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que dans cette vue, il ne faut mettre aucun verni sur ces sortes d’ouvrages.

Tout ce que nous venons de dire sur le luisant, le doit faire regarder comme un des désavantages de la peinture à l’huile. Cependant nous conviendrons qu’il ajoute dans les petits tableaux à ce qu’ils ont de précieux. Il en fait autant de bijoux, autant de jolis tableaux d’émail. La manière nette, propre & lisse des petits tableaux flamans & hollandois, concourt encore à cet éclat séduisant qui fait porter ces jolis tableaux à des prix incroyables ; parce qu’en les acquérant, on met à l’écart tout ce que, dans les productions de la peinture, on est en droit d’attendre de grand, de noble, de choisi, de correct & d’instructif.

Nous venons de considérer le luisant par rapport à la matière qui constitue les tableaux à l’huile, il faut actuellement l’envisager du côté de l’art.

C’est un défaut dans la plupart des tableaux fortis des Ecoles allemandes, flamandes & hollandoises, que d’arrondir tellement les objets qu’ils montrent par tout l’effet qui ne doit appartenir qu’aux corps luisans de leur nature. Cela vient peut-être de ce qu’ayant copié les effets de la lumière dans des lieux renfermés, les peintres de ces Ecoles ne les ont pas aussi étudiés dans les instans & dans les lieux où la lumière rend les masses qui la reçoivent larges & exemptes de cette multitude de demi-teintes qui les rétrécissent, & ne sont propres qu’à produire une lumière petite & brillante. Sans exclure ce dernier effet, qui existe comme l’autre dans la nature, on peut dire qu’il est moins propre aux grandes scènes, & qu’il ne doit jamais être employé dans celles où le soleil répand sa lumière.

La pratique offre à la sculpture divers moyens d’imiter la surface des corps ; mais c’est sur-tout sur le marbre qu’elle les employe pour rendre le luisant, & atteindre celui des corps les plus polis.

La gravure rend les corps luisans, non-seulement en copiant avec justesse les tons qui les expriment dans les tableaux qu’elles copient ; mais encore par la disposition des tailles simples, nettes, larges & fermes jusqu’à la lumière. Des cuirasses, des meubles de bronze & de dorure dans les ouvrages de Balechou, de Masson, de Drevet & autres grands artistes, prouvent jusqu’où l’art peut porter l’expression des surfaces luisantes, malgré la simplicité des moyens qu’il employe. (Article de M. Robin).

LUMIÈRE, (subst. fém.). Il a été déjà traité de la lumière, à l’article Conférence, où l’on a insére celle du Bourdon sur cet objet, & aux articles Effet & Jour.


On distingue quatre sortes de lumières, c’est-à-dire, que la lumière peut se communiquer aux objets de quatre façons différentes, 1º. Elle peut venir d’en haut, tomber à plomb sur un objet, & en éclairer la partie éminente ; elle se nomme alors lumière principale ou lumière souveraine. Elle doit dominer, mais elle ne doit pas être répétée : on la rappelle seulement par échos sur diverses parties de la composition. Voyez l’article Echos.

2º. La lumière peut ne faire que couler sur les objets, & on la nomme lumière glissante. Elle s’étend d’une teinte plus égaie que la lumière souveraine.

3º. La lumière, en s’éloignant du principe qui la produit, perd de : son éclat, & se confond avec la masse d’air dans laquelle elle nage & se noye enfin. On la nomme lumière diminuée ou perdue.

4°. Un corps sans être éclairé lui-même, peut emprunter la lumière du corps qui l’avoisine, & duquel elle réjaillit : c’est ce qu’on nomme lumière réfléchie. Ce rejaillissement lumineux est toujours proportionné à l’éclat du corps qui l’occasionne, & celui qui le reçoit, emprunte en même temps des nuances de l’objet qui les lui communique.

On peut aussi considérer la lumière relativement aux différentes parties du jour : elle n’est pas la même le matin, à midi & le soir. Voyez la conférence de Bourdon sur la lumière à l’article Confférnce.

La lumière peut encore être considérée relativement à l’expression du sujet. Elle doit être éclatante, modérée, obscure, suivant que le sujet est gai, tempéré ou triste.

La lumière participe de la couleur de l’objet qui la cause. Si elle vient immédiatement du soleil, elle est d’un blanc doré ; de la lune, elle offre une blancheur argentine ; d’un flambeau ou du feu, elle est rouge. Une observation attentive fait appercevoir des nuances dans ces variétés. Lalumière n’a pas la même couleur, si elle émane d’un soleil pur, ou enveloppé de vapeurs ; si elle est causée par un flambeau résineux ou par une bougie de la plus belle cire ; si elle vient d’un feu clair ou d’un incendie fumeux. Des préceptes détaillés sur ces objets, seroient longs, obscurs & peu utiles il faut que l’artiste observe toutes les manières dont les objets de la nature peuvent être éclairés.

On peut établir sur le jeu de la lumière plusieurs règles dont il faut étudier le principe dans la nature.

L’effusion de la lumière ne frappe pas avec une force égale les différens corps qu’elle éclaire : elle diminue en proportion de l’éloignement où le corps éclairé se trouve du corps lumineux.

Si deux lumières se rencontrent, la plus


Beaux-Arts. Tome I. PPP