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ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE,

OU PAR ORDRE DE MATIÈRES,

PAR une Société de Gens de Lettres, de Savans & d’Artistes ; précédée d’un Vocabulaire universel, servant de table pour tout l’Ouvrage, orné des portrait de MM. DIDEROT & D’ALEMBERT, premiers éditeur de l’Encyclopédie ; publiée in-4º. à deux colonnes, cinquante-trois volumes de Discours & sept volumes de Planches ; caractère, format, justification, & papier pareils au présent prospectus, proposée par souscription, du premier mai mil sept cent quatre-vingt-deux, au prix de sept cent cinquante & une livres.

On souscrit à Paris, chez PANCKOUCKE, hôtel de Thou, rue des Poitevins ; à Liège, chez PLOMTEUX, imprimeur des États ; & chez tous les libraires & directeurs des postes de l’Europe.

La méthode des Dictionnaires, inconnue à l’antiquité est d’une utilité qu’on ne peut contester ; ils sont faits pour être le dépôt des Sciences ; & l’Encyclopédie imaginée par MM. D’ALEMBERT & DIDEROT, achevée par eux & par leurs Associés avec tant de succès, malgré ses défauts, en est un assez bon témoignage.

VOLTAIRE, Q. sur l’Encycl. p. 278, T. III, & Mélanges.

Les hommes de génie, qui, vers le milieu du dix-huitième siècle, ont entrepris de parcourir le cercle & d’embrasser la chaîne des sciences, de rendre compte au genre humain de ses connoissances & de ses lumières, de lui révéler le secret de ses richesses, d’en mettre le dépôt entier sous ses yeux pour l’encourager & l’aider à en acquérir de nouvelles, en lui montant le point où il est parvenu, & celui où il peut s’élever encore ; ces hommes sont sans doute des citoyens précieux : ils ont bien mérité des lettres, de la patrie, & de l’humanité.

Mais après la gloire d’avoir produit un livre si utile, il en est une dont on doit encore être jaloux ; c’est celle de donner à ce même livre tous les degrés d’utilité dont il est susceptible : c’est l’objet de cette Encyclopédie méthodique, ou par ordre de matières.

Pour donner au public une idée de ce qui reste à faire, si l’on veut porter ce grand ouvrage à sa perfection, nous citerons le jugement que M. Diderot, un des principaux éditeurs de l’Encyclopédie, en a lui-même porté.

« L’imperfection de l’Encyclopédie a pris sa source dans un grand nombre de causes diverses. On n’eut pas le temps d’être scrupuleux sur le choix des travailleurs. Parmi plusieurs hommes excellens, il y en eut de foibles, de médiocres, & de tout à fait mauvais ; de là cette bigarrure dans l’ouvrage, où l’on trouve une ébauche d’écolier à côté d’un morceau de main de maître ; une sottise, voisine d’une chose sublime ; une page écrite avec force, pureté, chaleur, jugement, raison, élégance, au verso d’une page pauvre, mesquine, plate & misérable. Les uns travaillant sans honoraires, par


pur attachement pour les éditeurs & par goût pour l’ouvrage, perdirent bientôt leur première ferveur ; d’autres, mal récompensés, nous en donnèrent, comme on dit, pour notre argent ;… il y en eut qui remirent toute leur besogne à des espèces de Tartares qui s’en chargèrent pour la moitié du prix qu’ils en avoient reçu. Les articles communs à différentes matières ne furent point faits, précisément parce qu’ils devoient l’être par plusieurs ; on se les renvoyoit l’un à l’autre. L’art de faire des renvois suppose un jugement bien précis…l’on négligea de remplir les renvois qui appartenoient à la partie même dont on étoit chargé…. On trouve souvent une réfutation à l’endroit où l’on alloit chercher une preuve…. Il n’y eut aucune correspondance rigoureuse entre le discours & les figures, &c. »

Nous sommes bien éloignés d’adopter en entier ce jugement un peu rigoureux sur un ouvrage dont M. Diderot pouvoit se croire en droit de faire les honneurs ; car si l’Encyclopédie, considérée dans chacune de ses parties séparées, est très-incomplète, il n’est pas moins vrai qu’elle renferme une multitude d’articles excellens, faits de main de maître, auxquels il faut bien se garder de toucher. Il y a même des parties presque entières, comme les Mathématiques, la Littérature, les Arts & Métiers méchaniques, qui sont plus complètes dans l’Encyclopédie que dans aucun autre ouvrage ; & on ne doit jamais perdre de vue, en corrigeant & en complétant ce dictionnaire, en lui procurant les degrés de perfection qui lui manquent, qu’il a été composé en grande partie par les hommes les plus célèbres de notre nation, & que dans son état d’imperfection il est


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