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( 143 ) Jacques- Philippe Lebas , né à Paris en 1708 , mort dans la même ville en 1782 , a été long - temps le plus connu des graveurs françois qui vivoient en même-temps que lui. Il étoit parvenu à fe rendre fi fameux , en mettant fon nom aux eftampes même très - médiocres , & quelquefois mauvaifes , que fes nombreux élèves gravoient dans fon attelier. Perfuadé qu’il n’y a qu’un petit nombre de connoifieurs, il penfoit que l’artifte dont on voit le plus Souvent le nom eft regardé comme le meilleur , Se la réputation qu’il s’eft acquife a prouvé qu’il ne fe trompoit pas. Mais elle auroit été plus folide , s’il n’eût avoué que les morceaux qu’il avoir graves lui-même, ou du moins qui avoient été avancés par de bons élèves , & qu’il avoit terminés. Il méritera toujours une place honorable entre les artiftes qui fe font diftingués par le goût. Il avoit une touche piquante & fpirituelie, qui donnoit de la vie Se de la grâce même à des travaux médiocrement préparés. Il eft le premier , après Rembrandt , qui ait fait un grand ufage de la pointe-rèche , & fes élèves ont perfectionné cette manœuvre.

( 144 ) Jean-Jacques Flipart a gravé longtemps d’une manière large , moëlieulè Se empâtée. Il a conçu dans la fuite que la gravure , étant une forte de peinture monochrome , devoit cacher fes hachures qui laiffent toujours entr’elles des blancs plus ou moins nuifibîes au repos. Alors il a préparé Se considérablement avancé à l’eau - forte des travaux fort ferrés , établiffant des fécondes, des troisièmes , Se même des points , enlbrte que, fur le vernis, la planche fembloit être faite. Mais pour fe rendre maître de tous ces travaux multipliés, îl les faifbit mordre tiès - foiblcment à l’eauforte , Se les repvenoit au burin avec une patience d’.n.tanr plus grande qu’ils avoient moins de folidité. Il a fait dans cette manière , que Soutman ou Sompelen pouvoier.t lui avoir infpirée , d’excellentes eftampes , dans lefquelles la longueur du travail ne nuit point au goût , & qui font auffi eftimables par la précifion du deifin que par lafjufteue de l’effet. (145) Claude-Henri Watelet, né à Paris en 1718, mort en 1786, auteur d’une partie confidérable de ce dictionnaire , a été l’un des amateurs qui ont gravé avec le plus de fuccès. Son œuvre eft nombreufe. Il s’eft appliqué dans les dernières années de fa vie à rechercher & à imiter la manière de Rembrandt. Il en a trouvé la manœuvre, & il eft fans doute bien excufable s’il n’en a pas retrouvé l’art, qui ne peut être renouvelle que par un artifte de la îcience la plus profonde.

( 146 ) Jean-Louis le Lorrain , mort à Petersborg vers 1758, peintre à talent, a gravé à l’eau-forte : feS travaux n’ayoient rien de re-G R A

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marquable, mais il les animoit pas la vigueur de la touche.

( 147 ) Jacques Aliamet , né à Abbeville en 1727 ? & mort à Paris en 1788, a commencé fa réputation par la gravure de ces petites eftampes qui fervent à l’ornement des livres , & qu’on appelle vignettes. Il l’a augmentée par les belles eftampes qu’il a gravées d’après NI. Vernet. Il a perfectionné la manœuvre de la pointe-sèche créée par le Pas dont il étoit l’élevé. Sa gravure eft fuave : il connoiflbit la valeur des touches, & : les frappoit avec jufteffe. Ennemi des eftampes noires, il cornparoit leur effet au jeu de ces acleurs qui s’éloignent de la nature , crient Se grimacent fur le théâtre pour fe faire applaudir de la multitude. (148) William ^y/zneRyiAND, né à Londres en 1732 , mort en 1783 , a gravé à I’eau-fortede la manière la plus pittorefque. Au badinage de fa pointe , à la hardiefTe de fa touche , à la sûreté de l’effet, on le prendroitpour un peintre. Il a fait des planches terminées , dans lefquelles an admire l’accord heureux & facile de la pointe avec le burin. Il a auffi gavé dans la manière pointillée. Ses talens lui avoient acquis de la fortune ce de la coniidération ; mais il s’eft rendu coupable d’un crime de faux , & il a fini fa vie d’une manière ignominieufe. (149) Saiomon Gessner , né à Zurich en 1734, mort en 1788 , eft l’un des hommes qui ont illuftré la Suifiéfa patrie. Ses idylles font en général d’un genre qu’il a créé & que l’antiquité n’a pas connu ; elles joignent aux charmes de la poéfie le mérite d’infpirer les vertus les plus douces. Geffner étoit en même-temps poète, imprimeur, deffirrateur , graveur, & il fe fit peintre dans les dernières années de fa vie. J’ai fous les yeux les eftampes dont il a orné l’édition de fes idylles, donnée à Zurich en 1773. Sa pointe eft agréable, fpirituelle, badine Se ragoûtante. Souvent on defneroit plus de correction dans le deffin de fes figures , plus de beauté , plus d’expreffion dans les têtes ; mais en général fes compofitions font heureufes Se naïves. L’eftampe qui précède l’idylle de Daphanis & Chloè’ ,1e bas-relief qui eft à la tête de cette idylle , celui qui termine celle de Damete & Milon , Se plufieurs autres morceaux pourroient être avoués p$r des artvftes qu’aucun autre talent n’auroit détournés de leur art. Il favoit s’aider du burin & de la pointe- sèche pour donner l’accord Se l’effet à fes gravures. J’ai vu de fes tableaux. Peut - être le mérite touchant du poète agit-il fur l’imagination de ceux qui les admirent : mais on doit avouer au moins que les fîtes font heureufement choifis Se que fa couleur a de la vérité.

( i-)0)V/illiam Wollet, né a Maidftone en 1735 , mort à Londres en 1785, fe dunna principalement à la gravure du payfage, Se joignit