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P E I d’ouvrages en laine, ou des femmes se hâtoient d’expédier leur tâche, tableau qui me paroit être du genre du premier Antiphile, puisque celui-ci peignoit en petit ; car je ne suppose pas que ce sujet tiré de la vie commune, fût traité en figures grandes comme nature.

(25) PAUSIAS, de Sicyone, d’abord éleve de Briès, son père, & ensuite de Pamphile. Nous avons vu qu’Apelles, éleve de Pamphile, crut que, pour acquérir plus de considération, il devoit se mettre quelque temps sous la discipline des maîtres de Sicyone, & voilà qu’un peintre de Sicyone entre à grands frais dans l’école de Pamphile. C’est une de ces nombreuses difficultés qui se trouvent dans l’histoire de l’Art antique, parce que de tous les auteurs qui en ont traité, il ne nous reste que Pline qui en a écrit briévement sans avoir toutes les connoissances néccssaires ; & que si d’autres écrivains ont parlé de l’art ou des Artistes, ce n’a été qu’en passant.

Pausias peignoit à l’encaustique. Il voulut réparer au pinceau des murailles peintes autrefois par Polygnote & il se montra inférieur à lui-même, parce qu’il n’avoit pas combattu dans son genre. Ce passage de Pline prouveroit, comme l’a très-bien remarqué Scheffer, savant dans les lettres ; & instruit dans l’art de peindre, que l’encaustique des anciens ne se peignoit pas au pinceau, que le travail s’établissoit comme celui de la mosaïque, par pièces de cire rapportées, qu’on les appliquoit avec des brochettes de fer, & qu’on faisoit ensuite éprouver à l’ouvrage l’effet du feu.

Pausias fut le premier qui peignit des plafonds : on n’avoit pas auparavant l’usage d’orner ainsi les appartemens. Quoiqu’il fût au rang des plus grands peintres, il aimoit à faire de petits tableaux & y représentoit volontiers des enfans : ses envieux prétendirent qu’il prenoit ce parti parce qu’il peignoit lentement. Ce reproche le piqua & pour montrer qu’il étoit capable de joindre la promptitude à l’art, il fit un tableau qu’il finit en un jour & qu’on appella Hémérésios, c’est-à-dire, l’œuvre d’un jour : c’étoit encore un enfant qu’il représentoit.

Il aima dans sa jeunesse Glycere qui inventa les couronnes de fleurs, combattit d’émulation avec elle, & porta cet art juqu’à l’assortiment de la plus grande variété de fleurs. Il peignit Glycere elle-même assise & ceinte d’une de ces couronnes qu’elle faisoit avec tant d’adresse. Ce fut un de ses tableaux les plus célebres ; & Lucullus en acheta deux talens ou 10800 livres une simple copie. Cette copie étoit peut-être un double de la main de l’Auteur.

Pausias a fait aussi de grands tableaux au


nombre desquels ètoit un sacrifice de bœufs qui fut apporté à Rome & exposé dans le portique de Pompée.

(26) AETION. C’est avec beaucoup d’incertitude que nous plaçons ce peintre entre les contemporains d’Apelles, de Protogêne, de Nicomaque : nous n’avons, pour nous déterminer, qu’un passage de Cicéron qui le nomme avec ces Artistes, sans dire cependant qu’il ait vécu dans le même temps : ce que ce passage permet de soutenir avec plus d’assurance, c’est que s’il ne fut pas leur contemporain, il fut du moins leur égal ; & le témoignage de Cicéron est appuyé de celui de Lucien. Du temps de celui-ci on voyoit encore en Italie un tableau d’Aëtion qui représentoit les nôces d’Alexandre & de Roxane. L’appartement étoit de la plus grande beauté, ainsi que le lit sur lequel Roxane étoit assise tenant les yeux fixés sur la terre : cette expression peignoit en même temps la pudeur de la jeune épouse & le respect que lui inspiroit le Héros. Un amour placé derriere Roxane lui enlevoit en riant son voile & la montroit à son époux : un autre ôtoit une des sandales du Prince, comme pour l’inviter à prendre place sur le lit ; un autre le prenoit par son manteau & le tiroit vers Roxane. Alexandre présentoit une couronne à la Princesse. Hephestion tenoit le flambeau nuptial & s’appuyoit sur un adolescent d’une grande beauté qui représentoit l’hymen. Toute la scène inspiroit la gaieté, tous les amours étoient rians. Ils se jouoient avec les armes d’Alexandre : on en voyoit deux qui portoient sa lance ; ils plioient sous le poids comme des ouvriers qui portent une poutre : deux autres en tiroient un troisiéme qui étoit couché sur le bouclier, comme s’ils eussent traîné en triomphe le Héros lui-même : un autre encore, pour les effrayer quand ils passeroient près de lui, s’étoit caché dans la cuirasse. Aëtion exposa ce Tableau aux jeux olympiques, & Proxenidès, qui cette année étoit le juge des jeux, fut si charmé de l’ouvrage, qu’il donna sa fille à l’Auteur.

Lucien ne dit que par conjecture que l’enfant sur lequel s’appuyoit Héphestion étoit un Hyménée, & il remarque que le nom de cette figure n’étoit point écrit. Les Grecs avoient donc conservé, même dans les beaux siécles de l’art, la coutume barbare d’écrire sur les tableaux les noms des personnages qui y étoient représentés. On retrouve encore cet usage dans un tableau d’Herculanum, ouvrage d’Alexandre d’Athenes.

Pline remarque qu’Apelles, & ses contemporains, & tous ceux qui les avoient précédés, n’employoient que quatre couleurs ; le