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fait : maïs elles font commo. ces hommes a q’-ii l’on ne fait pas attention , parce qu’ils n’ont pas de phyfionomies.

Ariftotej & après lui Porta, ont obfervé qu’il y avoit des hommes dont la phyfionomie avoit le caraflère de tête de certains animaux, d’où ils ont conclu qu’ils en avoient aulTilecaradère moral. Ce n’eft point une vérité phyfique , mais ce peut en être une pour l’artille, & je ne crois pas qu’il doive la négliger. Jtjles Céfar avoit quelque chofe du caiaflère de l’aigle ; BufFon , fi noble dans fon ftyle , fi grand dans fes idées , avoic une tête qui pouvoit reffembler à celle du lion. Winçkelmann a une idée au moins ingénieufe fur le mélange qu’il penfe que les anciens ont fait quelquefois de la phyfionomie de l’homme avec celle des animaux. Il croit que’ les arciftes grecs ne fe font pas contentés de comparer à la phyfionomie de quelques animaux celle de l’homme, mais qu’ils ont quelquefois relevé ) & même embelli le caratlère de certaines figures humaines, en leur donnant quelques traits de certains animaux. « Cette remarque , ajoute-t-il , qui pourroit » d’abord paroître abfurde , faute d’un examen » réfléchi, frappera certainement tout obferj ) vateur attentif, & lui en fera fentir lavérite dans les têtes de Jupiter & d’Hercule. 35 Pour peu qu’on examine la configuration » du roi des dieux , on découvre dans fes » têtes toute la forme du lion, le roi des 5) animaux , non-feulement à fes grands yeux » ronds, à fon front haut Se impofant, &à » fon nez mobile & gonflé^ mais encore à fa 3) chevelure qui defcend du haut de la tête, » puis remonte du côté du front, & fe partage en retombant en arc ; ce qui n’efl : pas » le caradère de la figure humaine , mais » celui de la crinière du lion. Quant à Hercule , les proportions de fa tête au cou nous » offrent la forme d’un taureau indomptable. » Pour indiquer dans ce héros une vigueur 33 & une puiffance fupérieures aux forces humaines , on lui a donné la tête & le cou de » cet animal , psrties tout autrement proporj 3 tionnées que dans l’homme , qui a la tête 53 plus groffe & le cou plus petit. On pour- >3 roit dire encore que les cheveux courts » fur le front d’Hercule, défignent une image » allégorique ; relativement aux crins courts B fur le front du taureau u.

Je lis dans Felibien des obfervatîons fur la phyfimomje que je crois devoir rapporter, parce qu’elles peuvent infpirer aux artiftes des obfervations encore plus décaillées, & les mettre fur la route des études qu’ils doivent faire pour cette partie.

Il remarque qu’il y a dans l’homme quatre ÎUimeurs qui fuivant qu’elles dominenc en lui P H y

■dnt les caufes de fes inclinations ; le peîntr* doit étudier quelle eft celle qui a le plus d’influence fur le çaraflère qu’il. veut représenter. C’efl : ce que la nature indique furtout parla couleur- qu’elle répand fur le corps en qui l’une de ces humeurs eft dominante : c’e.ft ainfi qu’elle marque la différence de l’homme fangum & du mélancolique.

i)i dans une perfonnç la couleur dominante eft pâle’, plomblée & livide, c’eft l’indice d’une bile noire , & d’une inclination vers la vindication , l’envie & d’autres partions qu’occafionne ce temperamment. Aufli le Pouffin, dans fon tableau du jugement deSalomon, a-t-il choifi ces couleurs pour repréfenter le méchant caractère de la femme qui ofoit réclamer un enfant qui ne lui appartenoit pas ; tandis qu’il . a répandu furie teint de la véritable mère une teinte un peu vermeille qui indique la bonté de fon caradère. Car les perlbnnes fanguines peuvent bien avoir des mouvemens paflàgers de colère, mais elles font ordinairement incapables de haine & de méchanceté. Quand on avertit Céfar de fe défier d’Antoine & de Oolabella, il répondit qu’il ne craignoit point ces teints frais & vermeils , mais bien ces hommes pâles & maigres, tels que Caffius & Brutus.

Il eft vrai cependant que les hommes qui ont un teint trop rouge & trop ardent pouront devenir à craindre parce que la chaleur furabondante du fang les rend emportés. Mais le peintre, pour exprimer les tempéramens , ne doit pas s’attacher à la couleur feule du vifage, qui peut même être modifiée par le genre de vie que mènent les hommes, lorfqu’ils font continuellement expofés aux intempéries de l’air au hâle des vens, à l’ardeur brûlante du foleil. Aufli le Pouffin, en indiquant par la couleur du teint la méchanceté de la faufle mère , n’a pas négligé d’indiquer fon caradère atroce par d’autres caractères qui tiennent aux formes tels qu’une maigreur & une féchereffe que caufe l’acide rongeur de la bile noire. Il n’eft pas inutile au peintre de connoître quelques-uns des jugemens que les phyfionomiftes ont porté fur la forme de la tête. Quoique ce folent des fignes trompeurs , il fuffic pour l’artifte qu’ils foient appuyés fur. un aflez grand nombre d’obfervations. Ils croyent , par exemple , qu’un vifage trop plein eft l’indication d’un caraâère lent & pareffcux , d’un efprit lourd, craintif, inconftant , préfomptueux , d’une humeur luxurieufe : tel étoit Vitellius. Au contraire , un vifage moyennement maigre , femble indiquer la prudence , l’attachement à l’étude, un efprit aftif : tels étoient Cicéron & Céfar ; & chez les modernes, Newton, Pope, Montefqui.eu.

Les phyfionomiftes veulent que la tête ^intue