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288’ , S C U Il a fait, pour le Mont-de-Piété, un bas-relief représentant les enfans de Jacob, accusés du vol d'une coupe d'or, & amenés devant Joseph, leur frère. Il a aussi orne d'un bas-relief le tombeau de la fameuse Christine, reine de Suéde.

On voit de lui à Versailles deux termes, celui de l'été & celui de l'hiver, & à Paris, dans la salle des antiques, une figure en marbre. C'est lui qui a commencé le grouppe d'Arrie & Poetus qui est placé aux Tuilleries, & qui étoit resté imparfait à Rome. I1 a été terminé par le Pautre. On peut croire que, s'il l'avoit fini lui-même, il y auroit lassé moins de pesanteur. Il est mort à Paris vers 1680.

(26) MICHEL ANGUIER, frère de François, naquit à Eu en 1612. Il reçut dans sa ville natale les premières leçons de son art, & fit, dès l'âge de quinze ans, quelques ouvrages pour les Jésuites de cette ville. Il entra ensuite à Paris dans l'école de Guillain, aida ce maître dans quelques travaux, & par son extrême frugalité, il se ménagea quelques épargnes pour faire le voyage de Rome. Il y trouva, dans l'attelier de l'Algarde, les mêmes avantages que dans celui de Guillain, des leçons & des travaux payés. Il fit, d'après les modèles & sous les yeux de ce célèbre maître, plusieurs bas-reliefs : il fut chargé de quelques ouvrages subalternes pour l'église de St. Pierre pour les palais de plusieurs cardinaux. Ces occupations suffisoient a sa subsistance, & lui laissoient le ; loisir d'étudier les plus beaux monumens de l'antiquité.

Après dix ans d'études, il revint à Paris en 1651, y trouva la guerre civile, & auroit langui dans la misère, si son frère, chargé alors de faire le tombeau du duc de Montmorency, & quelques autres ouvrages pour les religieuses de Ste. Marie de Moulins, ne lui avoit pas donné de l'occupation. Il fit dans la même année le modèle de la statue de Louis XIII, qui fut jette en bronze à Narbonne.

Cet ouvrage, envoyé en province, devoit peu contribuer à sa réputation : mais il eut occasion, l'année suivante, de faire connoître son talent, par les douze figures en bronze posées sur le tabernacle de l'Institution. On en admira le tour fin & agréable. Enfin après deux ans de séjour en France il fur chargé de travaux considérables. Il décora, dans le vieux Louvre, l'appartement de la reine Anne d'Autriche, orné des peintures du Romanelli. « La sculpture de la première pièce, qu'il entreprit en 1653, consiste en huit grands termes, au milieu desquels sont placés les élémens en quatre médaillons. Les parties les plus étroites du plafond sont occupées par quatre satyres mâles & femelles, d'une grande beauté, emblêmes des saisons. Le haut de la voute fait voir l'année & les heures du jour, élégamment traités en bas-reliefs feints de bronze. »

« Dans la seconde pièce, des figures de fleuves désignent la Scéne, le Rhône, la Garonne & la Loire. Les quatre renommées, placées aux extrêmités du plafond, portent les armes du roi & de la reine ; elles sont belles, sveltes, & d'un très. beau caractére. Deux bas-reliefs, feints de bronze, représentant la France & la Navarre, ornent le haut de la voute. » « Les angles du plafond de la troisième pièce offrent des renommées & des génies ; ils grouppent avec des trophées & des monumens élevés à l'immortalité. Douze petits amoursportent une guirlande autour dugrand morceau de peinture qui forme le milieu de cette pièce. Dans le cabinet sont des vertus & huit petits génies dont chacun tient une fleur de lys. »

La magnificence royale du surintendant Fouquet, & le luxe de quelques particuliers donnèrent pendant quelques années de l'occupation à notre artiste, qui fut ensuite chargé par la reine Anne d'Autriche, de la plus grande partie des sculptures du Val-de-Grace. La nativité en marbre qu'il plaça sur l'autel, est regardée comme le plus beau grouppe qui soit sorti de sa main. I1 décora de seize figures de femmes l'intérieur de ce superbe temple. On lui reproche d'avoir trop multiplié les ornemens de la voure.

Il fit un mélange de la ronde bosse & du bas-relief dans le morceau qu'il exécuta, encore par ordre d'Anne d'Autriche, pour le grand-autel de St. Denis de la Chartre. Le sujet est Notre-Seigneur venant communier lui-même dans la prison ou Chartre, Saint-Denis & les compagnons. L'artiste s'est ménagé un effet piquant, en supposant la prison de forme circulaire, & faisant tomber la lumiere d'en haut. On estime aussi de lui le tombeau du maréchal de Souvré, à Saint-Jean-de-Latran, & le crucifix qu'il fit pour le cimetiere de St. Roch, & qui est aujourd'hui placé dans dans la chapelle du Calvaire. La décoration de cette chapelle est l'ouvrage de M. Falconet. Les derniers travaux d'Anguier, qui couronneront sa réputation, furent les statues & les bas-reliefs de la porte St. Denis. La statue de la Hollande & celle du Rhin, one été faites sur les dessins de Lebrun, qui voulant se réserver la gloire de tous les travaux faits pour Louis XIV, laissoit rarement aux plus habiles artistes la liberté de se livrer à leur génie.


Michel

I