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de dire qu’ils tracent une figure, dîfent plu^ tôt qu’ils en font le traie : au lieu de dire qu’une figure ou une compofition n’ell encore que tracée, ils difent qu’elle n’efl encore

! qu’au firtiple trait. Ainfi le mot tracer siï moins 

I un terme de l’arc, qu’un mot de la langue I commune, qu’on employé quelquefois en parf lant de l’art, mais dont les artiftes font peu l d’ulage. (L.)

TRAIT (fubfl-. mafc.) Le trait eft la ligne î qui termine une figure quelconque. Faire un iJ trait, c’eft tracer les lignes que décrit une figure fur ce qui lui fert de fond. Pofez un vafe I fur une table contre une muraille ; tracez en- ( fuite fur un papier une ligne qui enveloppe la

partie de la muraille qui vous eft cachée par

le vale ; fi votre opération eft bien faite , vous aurez le trait de ce vafe avec la même ’ jufteffe , que fi vous vous étiez fervi d’un poin- ■ çon pour en fuivre la terminaifon & la tracer ’ fur la muraille elle-même.

Ce n’eft point par des traits, mais par la couleur, que des objets fe détachent les uns J fur les autres dans la nature. Ainfi le peintre,

! imitateur de la nature , ne fait un trait que 

j pour fe rendre raifon des formes ; mais il ne

laiffe pas fubfifter ce trait, & en peignant ,

c’eft auOl par la couleur qu’il détache les objets qu’il imite. Dans les deflins qui ne font pas extrêmement terminés & dont l’effet efl : plutôt indiqué que rendu , on laiffe fubfifter e trait, fur-tout dans les parties qu’on ne détache par fur un fond obfcur. Quand les deflins font finis au point de n’avoir plusbelbin de traits, ce font moins des deflins que des peintures monochromes , des camayeux.

Comme les anciens artiftes des écoles Romaine & Florentine étoient moins peintres que deflinateurs, ils annoncoient fouventla terminaifon des formes par un trait bien prononcé. Quoiqu’il n’y ait point de traits dans la nature , il y a quelquefois, dans l’art , beaucoup de fentiment & de goût à prononcer fortement le trait de quelque partie , à tracer & abandonner quelques portions de contours ; mais ces traits, pris & laifles, doivent être regardes comme des touches. Ces pratiques, fpirituelles ou favantes, laiffent fubfifter le principe, que les terminaifons des objets en peinture ne doivent pas être annoncées par des traits. (L. )

TRAITER, (v. aft.) Ce mot fort ufiré dans la langue des arts, y reçoit à peu près la fi- ^nification du verbe faire. Une figure bien $raitée eft une figure bien faîte. Une compofition bien traitée, eft celle dans laquelle on a bien fuîvi les convenances du fujet. Une draperie bien traitéf^ eft celle qui eft corn-T R A ^11

pofée & rendue (avamment. On dît qu’un peintre fait bien ces différentes parties de l’art. On dit d’un peintre qu’il traite bien les têtes , les cheveux, la barbe, les chairs, les extrémités, les draperies, les accefibires, les effets ; mais on ne dit pas qu’il traite bien la couleur ou le coloris, (L-)

TRANCHER ( ce verbe eft neutre dans la langue des arts). Des couleurs tranchent les unes fur les autres, quand l’artifte ne conduit pas des unes aux autres par des nuances. Les lumières tranchent fur les ombres, & les ombres fur les lumières, quand on néglige de conduire des unes aux autres- par des paffages doux & : imperceptibles. On dit que des couleurs font tranchantes , quand elles tranchent fur celles qui les avoifinent, quand elles ne fe marient pas, ne fe fondent pas, ne s’uniffent pas tendrement avec elles. On dit que les ombres font tranchantes , quand elles fuccèdent durement aux lumières , fans en être féparées par des demiteintes. Quelquefois des couleurs tranchantes i des ombres, des lumières tranchantes , àonnent de la fierté aux effets. C’eft à l’art du peintre de les ménager avec goût , de ne les employer qu’à propos , de les empêcher de nuire a l’accord de l’ouvrage , comme il eft de l’arc du muficien de ménager & de fauver les diffonances. (L. )

TRANSPARENT, (adj.) Ce mot, dans

l’art de peindre , s’applique aux couleurs naturelles , & aux couleurs artificielles. Par rapport aux premières, il fert à diftinguerles couleurs lourdes & terreftres de celles qui font légères & aériennes. Ainfi on dit : La laque, les fiils de grains , font des couleurs TRANSPARENTES ", les ochres , les bruns-rouges, la terre d’ombre ne font pas transparentes. Quant à la féconde fignification du mot transparent, elle n’eft relative, dans la pratique , qu’à des couleurs fines, légères , qui îaiflent voir les premières teintes que le peintre a placées fous es glacis. Dans ce fens, iî n’exprime que l’effet, dont l’ufage à^s glacis eft le moyen : comme dans cette phrafe : C"< ?/Z pat des glacis que Kuhens rend fes couleurs tranfparentes. Tout ce qui tient à la pratique dans l’art d’employer des couleurs transparentes, a été expolé dans le mot Glacis , auquel nous renvoyons le lefieur. Nous ne pouvons faire un plus grand éloge des couleurs tranfparentes , qu’en citant les plus beaux tableaux des écoles Vénitienne & Flamande. C’eft-là qu’on trouve les plus puifians témoignages en faveur des charmes de ia F f f ij