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imoflefftés âafls les temps de la fenaiffance de l’art, que l’on peut comparer à ceux de l’art naiflant chez les anciens. Les Hollandois , qui ont confervé cette partie, ont négligé, & femblent n’avoir pas même connu la beauté. Le ftyle ancien peut le fubdivifer lui-même en difFérens ftyles : on peut remarquer la pctiode où il fortoît du berceau, & celle où il s’approchoir de la perfeflion. A le confidérer dans ces derniers temps, il attriile par fon extrême auftérité : il a du caraftère, mais il n’a point de charmes ; il peut étonner, mais il ell incapable de plaire. Le delFin en efl : énergique, mais dur, mais fans grâces ; fort d’expreffion, mais fans beauté.

Le ftyle ne fufEc pas pour faire reconnoître J’âge d’une produûion de l’art. II a été fouvent imité dans des temps poftérieurs, peut-être pour imprimer plus de reTped ; peut être pour fatisfaire des amateurs à qui plaifoic la manière des anciens maîtres ; peut-être auffi fluelquefeis par des motifs religieux. Winckelmann caraftérife le fécond fbyle par ’la grandeur. Il étoit grand, mais il n’étoit pas encore beau , puifqu’il lui manquoit la grâce qui donne le charme à la beauté, » La » nature apprit, dit-il, aux réformateurs de » l’art, à paffer des parties trop prenoncées & » trop tranchantes d’une figure, à des contours u plus libres & plus coulans ; à modérer, à » adoucir les attitudes forcées & les aâions » violentes ; enfin à étaler moins de force & » de fcience, & à répandre plus de beauté Se » de grandeur. Phidias, Polyclete, Soopas , » Myron & d’autres maîtres fe rendirent célèbres par cette réforme de l’arc. Leur ftyle » peut être appelle le grand, parce que le principal objet de ces artiftes paroît avoir été de » combiner la beauté avec la grandeur. Il faut r) bien diflinguer la dureté de l’aufbérité, pour » ne pas confondre deux chofes toutes difFérentes : par exemple, il ne faut pas prendre » pour un refte de la dureté & de ]a féchet > reffe de l’ancien ftyle , cette indication » marquée & tranchante des fourcils qu’on L » trouve conftamment dans les figures de la » haute beauté. Ce caraftère reflenti du delïïn » eft fondé fur les idées de la beauté ». Ce n’eft pas cependant que le deffin du haut ftyle n’ait affeélé de conferver , en effet , quelques-ans des caraôères de l’ancienne manière qui lui prêtoient de la grandeur ; telles font les lignes droites, tels font les méplats un peu exagérés. C’efl ce que Pline femble avoir indiqué quand il parle de quanés & d’angles. Nous voyons de même que chez les modernes, tjuoique de grands maîtres aient donné aux traits des contours la plus grande douceur, d’autres ont cherché une forte de grandeur , en accitfant certaines formes par des qua^rés & S c u


des angles plus reflentis qu’ils ne font dans la nature , Se ont aimé à laifTer dans leurs ouvrages finis quelques-unes de ces formes tranchées que l’on remarque dans les ébauches des ftatuaires. Comme les anciens maîtres qui ont illuftré le fécond ftyle chez les Grecs , étoient les légiflateurs des proportions , ils auront facrifié quelque chofe de la beauté coulante des formes , au plalfir de donner un carattère impofant à leur deffin , & : ci’accuier fortement les formes principales. Cette exagération de grandeup , cette favante aftcclation de ce que les artifte» appellent fentimenc , devoit imprimer à leurs figures quelque choie qui refiembloit à ia dureté, quand on les comparoir aux ouvrages de l’âge fuivant , celui de la grâce. Mais Winckelman obferve , avec raifon , qu’il faut fe défier du témoignage des écrivains, parce que ces écrivains ne’toient pas do grands connoiffeurs. Ne voyons-nous pas, que, chez les modernes, la corredion & la fcrraeié du deffin de Raphaël , qui e/1 bien éloignée de la dureté, a paru dure à quelques, écrivains qui ne connoiffbient point J’arc , Se qui comparoient la manière de ce maître à la molleiTe des chairs & aux contours arrondis du Corrège ? Ils ne s’appercevoient pEs que cette mollefle étoit quelquefois exagérée , & que cet arrondiifement étoit fouyenc payé par. des incorreflîons.

Si l’on en croit Quintillen , Calon & Hégéfias étoient durs & reff’e.mbloient aux Tofc^sns , Calamis fut moins dur , & Myron eut plus de mollefle que tous ces arciftes, ( ïnft. orar. 1, II, c. 10.) Conlultez eniuite Pling : vous verrez qu’il reproche de la dureté à ce Myron, qui , fuivant Quintilien , fe diftingua par la molleffe. (Plin. Hill, Nat. 1. 34, c. 19.) Mais fi vous lifez enfuite Lucien , dans fon Dialogue intitulé les Images, il fe trouvera que ce Calamis qui avoir paru fi dur à Quintilien , avoit fait la ftatue de l’Amazone Sofandra , l’une des quatre figures qu’on admiroit le plus par l’aimable expreffion de la beauté. L’air modefle de cette Amazone , Ion fourire agréable & furtif, font des qualités bien oppolëes au caraâère de la dureté , cjui ne peut traiter avec fuccès que les expreffions fières & ter- . ribles.

V/inckelmann donne , comme les monumens les plus confldérables du grand ftyle, Niobc & fes filles, 8c une Pallas qu’il ne faut pas confondre avec celle qu’il a préientée comme un modèle du premier ftyle, quoiqu’elle fe trouve de même dans la Vilia Albani. La tête de cette figure, confervée dani fa beauté primitive, lui femble digne des grands ftatuaires de l’âge où elle fi’t faite. Elle porte le caractère de la haute beauté , & en même temps }a forte de dureté qui défigne le ftyle aeciesj.