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P ?è au clioix & à la précifion des fermes, ne trouvera pas. l’aliment qui lui leroit neceflaire ; & ce fera un lujet perdu po :;r l’art. Aufii , bien loin de torcer toutes les dilpofitions diverfes à fuivre la même route, il faudroic qu’elles trouvafleni toutes des confciis & des (butiens dans la même académie. Ce plan bien conçu & bien exécuté, feroic voir, dans la même nation , la févérité de Florence , les grâces de Parme, la puilTance du coloris des Vénitiens , les inventions des Franço’s , le pinceau doux & flatteur des HoUandois , à côté do la touche fière & vigoureufe des Efpagnols. Mais quand verra-t-on une li cronnante réunion ’ Ce fera quand un adminiflrateur également aûif, puifTant , inftruit & impartial , continuera de s’oppofer à ce qu’un peuple d’artiftes foit régi par un fyflême fpécial. Ce fera quand les talens divers feront également protégés, & quand le public pourra juger à loifir, que le gouvernement l’écouterj, & fuivra les arrêts. Car, encore une fois, h un feul peintre, ou même un petit nombre de peintres, auxquels fe joindront en foule des amateurs, àes connoiffeurs , des beaux ei’prits , des gens qui veulent le paroître , s’emparent de la fonflion de juger tous les peintres ; s’ils s’arrogent une forte de magiftrature avec pouvoir de leur marquer les rangs, de les élever ou de les déprimer à leur gré, ils n’apprécieront jatnais que les parties du talent qu’ils aiment ik qu’ils connolflent. Eh ! n’avons-nous pas vu Rubens méprifé fous le règne même de Lebrun & de le Sueur, & défendu par un amateur courageux, de Piles, qui fcul a remis avec effort l’es ouvrages en ellinie dans notre académie de peinture . Je no puis me rappeler fans honte, d’avoir entendu des hommes en réputation traiter comme ouvrages lans goût, les produélions de Raphaël , du Dominiquin , & de la fculpture antique.

Nous le répétons encore ; du defpotifme fur les artifles, naîrra la dégradation de la peinture. Si quelqu’efprit fort , original , & qu’on regardera peut-être alors comme indilcipiir.able , vient à fuivre fon penchant, & à fortir avec peine de la route battue , ce cas extraordinaire n’empêchera pas la force du fyftême de prévaloir , & de répandre dans les ouvra ges de peinture cette uniformité defiruclive de tous progrès , parce qu’elle eft effentiellement oppofée à cette loi de variété impofée par la nature.

Nous avons parlé à l’article injlruclion des dangers de la tyrannie des écoles , nous y renvoyons le ledeur. Nous ne nous foraaies laiffés aller au plaifir de rappeller ici nos opinions , que par l’influence que les académies peuvent ayoir fur les progrès ou la décadence P E I

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de l’art de peîiidre. Elles font de la pfjs grande utilité , qusnd plufieurs des articles qui les compoient font capables de donner àes inftrucliorîs fur toates les parties do la peinture., & fur les diftérçntes manières de réulTir dans t-oi^tes ces parties , & : quand ils fortifient leurs leçons par drs exemples tirés des ouvrages des grands maîtres. Gefî’ner, poè’te qui peignoic (i bien la nature , & peintre qui la reiidoit fi poétiquement dans fes dcfilns & dans fes gravures, GeHner, dis-je, engage tout peintre à difcourir ou à écrire fur la peinture , en s’appuyant fur chatjue point, par dos tableaux ou des ellampcs renommés. En fuivant ce vafte projet, on embraffera tous les genres de fuccès ; on montrera que, dans la compofitiun , il réfide un mérite qui part de l’r.me fenfible du peintre, Se un autre de l’imagination. Le ptemier ofl écrit dans les tableaux de Raphaël, du Pouflln , icc.j le fécond fe lie dans les fécondes produtlions de TempefLa , de Barocci , de Rubens , de Layrefï’e , de Giotdano , de la FofTo, de Jonvenet Se autres.. — Dans chacune de ces grandes divificns , il eft encore divers degrés faits pour les dilîérens efprits : ë-c les- talens qui en réfiilteront feront d’autant plus diflingucs , qu’ils tiendront à des conceptions libres, particulières 8z vraiment originales. Llne obfervation qui tend encore à la perfeftion de la peinture, c’elt de bien partager les emplois. (Qu’une imagination féconde , une exécution peu arrêtée foit chargée des plafonds, des grandies ordonnances. Le goût des grands enfcmbles & des compofitions de fafta y feront dans toute leur valeur ; mais les finelTes de l’exprefTion , des formes & des détails exacts feroient perdus dans les voûtes & à de grandes diftances. Oji jouit bien mieux d’un tableau de le Sueur Se du Pouifin dans le filence du cabinet , où chaque jour d’examen fait découvrir une nouvelle beauté-, qu’on ne le pourroit faire à un grand éloignement. Il faut être perfuadé que ni le même fentiment de deffin ni le même pinceau nç doivent appartenir à ces deux fortes d’ouvrages : la recherche des traits les plus fidèles , la lineffe , les grâces, ou la netteté de l’exécution font perdues dans les coupoles où le Guerchin & le Corrége ont manifefté Ic-s ■ grands traits des effets de la peinture. Ils’ If font entièrement par la nature de la peinture à frefque {voye Fresque^ Tandis que la fuite des tableaux précioux^idevant lefquels nous allions puifer de fi utiles leçons fous le cloître des Chartreux , lailfent à loifir admirer tout ce qu’un pinceau délicat & léger peut avoir d’agréable aux yeux d’un praticien , tout ce qu’un delTin pur & fplrituel peut montrfr" do vérités & de clarté , enfin tout ce que l’xine