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’îe fon extrême vigueur. Il tua un lion fur le mont Olympe , dans Ja Thrace, fans autres armes que fa force ; il arrêta un taureau furieux par ’un des pieds de derrière , & l’animal ne put échapper qu’en laiffant la corne de fon pied dans (les mains du vainqueur ; il arrêta par derrière un Ichar attelé de plulieurs chevaux que poulToit vigoureul’ement le cocher. Ces prodiges de .force, & plufieurs autres, étoient reprefentés en bas-relief fur la bâfe de fa ftatue.

! Pline a écrit que Lyfippe a fait feul quinze 

cents morceaux, tous avec tant d’art, qu’un fcuI eût ïiiffi pour l’illuftrer. Winckelmann a penfé qu’il y avoir de l’exagération dans ce nombre, quoiqu’on fâche qu’en effet Lyfippe ^a été très-fécond. M. Falconec croit que ce paffage prouvele peudeconnoiffancequePlirieavoit de l’art, n Un connoiffeur doit l’avoir, dit-il, » qu’il n’efi : pas poflible à un flatuaire de faire i» 1500 fiarues dont chacune fuffife pour l’illuf-y > trer. Il fe peut, à la rigueur, que plufieurs "» figures de Lyfippe aient été fondues & ■» répétées, 6z qu’avec fes autres ouvrages, I» cela ait produit, de compte fait, 1500 morf » ceaux dont il ctoit l’auteur. Voilà ce qu’un I» écrivain plus verfé dans les connoiffances de

» l’art eût penfô ».

Dans plufieurs éditions de Pline, le nombre «les ouvrages de Lyfippe eft réduit à iîx cent dix. M. Falconet trouve que cela pafle encore les bornes de la vraifcmblance.

J’oferai -ne pas partager ici le fentiment du ’ favant antiquaire & de l’habile flatuaire. Après la mort de Lyfippe, on fut le nombre de fes ouvrages quand Ion héritier ouvrit fon tréfor ; car jlavoit coutume de mettre à partune pièce d’or fur le prix qu’il recevoir de chaque figure. Cette circonftance que Pline rapporte prouve que ce fi’eft point ici un de ces endroits qu’il a écrits négligemment. Il faut obferver que Lyfippe ne faifoit que des ftatues en bronze-, c’elt-àdire qu’il ne faifoit que des modèles, & : que ces modèles faits, il ne lui reftoit plus qu’un travail d’infpedlion fur les mouleurs, les fon- • deur.s & le :- cifeleurs. Un artifte qui ne fait que modeler, expédie bien plus d’ouvrages que celui qui exécute en marbre les modèles qu’il a faits. C’efl : ce qui efc échappé à M. Falconet dont tous les ouvrages font en marbre ou en pierre, excepté fon beau monument de Saint-Pétersboiîg.

]e fais que les modèles des grands ouvrages de Lyfippe , tels que fon Jupiter Collofial , l’es ftatues d’Alexandre , celles des vingt un cavaliers qui périrent au pafizge du Granique, & : tajit d’autres durent lui coûter beaucoup de temos, je fais q’i'il dût employer encore bien du temps aux réparations des cires, & à l’inTpection des travaux qui fefaifoient fous fes ordres. Mais pendant qu’on mouloit, qu’on préparoii S C U 5( ?^

des fourneaux, qu’on réparoit les défeauofités des fontes, il lui refloit du loifir, & il l’employoit à de petits ouvrages , tels que fon Hercule d’un pied de proportion. Or un artiflequl avoitune grande habitude du travail, ne devoi» pas mettre beaucoup de temps à faire des modèles d’un à deux pieds, qu’il regardoit comme det objets de récréation , mais que ceux qui les acquéroientregardoient comme des chefs-d’œuvre.’ On faic qu’un élève de l’académie fait en trois jours de pofe, c’efl -à-dire en fix heures, un modèle d’une plus grande proportion que le petie Hercule de Lyfippe ; pourquoi un artiile confommé feroit-il moins expéditif ? mais au lieu de fix heures , donnons-lui deux ou trois jours, plus ou moins, fuivant les circonftances & le travail qu’ésigeoient les diftérens morceaux : Nous voyons encore que Lyfippe put faire en fa vie affez de petits modèles, pour qu’avec Ces grands ouvrages , le nombre en montât noa feulement à fix cent dix , mais même à Cjuinza cent. On n’a qu’à s’en tenir au premier nombre, & alors la fuppofition n’aura rien d’ex.raordinaire.

_ On peut tout au plus reprocher à Pline d’avorr dit que chacun de ces modèles de Lyfippe auroit fuffi pour l’illuftrer. Il ell impolfib’.e qu’il n’échappe pas des ouvrages médiocres à un homme qui en fait un fi grand nombre : mais, jufques dans ces ouvrages médiocres, on fenc encore la main du maître habile , & cela fuffic pour qu’un amateur dife, & qu’un écrivain répète, que chacun de ces morceaux auroitfuffi à la gloire de l’artifte.

On lit le nom de Lyfippe fur le focle d’une ftatue du palais Pitti à Florence. C’eli ; vraifemblablement, dit Winckelmann, une l’upetcherie antique -, on faic que les anciens le permettoient ces fortes de menfonges. La ftatue du palais Pitti eft en marbre , & le filence des anciens peut nous faire légitimement douter que Lyfippe ait jamais travaillé le marbre. Pline ne le nomme que dans fon 34= livre qu’il a confacré aux artiftes qui ont travaillé en bronze. A propos de Lyfippe, ftatuaire privilégié d’Alexandre, noiis allons parler d’un ouvraf^o qui n’efl pas de Lyfippe, ni même de fon temol, mais qui repréfente un trair de la vie d’Alexandre ; fon entretien avec Diogène. Si nous faifons mention de ce morceau, c’eft parce qu’il prouve que les modernes pèchent contre le coftume ;, en repréfentant le philofophe cynique dans un tonneau. Ce ba’-velief nous le montre dans un de ces grands vafes de terre que nous appelions des jarres. Sur cetie ]zve eft un chiea qui indique la feàle du philofophe. (75) Lysistrate étoit frère de Lyfippe, I3 imagina le premier de mouler les vifages àes perfonnes dont il entreprenoit le portrait- 4