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agfêmejfs qui attachent Se qui plaifent. (^/•-’ ûcle de M. J^A tslet.)

S O I G N p. ( adj. ) Un ouvpge foigné eft celui à qui l’on a donné des ft^ins curieux & i-echerchés. Ces foins ne s’accordent pas avec l’enthoufiafme , ni même^avec la vÏAraciié de conceprion qui entraîne ordinairement celle de l’exécution. L’idée du /oig-^ie emporte avec elle celle de la petitefle dans l’ouvrage & de la médiocrité dans l’erprit de l’ouvrier , & par conlequent elle exclud celle du grand. Ce n’eft pas que les ouvrages qui ont le plus de véritable grandeur, & ceux même qui font infpités par l’enrhoufiafme , n’exigent des foins. Léonard de Vinci , Raphaël , Michel-Ange lui-même , tout bouillant qu’il étoit , donnoient des foins à leurs travaux ■■ mais ils n’y donnoient pas cette forte «le foins qui produifent le précieux , le recherché Se ce qu’on entend enfin par le mot Joigne. Il peut fembler contradiftoire de dire qu’un

' bon ouvrage exige des foins , &r même de très
grandi foins , & d’ajouter que le foigné ne
convient qu’à des ouvrages d’un genre mé- 

|i diocre. Mais avec un peu de réflexion , on ’• fentira qu’il faudroit avoir l’ams bien froide pour fe trouver devant un tableau dont le fujet auroit de là grandeur, & qui feroit traité avec toute la grandeur convenable au fujet , & n’avoir d’autre éloge à donner à un

fi bel ouvrage , linon que c’eft un ouvrage

[ foigné.

Mais quand on voit un petit tableau , dont 

1 le fujet eft indifférent par lui-même , tels

! que font, en général, les fujets traités par 

les Maîtres HoUandois -, quand on reconnoît ’ que les foins de l’artifte ont donné du prix à ce fujet trivial , on peut dire que c’eft un ouvrage foigné , très foigné , & c’eft lui accorder en grande partie l’éloge qu’il mérite.

Lefentiment des foins que l’artifte s’eftdon-I

nés pour parvenir à la perfeéiion d’un grand ouvrage contribue fi peu au plaifir des fpec-

tateurs, ou plutôt eft tellement nuifible à ce

plaifir, que l’on cherche à diflimuler ces Ibins par des travaux qu’on ajoute à tout l’appareil du premier travail , & auxquels on donne la plus grande apparence de liberté. On tâche , par ces dernières touches , de perfuader au public que l’ouvrage auquel on a donné le plus grand foin, n’a coûté cependant aucun foin, & a été , en quelque forte, produit par i un acte fimple de la volonté. Ces derniers tra-’ vaux qui diffimulent le travail étudié des deffous, contribuent beaucoup à ce qu’onappelle [Sa belle manœuvre.

J • Cependant il eft des palmes pour tous les genres de mérite dans la carrière des arts ; & ceux qui n’ont reçu de la nature que le UsauX’Arts, Tome IL

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moyen de plaire par-des ouvrages foignésy doivent i’è contenter de leur partage. On ne marche pas fans gloire fur les pas des Gérard Douw, des Mieris , des Vander Werf. (L. ) SOUPLESSE, (fubft. fém) Cettequalîté louable’^ft oppofée au vice de la roideur. Elle doit fe trouver dans les contours , dans les attitudes, dans les ajuftemens & dans toute la eompofuion. Les contoijis doivent être litnueux , coulans ; les attitudes être faciles ; les ajuftemens naturels ; la compofition , variée : fi toutes ces loix font obfervéés dans un ouvrage, il n’aura pas de roideur ; on y trouvera toute la fouplejje que l’on eft en droit d’exiger. La foupleffe &’iLUi-hiQ plus particulièrement au mouvement des contours, au cadencemeht des parties ^ au jet des draperies , qu’à l’ordonnance générale. » C’eft des cadencemen«  » répandus dans les parties du corps qui en » font fufceptibles, que naît, dit Dandré Bardon , cette fouplejfe qui donne des grâces » infinies à la nature ; prérogative fans laquelle une tête, une figure , reffe.’nbient à un » bloc de marbre- fans mou^vement , & n’ont n ni ame, ni efprit.

» Que i foupleffe ., fijuftement roquifepour » les grâces de l’imitation & pour les charmes du preftige , ne jette pas cependant lé. » deilinateur dans cette efpèce de diflocation » vicieufe qtii fait difparoître la folidité de la » machine animale. En fe rappellant les principes do l’oftéologie , il fe fouviendra que » les os fe trouvent fous les chairs ; qu’ils ne » font flexibles que dans leurs articulations , » & : il fentira qu’il y a du danger de les » faire paroîtrç brifés, lorfqu’à leur préjudice » on donne une fouplejfe outrée & un moirvement exagéré aux mufcles & : aux membres » d’une figure , qui ne doivent avoir qu’un léger cadencement.

» Qu’il évite de prêter à fon enfemble ce » tortillement affefté que la nature dément, » & qui eft un des plus grands vices de la » manière. La foiiplejfe conliiXa bien plus dans » la difpûfition naturelle & facile de toutes » les parties, que dans les travaux auxquels on » aifervit tous les mufcles. C’eft altérer leur » mouvement , que de les trop tourmenter. » Que les figures foient fouples fans aftédation : c’eft le moyen de leur donner cette » ame, cette expreffion , qui les rend fi admin râbles dans la belle nature. «  Voyez les mots Draperie, Jet des draperies. , Pus des draperies ; on y établit des principes qui conduifent à la fouplejfe dans cette, pîirtie.

SOURD, (adj.) I ! ferDit affez difficile de dire comment on a adapté à la peinture un D d d