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s c u Saint Sulpice, & représentent Saint Jean & Saint Joseph : le premier est presque nud ; il a le bras gauche appuyé sur un tronc d'arbre, & tient une croix de roseaux enveloppée d'une banderolle : Saint Joseph, caractérise par le lys qu'il tient de la main droite, a, dans la gauche, un livre sur lequel il semble méditer. Les deux autres figures parallèles, représentant Saint Pierre & Saint Paul, sont du même auteur.

Le Duc de Lorraine voulut s'attacher un artiste devenu célèbre dès son entrée dans la carrière. Il l'appella à Nancy ; il le décora du titre de son premier sculpteur : mais les travaux du premier sculpteur se réduisirent à un fronton & au modèle d'un autel.

Un monument plus capital dont il fut chargé & qui causa sa mort, fut le tombeau du Duc de Melun placé chez les Dominicains de Lille. Dumont alla dans cette ville pour mettre la dernière main à son ouvrage : l'échafaud se brisa sous lui ; il se cassa la jambe, & reçut intérieurement des blessures plus dangereuses. Après avoir langui long-temps, il mourut en 1726, à l'âge de trente huit ans, n'ayant fait, en quelque sorte, qu'indiquer ce qu'il auroit dû produire.

(54) EDME BOUCHARDON, né à Chaumont en Bassigny en 1698, montra d'abord la plus forte inclination pour la peinture ; son père qui étoit en même temps sculpteur & architecte, & qui avoit de l'aisance, seconda le penchant de son fils, & eut l'utile complaisance de faire chaque jour pour lui les frais d'un modèle. Le jeune artiste recueillit le fruit de ces études lorsqu'une passion nouvelle, aussi vive que la première, l'entraîna vers la sculpture. Après avoir passé quelque temps dans l'école de Guillaume Coustou, il remporta le premier prix de l'Académie Royale, & fut envoyé à Rome avec la pension du Roi. Dessinateur pur & facile, il eut un avantage qui manque à ceux des sculpteurs qui ne savent guère que modéler, celui de multiplier aisément les études dans cette ville si abondante en chefs-d'oeuvre de l'art. Il copia au crayon les plus beaux monumens de l'art antique, & les principales figures de Raphaël & du Dominiquin. Cependant il n'abandonnoit pas la pratique de l'art auquel il s'étoit particuliérement consacré. II fit une belle copie d'une figure antique représentant un Faune endormi ; it sculpta plusieurs portraits, & traita ce genre dans ce beau goût de simplicité pure qui a fait le caractère de son style. Il étoit déja compté au nombre des habiles maîtres de l'Italie, & se voyoit chargé de l'exécution d'un grand monument, le, tombeau de Clément XIII. lorsqu'en 1732, les ordres du Roi le rappellèrent en France.

Il fut chargé à son retour d'une statue de


Louis XIV, destinée pour le sanctuaire de Notre-Dame ; il en fit le grand modèle qui n'a pas été exécuté. Il répara, dans les jardins de Versàilles, la fontaine de Neptune, & y fit le Triton qui, posé sur une coquille, s'appuie sur un énorme poissen. Quelques ouvrages, demandés par des particuliers, partagèrent les soins ; mais il n'avoit point encore fait de travaux publics importans, lorsque le Curé de Saint Sulpice, en le payant fort mal, le chargea d'orner le chœur de son église. Bouchardon fit dix statues, Jésus-Christ, la Vierge & huit Apôtres. La modicité du prix qu'il recevoir de cette entreprise l'empêcha de la pousser plus loin : mais il fit les deux anges en bronze qui tiennent le pupitre des chantres ; & s'il fut peu généreusement payé de ces deux ouvrages, leur mérite, en contribuant à sa gloire, put sussire à sa récompense. Le tombeau de la Duchessè de Lauragais, élevé dans le même temple, ne fait pas moins d'honneur à l'artiste. Ce monument, simple, mais touchant, n'est composé que d'une figure de femme éplorée, appuyée contre une colonne.

Mais le plus considérable de ses ouvrages, celui où il déploya son talent comme statuaire & comme architecte, est la fontaine que le corps de ville le chargea d'élever dans la rue de Grenelle. Sur le corps avancé, il a représenté la ville de Paris assise sur une proue de vaisseau qui est son symbole, la Seine figurée par un fleuve robuste tenant un aviron, la Marne par une nymphe qui tient une écrevice. Dans les quatre niches des aîles, il a placé les figures des quatre Saisons.

Quelquefois une seule figure n'assure pas moins la réputation d'un artiste qu'un grand monument : c'est ce que prouvent les éloges accordés à l'amour adolescent, taillant un arc dans la massue d'Hercule. Placé d'abord à Ver. sailles, il eut alors peu de succès : transporté à Choisy, il y fut célébré : la postérité trouvera peut-être dans l'idéal de ce morceau un vice capital ; celui d'être énigmatique. Elle verra un grand jeune homme appuyé sur un morceau de bois dégrossi par le haut, encore brut par le bas : elle le verra faire un effort pour le courber, & aura peine à se rendre compte du motif de cette action. Une épée est aux pieds de cet adolescent ; mais qui pourra deviner alors que c'est l'épée de Mars dont l'amour s'est servi pour commencer son travail. On verra une corde sur un terein semé de fleurs, mais saura-t-on que cette corde est celle qui doit-être adaptée à l'arc ? On ne reconnoîtra dans cet ouvrage qu'une figure élégante d'un adolescent, & l'intention de l'auteur restera inexplicable.

Bouchardon termina sa carriere par un monument digne de lui, la statue equestre de