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d’y tenir à présent le canon du fusil, on appuyant la crosse contre l’épaule droite.

La fronde étoit connue au siège de Troye ; mais on ne voit pas que les principaux guerriers en fissent usage : ils jettoient seulement des pierres avec les mains. Agamemnon combat à la lance, à l’epée & avec des pierres. Les guerriers abandonnèrent dans la suite cette manière de combattre, & l’on ne le servit plus des pierres, cire pour les lancer du haut des murailles sur les assiégeans. se célèbre Pyrrhus, qui appt it aux Romains à le vaincre, fut tué, si l’on en croit Justin, d’une pierre qui lui fut lancée, lorsqu’il tenoit Antigone assiégé dans Argos. Plutarque rapporte qu’il tut tué dans la ville d’une tuile, qu’une vieille femme lui jctta sur la tête du haut d’un toit.

On pense bien que des héros qui prenaient pour armes les pierres qu’ils trouvaient ficus leurs pas, durent employer en guerre contre les ennemis les haches fortes & tranchantes qu’ils consacroient aux arts en temps de paix, & qu’ils ne durent pas non plus abandonner l’arme d’Hercule. Mais la maflire d’Hercule n’avoit été que de bois ; celles des héros qui parurent au siège de Troye étiient de fer. Ces deux armes étoient encore employées par nos ayeux sous le nom de haches d’armes & de masses d’armes.

Quoiqu’Homère nous prenne que les massues de ses héros étoient de fer, il n’en est pas moins vrai que les autres armes, & sur-tout les défensives, étoient d’airain, comme il le dit. Cela est prouvé par les armes anciennes de ce métal que Pausanias vit conservées dans plusieurs temples de la Grèce, & par celles de Théfée, trouvées dans son tombeau, par Cimon, fils de Miltiade. Servius Tullius ordonna que les armes défensives de la premiere classe des guerriers de Rome fussent d’airain.

Les armes des capitaines Grecs étoient chergées d’ornemcns ciselés, sur-tout les cuirasses, les casques & les boucliers.

Dans les temps héroïques, on nourrissoit des chevaux pour la guerre, & souvent Homère donne à ses guerriers le titre de dompteurs de chevaux : il entre même dans un grand détail fur la manière dont on les panloit, sur la nourriture qu’on donnait. Cependant il ne paroît pas qu’alors alors on eût une cavalerie proprement dite, & ceux qu’or. appelloit alors des cavaliers, combattaient sur des chars. Julius Pollti, dit expressément, qu’Homère ne connoissoit pas d’autre cavalerie. Deux guerriers montaient à la fois le même char ; l’un tenait les guides & l’autre combattait ; souvent le cocher n’étoit pu un homme moins ; illustre que le combattant, & quelquefois ils s’offraient mutuellement l’alternative de combattre ou de conduire le char. On y entroit par la partie postéricure. Il s’éleveit en s’arrondissant sur le devant, à hauteur d’appui, & ceux qui le montaient s’y tenoient debout au moins dans ie temps du combat, car on sait qu’ils avaient un siege. Ces chars étoient chargés d’ornemens. Homère nous raconte que celui de Rhesus étoit orné d’or & d’argent, & celui de Diomède d’or & d’étain. Quoique nous ne devions pas regarder les détails de ce poëte comme des verités historiques, ils nous apprennent du moins les otages de son siècle, & nous sont voir qu’alors l’argent & l’étain étaient employés presqu’indifférenrment & pour les chars & les armures. Les chars étaient quelquefois entourés de voiles ou de ridaux : mais ce que dit Homère est insuffisant pour nous faire connoître comment ces pièces d’étoffes, destinées sans-doute à garantir les guerriers du soleil & de la poussière, étoient adaptées au char.

Les rênes étaient ornées de métal ou d’ivoire : les mors étaient quelquefois aussi ornés d’voire, teint de couleur de pourpre. Cet ornement, dit Homère, étoit Werve aux chevaux des Rois.

Les chars n’étoient ordinairement traînés que de deux chevaux attelés de front. Cependant il parait qu’Hector en avoir quatre & qu’il leur auresse la parole, dans le huitième livre de l’Illiade. Il est vrai que les Scholies attribuées à Didyme, réduisent ce nombre à deux ; mais leur interprétation me parut forcé. D’ailleurs il est certain qu’Homère connoissoit les chars à quatre chevaux, puisqu’il compare à la légèrete de leur courte la marche du vaisseau des Phéaciens qui conduisit Ulysse à Ithaque : mais l’usage de trois chevaux étoit plus ordinaire : le troisième étoit attelé de la manière que nous appelions en arbalête.

Il seroit assez difficile d’etablir qu’elle étoit la tactique dans les temps héroïques ; il le seroit même de prouver qu’il y en cils une : cette ignorance où nous sommes est favorable aux arts qui s’accordent mal de la trop grande régularité, & qui tirent un parti avantageux d’un heureux désordre.

Homère cependant nous fait le tableau d’une ordonnance qui a été approuvée dans des temps où l’art de la guerre avoir fait des progrè : Nestor place à la tête les chevaux & les chars, il place derrière la nombreuse & vaillante infanterie, qu’il regarde comme le rempart de la bataille ; & les troupes les plus lâches, il les met au centre, pour qu’elle fussent malgré elles obligées de combattre.

Le même poète nous peint la phalange cette ordonnance si sorte, si difficile à ébranler, que Philippe renouvella dans la suite pour en avoir lu la description dans l’Illiade, & qui doit être comptée entre les causes de ses victoires

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