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du Difcobule qui attend aufli l’effet de fon difque.

L’air gracieux, négligé, quoiqu’aftimé de l’un, & i’emprefTement d’un homme vulgaire que montre l’autre , nous prouvent d’une manière évidente avec quelle attention judicieufe, & avec quelle fineffe d’efprit , les anciens fiatuaiies fàvoient indiquer le véritable caractère de leurs fiatues. Les deux artiftes dont il s’agit ici ont été également fidèles à la nature , & également admirables dans leur genre.

Il faut remarquer que, quoique les mots grâce, «araéîêre , exprèffîon aient différens fens & différentes fignifications , lorfqu’on les applique aux ouvrages de peinture , ils fervent indiftinctement à exprimer lamême chofe quand on parle ’ èe l fculpture (i). L’obfcurité qu’offre le fens de ces mots doit être attribuée aux effets peu déterminés do l’art même : car ces qualités font plutôt exprimées en fculpture par les formes & : par l’attitude que par les traits -, & ne peuvent par conféqu’ent être rendues que d’une manière fort générale.

Quoiqu’il y ait peut-être plus d’exprefTion dans le grouppe da Laocoon & de les deux fîls , que dans toute autre ftatue antique , ce n’eft cependant que l’expredion générale de la douleur , & cette affefiion eft plutôt exprimée par le gonflement extraordinaire des mufcles & les convulfions du corps , que par les traits de la phyfionomie.

On a obfervé, dans un ouvrage publié il y a quelque temps, que fi l’ame du "père eût été plus occupée du malheur de Tes enfans que de fa propre douleur, il en auroitréfulté un intérêt beaucoup plus vif pour le fpeûateur. Quoique cette réflexion ait été faite par un écrivain dont l’opinion eft de la plus grande autorité dans tout ce qui tient aux arts , il n’eft cependant guère poflible d’imaginer qu’une îiuance aufTi fine & : aufl’l délicate foit du reffort de Lfculpture. Il efl même à croire que l’artifte qui oferoit entreprendre d’exprimer une pareille affeûion de l’ame courroit grand rifque de l’affoiblir , ù. qui plus eft de la rendre toutà-fait inintelligible poiir le fpeâ ;ateur. Comme l’attitude générale d’une ftatue fe «réfente aux yeux d’une manière bien plus frappante que les traits du vifage, c’eft dans cette Habitude qu’on doit principalement chercher » I ) .Te crois que M. Reynolds fe trompe ici , & que ces expreffions ont un fens bien diftin£i : , même quand «n parle d’ouvragés de fculpture. On célèbre le caractère des ftatues de Michel-Ange ; mais on trouve qu’elles manquent de grâce. On admire la grâce de la Véus celle de l’Apollon, & de pluficurs autres ouvrages an iques. On loue l’exprefTion du Milon du Puget, on trouve de la giace dans fon Andromède. Enfin , quoilu’cn dife M. Reynolds , on admire non feulemenr l’expieflion corporelle, mais encore celle de la tête, dans lafigiwe antique t<i«_Laoceçn. {Nom du Rédafmr.) S eu

l’exprellîon : patuit in corpon vultus. La tête oft une fi petite partie, relativement à l’effet de toute la figure en général , que les anciens fculpteurs ont quelquefois négligé de donner aux traits de la phyfionomie aucune exprelTion , pas même l’exprellîon générale de la paiFion qu’ils repréfentent. On en voit un exemple frappant dans le grouppe des Lutteurs , qui , fe trouvant engagés dans un combat fort animé, confervent néanmoins fur le vilsge. la plus grande férénitépollible (z). On ne recommande pas cela comme un exemple à fuivre , car il n’y a aucune railbn de ne pas faire accorder l’air du vifage avec l’attitude & l’exprelïîon de la figure : mais de ce que ce défaut étoit fréquent dans ]es ouvrages de fiulpture antique , on peut conclure qu’il provenoit de l’habitude qu’a-Toient les artiftes de négliger ce qu’ils regatdoient comme moins important.

Quoique la peinture & Iz/culpture foienty alnfi q’je plufieurs autres arts , fondés fur les mêmes principes , il femble cependant qu’il n’y a aucun rapport dans ce qu’on peut appeller lesprincipes fécondaires de tes arts, La différence des matières fur lefquelles ils exercent leur pouvoir doivent néceffairement occafionner une différence relative à la pratique qui leur efî propre.

Il eft un grand nombre de beautés de détaJl que le peintre faifit aifément & qui font hors de la portée du fculpteur. On ofe même ajouter que dans le cas oii il pourroit en faire ufage , I ces fortes de beautés, qui ne lui font pas propres, n’ajouteroient aucun prix, aucun mérite à ffs produélions.

Parmi les différens effais infruûueux que les fculpteurs modernes ont faits pour le perfeûioanement de leur art, on peut regarder comme les principaux ceux qui fuivent.

La pratique de détacher les draperies desfî-i gures , pour les faire paroitre volantes. Les différens plans donnés au même bas-relief. La prétention de préfenter les effets de laper» fpeftive.

L’adoption du coftume moderne, qui, enfcUlpi ture , fait le plus mauvais effet. La folie de chercher à faire jouer & voltiger la pierre en l’air eft fi vifible , qu’elle porteavec elje fa condamnation. Cependant il paroît (2) Ce qui pourroit excufer l’auteur de cet ouvrage antique , c’eftque, de la manière que fes lutteur (ont grouppés & penchés vers la terre , les vifages foEt des parties peu apparentes dans tout l’enfemble. Or on fait que les anciens avoient pour principe de s’attacher au pius utile , &.’ de négliger ce qui l’étoit moins. Dansla compolîtion de ce morceau, les têtes n’étant que des parties peu apparentes, font par conféquent peu utiles à ’ j’eifet de tout l’ouvrage , au-lieu que la tête eft ordiuai-I rement la partie fur laquelle s’attacnent d’abord les yeux, & par conféquent la pins importante dç toutes, ilftti du Rédaâeur. )