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aux Anges, par le même, le massacre des innocens, par Loir : la Magdeline pénitente, par Edelinck : la galerie de Versailles, par différens graveurs. La grande thèse, gravée par Edelinck, peut être aussi regardée comme un beau monument du talent de le Brun.


(184) Herman Swanevelt, dit Herman d’Italie, est compté parmi les peintres de l’école Hollandoise, parce qu’il est né en Hollande, & que son premier maître fut un artiste Hollandois : le long séjour qu’il a fait en Italie donne aux Italiens le droit de le revendiquer. Il naquit en 1620, on ne sait en quelle ville ; quelques-uns croyent que ce fut à Voerden, & l’on soupçonne qu’il reçut de Gérard Douw les premières leçons de l’art de peindre. Ce qui est plus certain, c’est qu’il alla de bonne heure à Rome, & qu’il y fut élève de Claude Lorrain. Formé par ce grand maître dans l’art du paysage, il reçut de la nature des leçons encore plus savantes. On le rencontroit souvent seul hors de Rome, tantôt étudiant les beautés de la campagne, tantôt celles de l’art antique dont cette contrée posséde tant de débris. Ses promenades studieuses & solitaires le firent appeller l’Hermite.

Il a de la fraîcheur, de la légéreté, une touche sûre & savante : sa couleur est moins chaude que celle de Claude Lorrain, ses tableaux font moins d’effet, son paysage est moins beau, mais il lui est bien supérieur pour la figure & les animaux. Il gravoit bien à l’eau-forte, & les épreuves de ses planches sont recherchées des amateurs. Ses tableaux sont rares, du moins hors de l’Italie. On en voit deux au Palais-Royal ; l’un est une vue de Campo-Vicino, l’autre un paysage enrichi de figures & d’animaux. Il est mort à Rome : M. Huber place sa mort en 1690.


(185) Bartholomée Bréenberg, de l’école Hollandoise, n’est guère connu en France que sous le nom de Bartholomée. Il naquit à Utrecht en 1620, & il alla étudier en Italie la belle nature & les ouvrages des grands maîtres dans le genre de l’histoire & dans celui du paysage. Il a peint en petit, & ses tableaux sont précieux. On trouve de la noblesse, de l’art, de la vérité dans ses paysages & dans ses figures. Il ornoit ordinairement ses ouvrages de ruines d’architecture, & les figures dont il accompagnoit ses paysages représentent le plus souvent des sujets d’histoire. Il est vraisemblable qu’il a quitté de bonne heure son pays, il est certain du moins qu’il n’en a rien conservé, à moins qu’on ne veuille regarder la finesse de la touche comme un caractère distinctif de l’art hollandois. On connoît plus cet artiste en France que dans sa patrie. Il a peint en


grand, mais avec beaucoup moins de succès. Ses gravures à l’eau-forte, pleines d’intelligence, sont justement recherchées, & les bonnes épreuves en sont rares. Il est mort en 1660, âgé de quarante ans.

On voit deux tableaux de ce peintre au cabinet du roi, & un plus grand nombre au Palais-Royal.


(186) Philippe de Wouwermans, de l’école Hollandoise, né à Harlem en 1620, eut pour père un très médiocre peintre d’histoire qui fut son premier maître : il prit ensuite des leçons de Jean Wynants, artiste plus estimé, & se perfectionna par l’étude de la nature. Le peu que l’on sait de sa vie est affligeant. Ses ouvrages aujourd’hui recherchés, étoient déjà bien payés de son temps ; mais il l’ignoroit ; c’étoit qui secret que se réservoient les marchands qui s’enrichissoient de son travail & le laissoient dans la pauvreté. Pour subsister misérablement, pour subvenir aux besoins les plus pressans de sa famille, il étoit obligé de travailler sans relâche, & l’amour de son art ne lui permettoit de négliger aucun de ses ouvrages. Il n’en connut le prix que dans ses dernières années, & ne vécut pas assez pour tirer un grand profit de cette découverte. On a dit qu’après la mort de Bamboche, il avoit profité secrettement des études de ce peintre qu’il eut soin de détruire quand il sentit sa fin prochaine, pour dérober ses plagiats à la postérité. On dit d’un autre côté que le Bamboche ne dessinoit pas d’études, & portoit du premier coup ses pensées sur la toile ; ce qui est contradictoire. D’ailleurs on sait que Wouwermans montra le même talent avant & après la mort du Bamboche.

« Ses sujets les plus ordinaires, dit M. Descamps, étoient des chasses, des foires de chevaux, des attaques de cavalerie, &c. Plusieurs de ses paysages sont simplement composés ; d’autres sont enrichis d’architecture : là c’est une façade de château, ici c’est une fontaine, partout c’est une variété toujours nouvelle. Aucun peintre ne l’a surpassé dans l’art du dessin en ce genre ; sa couleur est excellente ; il avoit la magie d’adoucir sans ôter la force ; il est gras & pâteux. Des touches fermes, mais pleines de finesse, l’ont rendu impossible à deviner. Il règne dans ses tableaux beaucoup d’harmonie & d’entente de clair obscur. Ses compositions sont larges, & la division de ses plans imperceptible ; ses lointains & ses ciels, ses arbres & ses plantes, tout est une imitation exacte de la nature. On remarque que ses premiers ouvrages, avec le même flou & la même vapeur, n’avoient pas tant d’intelligence ; les oppositions étoient trop crues : une masse


d'ombre,