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PAS PAS 613


laisse tomber au hazard le corps, qui, par accablement enfin, reste à terre étendu, sans mouvement, dans l’attitude que le poids a dû prescrire à sa chûte.

Quant aux traits du visage, les sourcils s’élèvent par la pointe qui les rapproche ; les yeux, presque fermés, se fixent vers la terre ; les paupières abbatues sont enflées, le tour des yeux est livide & enfoncé, les narines s’abbattent vers la bouche, & la bouche elle-même entr’ouverte, baisse ses coins vers le bas du menton ; les lèvres sont d’autant plus pâles, que cette passion approche plus de son période. Dans la nuance des regrets seulement, les yeux se portent par intervalles vers le ciel, & les paupières rouges s’inondent de larmes qui sillonnent le visage.

Le bien-être du corps & le contentement de l’esprit produisent ordinairement la joie.

L’épanouissement de l’ame l’accompagne.

Les suites en sont la vivacité de l’esprit & l’embellissement du corps.

Divisons cette partie en nuances :

Satisfaction.

Sourire.

Gaieté.

Démonstrations, comme gestes, chants & danses.

Rire qui va jusqu’à la convulsion.

Eclats.

Pleurs.

Embrassmens.

Transports approchans de la folie & ressemblans à l’ivresse.

Les mouvemens du corps étant, comme je viens, de le dire, des gestes indéterminés, des danses, &c., on peut en varier l’expression à l’infini. La nuance du rire involontaire a son expression particulière, surtout lorsqu’il devient en quelque sorte convulsif : les veines s’enflent, les mains s’élèvent premiérement en l’air en fermant les poings, puis elles se portent sur les côtés, en s’appuyant sur les hanches ; les pieds prennent une position ferme, pour résister mieux à l’ébranlement des muscles. La tête haute le penche en arrière ; la poitrine s’élève ; enfin, si le rire continue, il approche la douleur.

Pour l’expression des traits du visage, il faut en distinguer plusieurs.

Dans la satisfaction, le front est serein ; le sourcil, sans mouvement, reste élevé par le milieu ; l’œil net & médiocrement ouvert, laisse voir une prunelle vive & éclatante ; les narines sont tant soit peu ouvertes ; le teint vif, les joues colorées & les lèvres vermeilles : la bouche s’élève tant soit peu vers les coins, & c’est ainsi que commence le sourire.

Dans les nuances plus fortes, la plupart de ces expressions s’accroissent. Enfin, dans le rire


& les éclats, les sourcils sont élevés du côté des tempes, & s’abbaissent du côté du nez ; les yeux, presque fermés, se relèvent un peu par les coins, du même sens que les sourcils ; la bouche, qui laisse voir les dents, s’entr’ouvre en retirant les coins & en les élevant en haut ; il s’ensuit de là que les joues se plissent, s’enflen, & surmontent les yeux ; enfin les narines s’ouvrent ; les larmes, par cette contraction générale, rendent les paupières humides, & le visage animé se colore.

Parcourons de même les nuances que fait éprouver à l’ame & au corps le mal corporel en différens dégrés.

La sensibilité est, je crois, la première. Après elle, viennent :

La souffrance.
La douleur.
Les élancemens.
Les déchiremens.
Les tourmens.
Les angoisses.
Le désespoir.

Les signes extérieurs de ces affections sont des crispations dans les nerfs, des tremblemens, des agitations, des pleurs, des étouffemens, des lamentations, des cris, des grincemens de dents. Les mains serrent violemment ce qu’elles rencontrent ; les yeux arrondis se ferment & s’ouvrent avec excès, se fixent avec immobilité ; la pâleur se répand sur le visage ; le nez se contracte & remonte ; la bouche s’ouvre, tandis que les dents se resserrent ; les convulsions, l’évanouissement, & quelquefois la mort en sont les suites.

L’ame, dans les souffrances extrêmes, paroît éprouver un mouvement de contraction : elle se retire, pour ainsi dire, & tous les esprits se concentrent. Les efforts qu’elle fait produisent l’égarement & le délire : enfin l’abbattement & la perte de la raison front naître une espèce d’insensibilité.

Il est une autre sorte de mouvemens qu’occasionne le plus ordinairement la paresse & la foiblesse, tant du corps que de l’esprit.

C’est de-là que naissent :

L’irrésolution. La timidité. Le saisissement. La crainte. La peur. La fuite. La frayeur. La terreur. L’épouvante.

Les effets intérieurs de cette passion sont l’avilissement de L’ame, sa honte & l’égarement de l’esprit.

Les effets extérieurs fournissent des contrastes dans les gestes, des oppositions dans les mem-