Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/311

Cette page n’a pas encore été corrigée

s c u s'associer à la sienne. Ainsi les événemens se sont accumulés pour s'opposer à sa réputation pendant sa vie & après sa mort.

On peut se former une idée de son talent par les statues des quatre saisons qu'il a faites pour l'hôtel de Soubise, par le bas-relief des chevaux d'Apollon, par ceux dont il a décoré un mausolée de la maison de Laigue aux Jacobins de la rue du Bacq, par une figure de Bacchus dans les jardins de Versailles & par quelques ouvrages dans la chapelle de ce château ; enfin, par la Vierge en marbre de la paroisse de Marly.

Pendant les fréquens loisirs que lui laissoit son indolence à se procurer des travaux, il faisoit des têtes de fantaisie qui sont dispersées dans les cabinets ; il reussissoit principalement à celles de jeunes gens & de femmes. Vanclève l'invitoit un jour à venr voir une tête de bacchante qu'il avoit acquise & que ce sculpteur prenoit pour une antique. Le Lorrain fut agréablement surpris en reconnoissant un de ses ouvrages.

Il aimoit a vivre dans la retraite, ne se montroit pas, ne cherchoit pas les occasions de se faire confier des entreprises : il falloit qu'on vînt le chercher, & l'on cherche rarement les hommes à talens qui se cachent. On dit qu'il travailloit souvent sans autres apprêts que de poser le marbre sur un tonneau, n'ayant pour modèle qu'une maquette, un dessin, ou le projet qu'il avoit dans sa tête. Mais avec cette manière libre d'opérer, il gâtoit quelquefois les morceaux qu'il étole près de finir.

Après avoir éprouvé plusieurs attaques d'apoplexie, il est mort à Paris en 1743, âgé de soixante-dix-sept ans Il paroît avoir moins cherché le grand, que l'agrément & le goût.

(49) ANGÉLO ROSSI, né à Gènes en 1671, se distingua comme sculpteur & comme dessinateur. Il apprit son talent dans sa patrie & à Venise ; mais ce fut à Rome qu'à l'âge de dix-huit ans, il vint le perfectionner & l'exercer. Il se fit connoître par deux bas-reliefs qui contribuent à la décoration de la chapelle de Saint Ignace dans l'église du Jesus. Le bas-relief qu'il exécuta pour le tombeau d'Alexandre VIII, & qui représente plusieurs Canonisations faites par ce pontife, est regardé comme le plus beau de ceux qui décorent la basilique de Saint Pierre. L'auteur consulta la nature même pour les moindres détails, & ne se permit de traiter les accessoires les plus indifférens, qu'après en avoir fait des études répétées. Ses soins furent couronnés par le plus succès, & cet ouvrage fut moulé par ordre de Louis XIV, qui voulut qu'un plâtre en fût déposé dans l'école Françoise de Rome, comme un exemple que les élèves de l'art de-


voint toujours avoir sous les yeux. « La of composition, dit Dandré Barbon, en est établie sur un plan circulaire : les figures y sont distribuées de manière que le héros du sujet, placé sur le bombage du solide, est le plus apparent & reçoit les accidens les plus lumineux. Celles qui sont sur les sites tournans aboutissent au fond du bas-relief, sans que l'art semble y conduire. On diroit que, dans ce morceau de sculpture, la nature seule fait tous les frais de l'illusion : c'est le génie & le savoir qui ont varié, d'un tact fin, le caractère des chairs & celui des étoffés, & qui ont répandu, sur tous les accessoires, le goût & la vérité. »

On parle avec beaucoup d'éloge du bas-relief de la Piété, ouvrage du même auteur, qui est conservé à Gènes, & de celui de la Prière au jardin des Olives, dont il fit présent au Cardinal Ottoboni.

On distingue entre ses ouvrages de rondebosse, qui sont en petit nombre, la statue colossale de Saint Jacques le mineur à Saint Jean de Latran, & un petit Satyre mangeant une grappe de raisin.

Mais sa gloire est sur-tout fondée sur le mérite supérieur de ses bas-reliefs. On dit que, dans ce genre, il a surpasse tous ses prédécesseurs, & a servi de modèle à ceux qui sont venus après lui. Il ne traitoit pas les bas-reliefs à la manière de l'Algarde qui donnoit une saillie considérable aux figures du premier plan, & faisoit du bas & du plein relief un mêlange qui a trouvé des approbateurs illustres & d'illustres censeurs ; mais il observoit ce demi-relief qui approche plus de la manière des anciens. L'étude, le travail, le chagrin de voir ses talens mal récompensés, altérèrent la santé de cet artiste, qui n'étoit pas moins aimable par son caractère & ses moeurs, qu'estimable par ses ouvrages, & le conduisirent au tombeau en 1715, âgé de quarante-quatre ans.

(50) GUILLAUME COUSTOU, frère de Nicolas, naquit à Lyon en 1678, fut élève de Coysevox, & surpassa son frère. Parti pour Rome avec la pension du Roi, des tracasseries l'empêchèrent d'en jouir. Avec un talent encore naissant, il fut obligé de travailler pour vivre dans cette capitale des arts, où les talens consommés ont peine à fixer l'attention. Les dernières ressources lui manquoient ; il se disposoit à partir pour Constantinople, lorsqu'il fut recueilli par le Gros, & il travailla, sur le modèle & sous les yeux de oe grand maître, au bas-relief de Saint Louis de Gonzague. De retour à Paris, il donna pour sa réception à l'académie royale Hercule sur le bûcher, & fit quelques années après, pour les jardins de Marly, les figures de Dapline & d'Hippomène, La