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fouvenez-vous que les lois de la perfpeftive , qui eft cette fcience, font l’interprétation des lois de la nature (r). Si vous croyez pouvoir vous pafler de recourir aux opérations que prefcrit cette fcience , on peut vous traduire à fon tribunal & vous y juger.

Les jours de votre tableau ne font donc pas arbitraires. Dès que vous en avez fixé le foyer , le premier que vous répandez détermine effentiellerusnt tous les autres.

Répétez-vous fouvent , en prenant votre palette, qu’elle ne contient aucune couleur qui foit lumineufe par elle-même.

Le blanc n’eft pas plus le jour or la lumière, que le noir n’eft la nuit ou l’ombre. Le jour eft une expanfion continue de la lumière ; l’ombre en eft une privation partielle Mais le blanc n’eft que du blanc , avec le fecours duquel , à la vérité, vous pouvez modifier chaque couleur ; & le’noir n’eft que du noir, dont l’emploi eft dangereux. Ces deux couleurs ne deviennent que trop aîfement & trop fouvent des taches dans un tableau. ( Article de M. ^A telet.) Parties du JOUR. Le peintre, en colorant, devroit ne fe difpenfer jamais de fixer dans fon imagination l’inftant du jour où fe parte l’adion qu’il repréfente. Ses études, fes obfervations ont dû lui faire diftinguer les différences qui cara&érifent la lumière , & par conféquent les couleurs dans les principaux momens de la journée , & dans les différentes i’aifons. S’il n’a pas fait ces obfervations très-effentielles , ou il ne fera aucune diftinétion entre les divers accidens que la lumière éprouve dans les différentes parties du jour, & alors il ne s’occupera qu’à régler les effets des lumières & des ombres d’après un ou deux points donnés ; ou bien il adoptera feulement une diftinflion vague de la lumière du matin & de celle du foir. Dans la première fuppofition , les effets qu’il établira pourront être très-juftes ; mais la couleur des lumières & des ombres étant pour lui toujours la même , on croira , dans tous fes tableaux , voir toujours le même tableau. Dans la féconde fuppofition , il aura deux manières au lieu d’une , (i) L’obf.-rvation de ces loixn’eft pas toujours rigoureufe, puifque le peintre a la liberté d’introduire des lumières & des ombres accidentelles , dont la caufe , qui doit toujours être vraifemblable , peut être fuppofée hors du rableau. D’ailleurs , comme le* loix du deflïn , au moins dans le grand ftyle , lui ordonnent, de négliger les petites formes , qu’on appelle les pauvretés du modèle , celles du clairobfcur, ou plutôt de l’harmonie , lui preferivent d éteindre de petites lumières qu’offie la nature , mais qui détruiraient l’accord de fon ouvrage & le fecoient papilloter. ( Note eu. Rédafleur. )

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! & c’eft encore s’éloigner trop peu de la monotonie 

dans un art qui a de fi grandes reflburces pour l’éviter. Les deux défauts que nous venons d’indiquer tiennent un rang confidérable entre les caufes qui la produifent.

Dans les fujets aériens , & qui fe paffent dahs la campagne , le peintre a encore , pour la variété de la couleur , une grande reffburce dans l’obfervation des différentes faifons. Chacune d’elles porte un caractère de couleur bien marqué , indépendamment des accidens qu’elle* occafionnent dans les êtres infenfibles , des différentes occupations qu’elles imposent aux êtres vivans , des différens vêtemens qu’elles obligent les hommes d’adopter. ’Article de M. #^Atelet.) J U

JUGEMENT, (fubft.mafc.) On entend, par ce mot , une décifion portée fur un objet. » Le jugement, à-peu -près général , des artiftes » & des connoiffeurs qui ont vu le tableau de » la transfiguration , doit perfuader à ceux qui n n’ont pu le voir, que c’eft le chef-d’œuvre » de Raphaël. » Voyez fur ce mot , pris dans cette acception, les articles Amateur, Coh-NOISSAKCÉ, CRITIQUE.

On entend auffi, par ce mot, la faculté de juger les convenances d’un objet même avant qu’il exifte. C’eft une qualité bien effentielle aux artiftes & à ceux qui les emploient. L’artifte a déjà trouvé le fujet qu’il doit traiter. C’eft au jugement à lui faire connoître quelles figures il doit y faire entrer, quelles font les figures qu’il pourrait y admettre , & qu’il fera cependant mieux de rejetter ; dans quelle difpofition il doit les ordonner pour qu’elles contribuent, auffi puiflamment qu’il eft poffible , à l’effet que doit produire ce fujet , ou, ce qui eft la même chofe, à Ton exprefiîoi* générale. Aucune de ces choies n’exifte encore que dans le jugement de l’artifte ; car s’il les avoit placées fur le papier ou fur la toile avant de les juger, il les y auroit portées par un fimple mouvement de fa main , & fans aucune participation de fon jugement. Manière abfurde d’opérer Se qui cependant n’eft pas fort rare. C’eft auffi d’avance que le jugement doit régler le fite , les acceffoires, le choix de la lumière, la couleur générale.

Cette qualité de l’efprït eft néceflaire à ceux qui emploient les artiftes , pour ne pas contrarier les convenances du lieu, des circonftances, de l’emplacement, &c.

Mais comme le jugement fuppofe des idées •fur lefqu elles il opère , & que les idées de l’art en fuppofent des connoiffances étendues & précifes , qui appartiennent fpécialement aux 1 artiftes, le meilleur ufage que pourra faire de

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