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tnierieui", ont fait honneur à cette école, naquit à Avignon en 1711. Il s’eft rendu célèbre par fes marines & pir Tes payiages coinpofës d’après les vues des campagnes d’Italie. Il a pâlie un grand nombre d’années à Rome où fes ouvrages, recherchés des étrangers , éroient eftiraés des Iraiiens eux-mêmes.qui iembloient le compter au nompre de leurs artiftes. Il donnoit à les payiages , médiocrement variés , le charme de la nature ;, fans en faire le portrait leryile ; joignoit à la bonté de l’effet ce qu’on nomme la vétité de la couleur, & animoit fes figures d’un efpric qui fait le " cachet de res ouvrages. Sa réputation le fit appeller en France par Louis XV , pour peindre les vues des poris de mer de ce Royaume ; ouvragés ingrats en apparence , comme tous ceux qui mettent des entraves au génie des artifles , mais dans lefquels il fut rendre piquante & pittorefque la plus fcrupuleufe precifion. Quitte de cette tâche qui lui valut de îiouveaux applaudiffemens , il revint à fon preniier genre, & l’on eût dit, en voyant îes tableaux qu’il faifoit à Paris , qu’il avoit encoie foiu> les yeux, pojr objets’de fes études, les mêmes campagnes qui l’avoient autrefois infpiré. Il a travaillé jufqu’aux derniers temps de fa vie, fans que fon corps , fon efprit , fu gaité , l’on talent paruflent éprouver îes atteintes de la vieillefTe , & il eft mort à Paris, en 1786. âgé de foixante Se dix-fept ans.

Le Bas a gravé, d’après ce peintre, les vues des poris de France ; Baléchou, trois marines, dont on efiinie furtout la tempête ; Aliamet , Flipart, & d’autres graveurs , un grand nombre de tableaux.

(351) Jean-Baptiste-Marie Pierre, de 3’école Françolfe, né à Paris en 1715 , avoit de la fortune, & n’entra dans la carraère de de la peinture que par amour pour cet art. Le fentiment de fes richefles l’empêcha peut-être d’étudier avec l’ardeur qu’infpire le.belbin ; & il avoit reçu de la nature une facilité perfide , bien capable de faire négliger le travail afTidu , & qui ne le remplace jamais parfaiement. Il fit de grands progrès, c’c crut avoit aflez fait puifqu’il avoit égalé fes ri-aux. A fon retour de Rome, il parut avec éclat, & fut mis au nombre des meilleurs peintres vivans. On étoit juTte alors. Son plafond de la chapelle de’ la Vierge à S. Roch , icmbla l’élever au delTus de fes contempoiains , parce qu’aucun d’eux n’avoit exécuté une fi graiide machine, (*) Des ouvrages moins confidé- (i) Ce pbfond a cinquante- (îx pieds dans nn diamètre , & quarante-huit dans l’autre : l’élévôçi»n lie la coupole elt de <Si.x-neuf j’jeds,

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rables foutînrent fa réputation. On y vît £e la facilité, un affez bon caraflère de deflin, un iiyle qui ne manquoit pas de noblelfe , une bonne manière de peindre, iine couleur qui n’étoit ni meilleure ni pire que celle de fes rivaux , enfin tout ce qu’alors exigeoit i’école Françolfe : on continua d’applaudir. Il quitta les pinceaux dans la force de l’âge., 8c déjà depuis long-temps il ne peignoir plus quand il devint premier peintre du roi & direfteur de l’académie. Dans cette place il fit des mécontens , on trouva qu’il l’exerçoit avec falle , avec empire. Les artiftes qui croyoient avoir à fe plaindre de lui n’en parlèrent que comme d’un artiffe méptifable , & perfuadérent les gens du monde qui connoiffent peu les ouvrages de l’art , & qui ne prononcent que les jugemens qui leur font dictés. La vérité eft que fi Pierre ne doit pas être compté entre les grands maîtres , que s’il eut même de grands défauts, il fut cependant un peintre de beaucoup de mérite, & que fà carrière, qu’il a franchie avec honneur, eût été fans doute plusbrillante, fi moins de fortune lui avoit impofé la néceffité du travail. Il avoic des manières nobles , de l’efprit, & une teinture fuffifante des lettres. Il eft mort à Paris en 17S9 , âgé de foixante & quatorze ans.

Nie. Dupuis a gravé , d’après Pierre , Saint-François , tableau d’une eflimable fimpiicité qui fe voit à Saint-Sulpice ; L. Lempereur , l’enlèvement d’Europe ic les forges de Vulcain ; J. M. Preiller , une baccanale & Ganyniede enlevé.

( 351) Antoine-Rapha.ei Mengs, de l’école Allemande, naquît à Aul’zig, ville de Bohême en 172S. Il fut élève d’Ifmaël ïon. père , peintre en miniature & en émail , qui après l’avoir tenu affez long-temps à defliner, fans régie ni compas , des figures de géométrie , & l’avoir fait enfiiiie deifiner d’après des plâtres moulés oa copiés fur l’antique 8c d’après nature , le conduilit de benne-heure à Rome où il l’aftreignit à copier au crayon les plus beaux rcfires de l’art des Grecs, la chapelle Sixtine de Michel-Ange, & les loges de Raphaél. C’étoît lui ouvrir la route du grand ; mais lui-même contraria la marche qu’il lui avoit fait prendre , en le forçant à peindre des compofiîions confidérables , telles que des tableaux entiers de Raphaël, en miniature & en émail. Ifroaël étoit peintre d’Augufle IIÎ éleileur de Saxe & roi de Pologne. ; le jeune Raphaël, de retour dans fa patrie, ne tarda pas à recevoir le même honneur, & après un fécond voyage à Rome, il fut nommé premier peintre de ce fouverain. Mais fe climat de Drefde étoit contraire à fa fanté ;