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PAS

car les sourcils qui s’abbaissent vers le milieu du front, font que le nés, la bouche & les yeux suivent le même mouvement.

Dans le pleurer, les mouvemens seront composés & contraires ; car le sourcil s’abbaissera du coté du nés & des yeux, & la bouche s’élévera de ce coté-là. Il y a encore une observation à faire ; c’est que si le cœur est abbatu, toutes les parties du visage le sont aussi.

Mais au contraire, si le cœur ressent quelque passion qui l’échauffe & le roidisse, toutes les parties du visage tiennent de ce mouvement, & particulierement la bouche ; ce qui prouve ce que j’ai déja dit, que c est la partie qui, de tout le visage, marque plus particulierement le mouvement du cœur : car il est à observer que lorsqu’il se plaint, la bouche s’abbaisse par les côtés ; que quand il est content, les coins de la bouche s’élevent en haut ; & que s’il a de l’aversion, la bouche se pousse en avant & s’éleve par le milieu.

CHAPITRE I Admiration simple. Cette passion ne causant que peu d’agitation, n’altere aussi que très peu les parties du visage ; cependant le sourcil s’éleve, l’œil s’ouvre un peu plus qu’à l’ordinaire, la prunelle placée également entre les paupieres, paroit fixée vers l’objet ; la bouche s’entrouve & ne forme pas de changement marqué dans les joues.

CHAPITRE II . Admiration avec étonnement. Les mouvemens qui accompagnent cette passion ne sont presque différens de ceux de l’admiration simple qu’en ce qu’ils sont plus vifs & plus marqués : les sourcils sont plus élevés, les yeux plus ouverts, la prunelle plus élevée au-dessus de la paupiere inférieure est plus fixe, la bouche est plus ouverte, & toutes les parties sont dans une tension beaucoup plus sensible.

CHAPITRE III . La tranquillite. Comme nous avons dit que l’admiration est la premiere & la plus tempérée de toutes les passions, & celle où le cœur sent le moins d’agitation, le visage reçoit aussi fort peu de changement en toutes ses parties, & s’il y en a, il n’est que dans l’élevation du sourcil ; mais il aura les deux côtés égaux. L’œil sera un peu plus ouvert qu à l’ordinaire, & les, prunelles situées également entre les deux paupieres, & sans mouvement, seront attachées sur l’objet qui aura cause l’admiration. La bouche sera entrouverte, mais elle paroitra sans altération ainsi que les autres parties du visage. Cette passion ne produit qu’une suspension de mouvement, un état de tranquillité, pour donner le temps a l’ame de déliberer sur cequ’elle doit faire & pour considérer avec


attention l’objet qui se presente à elle : car s’il est rare & extraordinaire, du premier & simple mouvement d’admiration s’engendre l’estime.

CHAPITRE IV . L’attention & l’estime. Les effets de l’’attention sont de faire baisser & approcher les sourcils du côté du nés, tourner les prunelles vers l’objet qui la cause, ouvrir la bouche, surtout dans sa partie supérieures baisser un peu la tête, & la rendre fixe, sans aucune autre altération rémarquable.

L’estime ne peut se répresenter que par l’attention & par le mouvement des parties du visage qui semblent être attachées sur l’objet qui cause cette attention : car alors les sourcils paroîtront avancés sur les yeux & pressés du côté du nés, l’autre partie étant un peu élevée ; l’œil sera fort ouvert, & la prunelle élevée. Les muscles & les veines du front paroîtront un peu gonflés, ainsi que les veines qui sont autour des yeux. Les narines seront tirées en bas, & les joues médiocrement enfoncées à l’endroit des machoires. La bouche sera un peu entrouverte, & les coins inclinés le retireront en arriere.

CHAPITRE V . La Venération. Mais si de l’estime s’engendre la vénération, les sourcils seront baissés en la même situation que nous venons de dire, & le visage sera lui-même incliné ; mais les prunelles paroîtront plus élevées sous les sourcils. La bouche sera entr’ouverte, & les coins retirés, mais un peu plus tirés en bas que dans la précédente affection. Cet abbaissement des sourcils & de la bouche marque la soumission & le respect que l’ame éprouve pour l’objet qu’elle croit au-dessus d’elle. La prunelle élevée semble marquer que l’ame s’éleve vers l’objet qu’elle considère & qu’elle reconnoît digne de vénération.

Si la vénération est causée par un objet pour lequel on doive avoir de la foi, alors toutes les parties du visage seront abbaissées plus profondément que dans la première affection ; les yeux & la bouche seront fermés, montrant par cette action que les sens extérieurs n’y ont aucune part.

CHAPITRE VI . Le ravissement. Si l’admiration est causée par quelqu’objet qui soit au-dessus de la connoissance de l’ame, comme peut être la considération de la puissance de Dieu & de sa grandeur, alors les mouvemens d’admiration & de vénération formeront le ravissement qui sera produit par le même objet que la vénération, mais considéré différemment. Aussi les mouvemens ne sont pas les mêmes. La tête se panche du côté gauche ; les sourcils & la prunelle s’élèvent directement. La bouche s’entr’ouvre, & les deux côtés sont aussi un peu élevés : le reste des parties demeure dans