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MIL’ divers animaux, mais ordinairement d’animaux terribles. Les guerriers subalternes n’avoient quelquefois qu’un cimier en forme de bouton, & sans panache. Du temps de Polybe, le casque du jeune soldat étoit un simple armet, couvert de peau de loup ou de quelqu’autre animal ; le soldat plus âgé qui avoit l’armure complette, portoit un casque d’airain, surmonté de trois plumes rouges ou noires, hautes d’une coudée.

CATAPULTE . Machine de guerre qui servoit à lancer des pierres énormes, & n’étoit guére moins terrible que les canons & les mortiers des modernes. Nos pères l’appeloient bombarde, & en ont fait usage jusqu’a l’invention du canon, & même quelque temps après. « On lançoit les pierres avec la catapulte, dit d’André Bardon, par le moyen d’un cuilleron. Le manche de ce cuilleron étoit engagé dans un échevau de cordes qui le tenoit dans une position perpendiculaire fortement attaché contre la pièce de traverse où, dans l’instant de la détente, le cuilleron devoit frapper. Lorsqu’on vouloit lancer la pierre, on le baissoit à force par le secours d’un cabestan, jusqu’à ce qu’il fût engagé dans le ressort qui devoit le contenir. On mettoit alors la pierre dans la coupe du cuilleron, & d’un coup de maillet donné sur le ressort qui l’enchaînoit, on lâchoit la détente. Soudain le cuilleron, par son élasticité, se portoit avec une rapidité extraordinaire vers le centre où il étoit engagé, & frappant avec violence contre la pièce transversale, sur le coussinet plein de paille hachée, poussoit la pierre au loin par une progression circulaire d’une force terrible. On a vu des catapultes qui lançoient à plus dé cent vingt-cinq pas des pierres de trois cents livres pésant. Joseph raconte qu’au siège de Jérusalem, il y en avoit d’assez fortes pour les jetter jusqu’à deux stades. Appien dit que Sylla, dans la guerre contre Mithridate, avoit des balistes qui jettoient au loin vingt grosses balles de plomb à la fois. Il y avoit des catapultes-balistes, qui ne différoient de celles qu’on vient de décrire que par un canal qu’on y ajoutoit, & dans lequel on disposoit des javelots de manière qu’ils étoient lancés au loin par le même effort qui lançoit les pierres. Les catapultes de campagne, beaucoup moins fortes que les autres, étoient fixées sur de petits chariots, & on les faisoit agir sans les déplacer. » On peut consulter sur les bombardes de nos pères l’histoire de la milice françoise par le P. Daniel. Vitruve a décrit la catapulte, ainsi que la baliste, mais d’une maniere fort obscure.

CAVALERIE . Nous avons vu que, dans les siécles héroïques, on appelloit chevaliers ceux qui combattoient sur des chars, & qu’on ne connoissoit point alors d’autre cavalerie. Homere donne souvent au vieux Nestor le titre de cavalier, Hippora Nestor, & assurément ce prince ne combattoit point à cheval.

La cavalerie de certains peuples combattoit sur deux chevaux attachés ensemble. Ils n’avoient point de housse, afin que le cavalier ne risquât pas de s’embarrasser les jambes en sautant d’un cheval sur l’autre.

L’antiquité a connu les chevaux bardés ; les romains les nommoient cataphracti, & ils avoient emprunté du grec & le mot & la chose. Cette expression signifie des chevaux munis d’armes défensives.

Dans la cavalerie pésante, le guerrier étoit armé d’une cuirasse d’écailles, de corne, ou de lin. Il avoit des cuissards. Le cheval étoit armé lui-même d’un chanfrein qui lui garantissoit la tète & avoit les flancs bardés.

Aléxandre forma une troupe qu’on peut comparer à nos dragons puisqu’elle combattoit à pied & à cheval. Elle faisoit en plaine le service de la cavalerie, & dans les lieux où l’on ne pouvoit se servir de chevaux, celui de l’infanterie. On remarque que ce corps étoit armé moins pésamment que l’infanterie, & plus que la cavalerie ordinaire, ce qui prouve que, jusqu’alors, la cavalerie avoit consisté en troupes légères.

Dans un ouvrage destiné aux artistes & aux amateurs des arts, nous ne nous serons point de scrupule de copier un artiste ; & ce que nous allons ajouter, sera transcrit du costume des anciens peuples par Dandré Bardon.

Les monumens anciens prouvent que la cavalerie romaine, depuis Romulus qui l’institua, n’est point d’autre vêtement, d’autre armure que l’infanterie. Le simple corselet sans manteau, un casque à oreillettes, quelquefois surmonté de légères lames festonnées qui tenoient lieu d’aigrette, une cravatte ou mouchoir pour hausse-col, des chausses où tenoit la sandale, formoient l’ajustement des cavaliers : les chausses éroient quelquefois tailladées vers le cou-de-pied. Une courte, épée, un bouclier de cuir de bœuf, un javelot ou une lance étoient leurs armes offensives & défensives. La seule qui leur fût propre, & dont l’infanterie ne faisoit point usage, étoit une boule de fer ou de plomb, emmanchée d’un bâton assez court : elle faisoit apparamment l’office de la massue des temps héroïques, de la masse d’armes de nos pères, & du casse-tête des sauvages de l’Amérique.

La cavalerie arboroit pour étendart, l’aigle, le dragon volant, & le labarum qui étoit une petite banière, attachée à une pique surmontée d’une aigle. Sous les empereurs chrétiens, le labarum porta le monogramme du Christ, c’est à dire un P au milieu d’un X, & il fut surmonté d’une