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fition des tons , dans la belle entente des OiafTes d’ombre & do lumière.

Le goût phtorejqut dans les détails ne peut fe dénombrer, puilqu’il comprend tout ce . cjue l’art embraffe II fe trouve dans un arrangement do cheveux , dans le jet d’une draperie , dans le choix d’un ajuftement, d’une parure, dans celui d’un acceflbire. Un hafard heureux , la main d’un artifte rend pitcorefque , ce qui ne l’éroit pas.

Un pinceau facile, badin, ragoûtant, quelquefois bruta ! , des touches Ipirituelles &i piquantes, des laiflés intelligens, des réveillons de lumière, d’autres lumières éteintes à propos, dps ombres profondément fouillées, contribuent au p’utorefque de l’exécution. (L) Pittoresque. Genre p’utorefque. Dans le bel âge de la peinture, au temps de Léonard de Vinci, de Michel-Ange, de Raphaël, on ne connoiffoit qu’un feul genre pour la peinture de l’hilloire , & on poMrrcit le nommer le genre auftere. On n’y cherclioit que le raitbnnement, la pureté, le caradere, l’ex-^ preffion.

Mais quand, dans les âges pofiérîeurs, on eut attaché plus de prix aux parties fecondaires de l’art ; quand des agencemens agréables & les opérations manuelles le difputerent aux opérations du génie, & l’emportèrent même fouvent , il s’établit jufques dans la peinture de l’hiftoire, un genre que je crois pouvoir nommer vittorefque , parce qu’on y çnerche moins les parties poétiques de l’art , que celles qui appartiennent au métier de la peinture proprement dite. Alors on fit des tableaux d’hifloire, auxquels la voix publique donna le nom de bons tableaux , & qui furent louvent portés à un très-haut prix, quoiqu’il n’y eût point de génie, pas même de réflexion dans l’invention ni dans la diipofinon du fujet, point de beautés dans les formes, point de pureté dans îe d^’inn , point de caradère, point d’expreflTion. Çui failbit donc le mérite de ces tableaux ? Un beau métier, des ii]a^em.ers pittoreCques . des efïexs’ pittorefques , une touche , un pinceau vittorefque. Les peintres acquirent le privilèo-e de ne plu ? penfer : ils ajuffèrent , ils manœuvrèrent. ( L)

PLAFOND , ( Sabfl. mafc. ) Il s’écrîvoit autrefois Vlat-foni-

On appelle peindre des Vlafonds, l’art de décorer de peintures , non feulement ce qu’on nomme proprement un Plafond ; mais encoreune voûte en ceintre , en ogives ; ou en dôme. L’emploi de l’art de peindre , fera très-éren- • du , & on l’exercera toujours avec élévation , toutes les fois qu’on conviendra des bornes de fon pouvoir. La peinture ne s’étend pas jufqu’à tromper nos yeux ; ce n’efl : que par un fyf-P L A

tme peu réfléchi, qu’on luî a fuppofé cette taculte. Par-là, on lui enlève l’avantage de ie montrer dans les voûtes & fur lesPlafonds-/ T, a ^ ^^ ’""^ ^^ "^ fyilême deraifonnable. il elt lurtout bien extraordinaire de le trouver adopté même par quelques Peintres. On ne peut ans doute les acculer de projets formés contre es progrès & : l’extenfion de leur art : Ils ne s’y livrent que par abus de raifonnement & par manie de fupériorité d’efprit.

^ Les articles ; ;ein ;i^ ;-^ & vrûidecet ouvrage, etabhflent des principes fur les beautés réelles , aux quelles peut prétendre ie grand art de peindre. On y prouveque fbn but le plusnoble efl : de reprefenier la nature dans tous les mouvemens , «lousles fsces qui peuvent la montrer la plus belle- or puifque les aclions même font im.mobiles dans les tableaux, & puifque jamais la nature confidérée en elle-même n’eft conftamment belle & : choifie , il faut convenir que l’art du peintre ne-peut fe concilier avec une parfaite illulion, quand même il feroit parvenu au point de la produire par la jufteîfe des effets & par 1 emploi des couleurs égales aux teintes qu’offre la nature.

Si le Peintre étoit parvenu à produire’1'erreur, il faudroit bannir fes talens de beaucoup d’endroits ; mais furtout des plafonds. Rien n’y l’eroit plus inquiétant ni plus menaçant que les objets qui s’y repréfentent, fi l’on pou voit les prendre pour la nature elle-même.

Le genre le plus propre aux plafonds eft de tous hs genres de peindre le plus poétique, c^eft le plus fufçeptible de fublime & de choix, c’eft donc aufli le plus idéal. Le peintre doit y développer les idées les plus ingénieufes, qui puiffent s’offrir à l’efprit, & les effets les plus piquants qui puiiTént fe préfenteraux yeux. En charmant le fpeûateur par les plus fraîches , les_ plus vives & les plus riantes couleurs, il doit aggrandir les efpaces en multipliant les plans, & produire le plaifir que procure le mouvement & les formes du plus agréable enfemble.

La peinture fur les voûtes & les plafonds anime l’architeflure , fupplée aux effets qu’elle n’a pu produire faute d’efpace ; elle varie ce que celle-ci montre de trop uniforme , repofd les yeux fatigués des blancs dont fes parties font compofées, fe prête à toutes fes formesi remplit tous les cadres qu’elle a tracés poue les rendre gracieufes, & mafque les mouve] mens peu avantageux auxquels la force fou-j vent la néceffité d’affurer fes confl-ruélions. L’art de peindre es plafonds concourt avec l’avchitefture à expliquer d’une manière fpég ciale le caradère du lieu qu’elle a conftrtiitl Tout ce qu’elle veut faire coivioître , notrl art l’exprime , il l’écrit pour tous les hommes de tous les fiècles & de tous les pays. S’ill entrer