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malgré tout le génie qu’il montre dans fes ajufteraens, n’a jamais produit ni le gracieux, ni rintérêt cjue les peintres François & Italiens dont j’ai parlé, déceloient partout. Et 51 étoit encore plus éloigné de cette fierté , de cette fouplefie, & de cetie grandeur que les Grecs & les meilleurs artiftes Romains, par la choix & par l’ordre de leurs l’Hs , ont fi magnifiquement développées.

Dans l’enfemble que nous venons de former fur les plis qui font le fujet de cet article , on trouve tous les détails de cette partie de l’art. Cependant nous ne garderons pas le filence fur quelques préceptes. Ils doivent fpécialonient fe trouver dans cet ouvrage. ■ On recommande e.Tenncllement dans les écoles do peinture la forme des yeux des ])lis , & ce n’cft pas fans raifon . : ce font eux qui caraclérifent les étoffes. Dans celles qui forit greffes & molles, les jreux des plis font ronds, & ils font aigus & cajfés dans celles qui font fèches ou fermes, foit que ces étoffes foient fines comme le taffetas ou cpaiffes comme le Velours & le camelot. ;’ '

Les angles aigus où ’obtu^ ’doîvént être préférés aux angles droits , ’ dans la ’difpofit !on des plis comme dans celle àes membres. Les formes abfbhiment régulières dépjaifent dans toutes les produdionspittorefqucs.il fautpartout de la balance fans fymmétrie : & quoique nous banniuions une certaine égalité géométrique , on veut, & particulièrement dans les pliSf ée la liai/on & de l’ordre. La liaifon eft indifpenfable ; car c’efl par elle qu’on juge que les vêteméns tiennent à la même perfonne. Si une partie nue interrompoit fèchement les plis , de manière qu’on ne pût lier leurs principes & leurs fins , ce feroir pêcher contre l’ordre qu’il faut tenir entre eux. La variété, des plis doit fe trouver dan ? la douce inégalité de leur groffeur , de leur fituation & de leurs formes. J’ai dit douce ; car fi les différences font dures & tranchantes, il n’y a plus d’ordre. Or l’ordre fe trouve même dans l’aifance tk la liberté avec lefquelles les plis doivent être difpofes.

Nous terminons cet article par un précepte qui pet’t erre ei’it été mieux placé dans le mot extrémités ; c’eft que leç plis des draperies ne doivent prefque jamais les dérober aux yeux , Ei qu’ils doivent laiffer voir les principales articulations du corps.

PrcEcipuï extremis raro internoi’m membris Ahditafint ; fed fumnia pedum vefiig’m nunguam. Dufreinoy j de arte graph.

(^Article de M. RasiN. ) ’

’ PLUME (fubft. fem. ) Dejin àlaphtme PLU

Cette manîet’e de defliner a été fouveni : pratiquée par les anciens peintres. Traitée avec facilité", elle n’efl guère moins expéditive que celle de defliner au crayon , & elle eft fufceptible de beaucoup d’efprit & de goût. On a un grand nombre d’études à la^Zurne , faites par le Tiiien. Plufieurs. maîtres après avoir fini leur deffin d’une plume libre & badine , en affuroient l’effet en l’accompagnant d’un léger lavis. L«s uns ont manié la plume Vivea une forte de libertinage pitrorefque ; les autres l’ont affujettie à une marche régulière, lui faifant fuivre le fens des chairs , celui des draperies & la fuite perfpeèiive. Un deflîn à la plume, lorfqu’elle eft maniée par un artifte qui a l’ufage de cet inftiument , peut l’emporter fur les charmes de la meilleure eauforte , parce que le deflinateur ne voit pas auiïï parfaitement l’effet de fon travail fur le vernis dont le cuivre eft couvert, que fur le papier. D’ailleurs la gravure à la pointe eft toujours foumife aux hafards de l’eau-forte , qui doit lui donner la profondeur convenable, au lieu que le dsff’nateur à laphtme n’eft ibumis à aucun hafard : l’effet qu’il a dans l’efprit, il peut le porter fur le papier ; il peut donner aux maffes l’effet qu’il lui plaît, frapper fes touches à fon gré, porter la vigueur au ton qu’il juge néceffaire, fans craindre, ainfi que dans la gravure, ]a néceffité de recourir à un inftruraent moins flexible , tel que le burin. Il faut ajouter que la pointe ne peut jamais avoir fur le cuivre un jeu aufli facile, que la plume fur le papier.

Quelques peintres ont deffiné d’une plume fine & légère : d’autres fe font fervis d’une grolTe/^/j^mÊ conduite avec feu , & , en apparence, fans aucun art, prodiguant l’encre par taches, l’étendant même quelquefois avec le doigt, & ils ont produit, dans cette manière brutale, des ouvrages juftement admirés des connoifleurs.

Des italiens récens ont eu la patience de faire à la plume des delTlns qui imitent d’une manière trompeufe le burin le plus pur. On ne peut voir ces ouvrages fans éprouverl’étonnement & la forte d’admiration que caufe une grande difficulté vaincue. Mais pourquoi fe propofer une difficulté qu’il eft inutile de vaincre ? Ce n’eft point ià le genre de la plume. Laiffons lui l’efprit & la liberté dont elle eft capable, & ne la foumettons pas à une régularité fer* vile dont elle efî : indignée. Elle eft flexible, légère, badine, pittorefquei ne lui raviflbns pas fes avantages.

La plume eft aujourd’hui généralement aban-r donnée par les peintres, & l’on peut fe plaindre de leur mépris pour un inftrument qui, dirigé I par dès doigts habiles, produivoit des ouvrages Jjjpleins de cia ;:œe&. Ilgive J.’employentpluï guère