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pîs ténu de le faire paroître avec tous ces défauts dans un ouvrage dont il eft le héros principal. ]s donne , fuivant l’ufage , à cette partie de l’art le nom d’hiftori’que , quoiqu’il taille plutôt lui donner celui de poétique , comme elle l’eft en effet ; car ce n’eft pas là dénaturer un fait, mais feulement prendre une liberté poétique.. Le peintre doit fuppléer aux défauts de fon art. Il ne peut pas dire , comme un hiftorien, que fonfaintavoitmauvaife mine , mais qu’il avoir de grandes vertus -, que fon héros etoit boiteux , mais qu’il étoit un grand homme : ce n’eft que par la grandeur extérieure qu’il peut repréfenter la grandeur morale ( i )

C’eft par le moyen des couleurs que le tableau produit fon premier effet ; & c’eft d’après cet effet que le fpeclateur qui fe promené dans une galerie s’arrête ou continue fa marche ; pour que le tableau frappe, au premier coupd’oeil , le fpe&ateur par fon enfemble , on doit éviter avec foin tous les petits accidens de lumière & la trop grande variété des teintes : il faut répandre fur tout l’ouvrage une certaine tranquillité , une certaine fimplicité -, & c’eft à quoi le coloris uniforme & large contribuera beaucoup.

Le foin que le peintre d’hiftoire doit mettre à éviter les détails des couleurs , il faut auflï qu’il le porte à ne point dégrader fes conceptions en mettanc dans fes draperies une variété affectée d’étoffes & de deffins ; car cette bizarrerie tient du ftyle mei’quin. Raphaël eft encore le plus grand maître dans cette partie. La multiplicité des figures eft encore un vice dans ce genre. Il eft impoflible qu’un tableau compofé d’un trop grand nombre de parties, produile l’effet d’un feul tout parfait , & cet effet eft néceflaire à la grandiofité. Quoiqu’il foit vrai , en géométrie , que plufieurs petites chofes forment un grand tout , cela n’a pas lieu en fait de goût. Le fublime remplit tout-d’uncoup l’imagination d’une grande idée ; ce n’eft qu’un feul élan de l’efprit. (M. Reynolds , quatrième àlfcours. )

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JOUR, ( fubft. mafc. ). Ce mot, dans l’art de peintura, eft fynonyme de lumière, & (i) Entre les célèbres pcrfonnages de l’antiquité , il en eft un à qui l’artifte ne pourroit donner la beaut 1 ; c’eft Socrate. Sor portrait eft tellement connu, que le fpeâateur ne pourroir fe p :êter à l’illuGon, fi l’on hafardoic de lui préfenter ce philofophe fous des traits majeftueux. Quoiqu’il ne nous refte pas de portraits • antiques d Efope , l’idée, peut-être fauffé, de fa difformité eft devenue fî générale, qu’elle doit former fon caraitèie extérieur dans un ouvrage de l’art. ( Nvte du Rédaâeur. )


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s’emploie plus ordinairement au pluriel qu’au fingulier.

. On dit , les jours font dlfpofés avec intelli~ gence dans ce tableau. Il faut, pour parvenir à l’harmonie , que différens jours 71e difputent pas avec la lumière principale. On voit, par ces exemples, que dans l’art de peindre, le mot jour eft le même que le mot lumière , & l’un & l’autre de ces termes a principalement rapport à ce qu’on nomme clair -obfcur.

Pn dit encore dans un fens relatif à l’art, choifir un jour favorable pour peindre ; un jour favorable au modèle d’après lequel on peint ; enfin un jour favorable au tableau qu’on expofe aux yeux.

Il s’agit , dans ces différens fens , d’une lumière naturelle ou artificielle qui éclaire avantageufement pour l’artifte, ou pourlefpectateur, l’ouvrage qu’on deffine ou qu’on peint , ou celui qu’on- expofe aux regards.

Le choix des jours eft important. Les artiftes connoiflent combien un jour favorable eft avantageux à leurs travaux & : à l’effet de leurs ouvrages.

Le jour que l’on tire du midi a des propriétés oui le diftinguent infiniment au jour que donne l’afpeét du nord. Celui-ci, plus égal fans doute, n’eft pas expofé aux variétés , quelquefois incommodes pour le travail de l’artifte , que produit le foleil ; mais il eft trifte & ne prête pas aux couleurs des corps & aux reflets , ces tons brillans & chauds qui donnent du charme à la peinture.

Quant au jour favorable ou défavorable aux ouvrages qu’on expofe aux yeux des fpeflaeurs , les jours qui viennent en face des tableaux gênent ceux qui les regardent , Se ne font pas avantageux aux ouvrages peints à l’huile. II eft difficile de trouver un point de vue qui faffe difparoître le luifant que portent aux yeux la couleur & le vernis. Un feul jour qui éclaire de côté , en gliffant fur les tableaux qu’on re* garde, eft celui qu’on doit préférer ; ma : s lorsqu’on conftruit un lieu deftihé à expofer des tableaux qu’on veut préfenter dans le jour le plus favorable , on remplit fon but auflï parfai* tement qu’il eft poflibie en faifant defeendre la lumière par le plafond ou par les parties fu» périeures.

L’avantage pour les ouvrages de peinture ainfi éclairés eft fi grand, que, s’il étoit généralement connu, on regarderoit cet objet comme le plus elfentiel dans la difpcfition d’une galerie ou des cabinets deftinés à faire jouir de tous les charmes que peut offrir la pein-> ture,


Beaux-Arts. Tome I. N n n