend Euripide, & comme on le voit par leurs statues à la Villa-Ludovisi.

On voit des femmes & même des Déesses coëffées d’un réseau qui enveloppe leurs cheveux. L’usage des boucles d’oreilles étoit commun, & les artistes antiques ont même prêté cet ornement à des divinités. Il ne reste, il est vrai, que deux figures antiques qui aient des boucles d’oreilles ; mais on en voit un grand nombre qui ont les oreilles percées : les boucles se sont perdues, parce qu’elles étoient d’or, & peut-être même enrichies de pierreries. Les filles de Niobé, la Vénus de Médicis, pour ne pas parler de statues moins célèbres, ont les oreilles percées. Buonarrotti s’est trompé quand il a soutenu qu’on ne trouvoit des oreilles percées qu’à des têtes représentant des Déesses : on en voit à des têtes qui sont des portraits, & à des cariatides qui apparamment ne représentent pas des divinités. On sait que chez les Romains les femmes & les jeunes hommes portoient des boucles d’oreilles qui étoient souvent d’un grand prix. Platon, Xénophon ne nous permettent pas de douter qu’il en étoit de même dans la Grèce : & quand les écrivains auroient gardé le silence sur cet objet, on voit Achille avec des boucles d’oreilles, sur un vase antique de terre cuite de la bibliotheque du Vatican.

Winckelmann parle aussi d’un ornement que les femmes portoient au dessus du front, & qui ressembloit beaucoup aux aigrettes des femmes modernes. On voit cette parure à la tête de Marciana, nièce de Trajan, dans le jardin du palais Farnese. Une autre tête de


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