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efl : mort dans la première de ces villes, en 1719, âgé de quatre-vingt-un ans. F. Barcolozzi a gravé d’après ce peintre , deux eftampes de jeux d’enfans, & Jac. Mar. Giovannini la communion des Apôtres. (151) Joseph Parrocel , de l’école Françoife, né dans la ville de Brignoles en Provence, en 1648, é[oit fils d’un peintre, &cut un frère nommé Louis qui fc confacra au même art j fans le faire de réputation. Jofeph n’avoit que douze ans lorfqu’il perdit fon père. Il vint paifer quelques années à Paris, y reçut les confeils des plus habiles artiftes qui s’y trouvoient alors, & fut obligé de s’y (butenir par fes talens naiflahs. C’étoit à Rome qu’il devoit les perfedionner ; il eut le bonheur d’y avoir pour maître le Bourguignon , & il alla à Venife étudier les grands colorifles.

Son mérite fut accueilli à Paris dès qu’il y fut rentré : il eut le bonheur d’être loué par Louis XIV lui-même , & l’on fait que le fuffrage de ce prince entraînoit^tous les lufFrages. Jamais arcifco ne dut moins fa fortune à de lâches complaifances. Le célèbre architeète ManCard fut nommé furintendant des bàtimens : cette place lui donnoit la dirpolition de tous les travaux commandés pour la Cour,- il devoit à Parrocel le prix de quatre tableaux. Le peintre, qui ne pouvoir être payé, n’htflta pointa faire afligner le lurintendant , à obtenir contre lui une condamnation par corps , & : à faire arrêter fon carroffe. Manfard, pour fe venger , fît enlever le tableau du pafTage du Rhin, de la place qu’il occupoit dans le fallon de Madi. Mais le roi s’en apperç^ut , & ordonna que le tableau fût placé à Veriailles, dans la chambre même du confeil.

Parrocel , peintre de batailles, avoit lui-même un courage digne d’un guerrier. Seul il avoit mis en fuite à Venife , fur le pont de Rialto , fept ou huit Icélérats appoftés poLr l’affalïïner. Aufli donna-t-il, mieux qu’aucun autre peintre , le mouvement & l’expreffion du courage aux figures de fes tableaux : il trouvoit Vander Meulen trop froid à cet égard, & il difoit que ce peintre nefavoit pas tuer un homme. Parrocel ne fe bornoit pas au génie des latailles -, il peignoir auffi l’hifloire , & les connoifTances qu’il avoit acquifes dans cette première partie de l’aw , le mettoit au deffus des peintres qui ne cultivent qu’un genre inférieur. On peut voir à Notre-Dame , Saint-Jean prêchant dans le defert. Le château de Verfailles, les Invalides, l’hôtel de Touloufe renferment auffi. des monumens de fon talent comme peintre d’hiftoire.Il faut cependant convenir que c’eft aux batailles qu’il doit fa réputarion ,& , dans ce genre , il égale fon maître à tout autre égard , & le furpaffepar une couleur brûlante. « Son pin-P E I

» ccau , dit Dandré Bardon , e(î plein da feu &■ » decetenthoufiafmequi étonne & qui ravit. li » n’avoit jamais fuivi les armées, mais fcn » heureux gtnie fuppléoit à tfiut ce qu’il n’avoit » pas vu ». Il efl mort en J704, âgé de cinquan»eiix ans.

Il a gravé lui-même à l’eau-forte plujîeurs de les compofitions. L. RouUet a gravé d’après lui David préfentant à Saiil la tête & l’épée de Goliath.

Ignace Parrocel , élève & neveu de Jofeph, a beaucoup approché de la manière de fon oncle dans le genre des batailles. II a travaillé en Italie & à Vienne & efl : mort à Mons en 1712.

Pierre Parrocei, frère d’Ignace & : nevea de Jofeph, naquit à Avignon en 1664. Il fut d’abord élève de fon oncle, enfuite de Carie Maratte, à Rome. Il fuivit le genre de l’hiftoire ; fes principaux ouvrages font en Languedoc , en Provence, & dans le Comtat. Il eft mort en 1739 , à l’âge de foixante’ & quinza ans.

Charles Parrocel, né à Paris en 1689, fih de Jofeph , fe confacra au genre de fon père , eut moins de chaleur dans le coloris , mais plus de vérité. Il s’étoit engagé dans la cavalerie pour mieax étudier les fujets qu’il devoit repréfenter. Il fut’choifi pour peindre les conquêtes de Louis XV. Les tableaux dans lefquels il a repréfenté l’entrée de l’ambalTadeur Turc ont été très eflimés ; on les a exécutés en tapiffcries au Cobelins. Il efl mort en 1752 , âgé de foixante & trois ans.

Defplaces a gravé, d’après lui , la chaffe aux tygres & la chaffe aux lièvres , & Preifler une rencontre de cavalerie.

(252) Elisabeth - Sophie Chêron, de l’école Françoife , née à Paris en 1648 , étoit fille d’un peintre en émail. Elle a peint l’hiftoire & le portrait à l’huile, en émaii & en miniature. Ses talens furent encourages par Lebrun lui-même, & ce fut ce grand artifle qui la préfenta à l’académie royale. Elle oravoit à Teau-forte & au butin ’ ; mais ce qui affurera le plus da durée à fa réputation , ce font les pierres antiques qu’elle a deffinées & dont elle a gravé elle-même une partie. Elle efl morte à Paris en i7£i , âgée de foixante & trois ans. Elle n’étoit déjà plus jeune , quand elle époufa un M. Hzy.

Louis ChIron, frère d’Elifabeth - Sophie, naquit à Paris en 1660. S’IL e{l moins connu que fa fœur , ce n’efl pas qu’il ait eu moins de talens. Il avoic beaucoup étudié à Rome les ouvrages de Raphaël. Son deflîn étoit pur , fa couleur foible, fes compofitions un peu froides. On voit deux tableaux de lui à Notre-Dame l’un repréfenté Héiodiade tenant la tête de