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•Boulangeî & Morin peuvent être regardés, comme les premiers inventeurs de cette gravure pointille’e qui, depuis quelques années, eft fort en ufage en Angleterre , & que les François commencent à imiter.

( 88 j Robert Nanteuii, né à Reims en 1630, fliort en 1678. Quoique fils d’un marchand peu fortuné, il reçut une très-bonne éducation, &il avoit un goût fi vif pour la gravure, quil grava lui-même fa thèfe de philofephie. Il peignoir bien le portrait au paftel , & fai-Moit très - heureufement les reffemblances. Comme fes tableaux n’étoient pour lui que les eiquifl’es de fes gravures, on a eu trop peu de foin de les conferver, Se ils font devenus très-rares. Nanteuii tient certainement un des premiers rangs entre les graveurs de portraits , Se fes ouvrages feroient aujourd’hui plus recherchés , s’il ne s’étoit pas contenté de faire de -fimples bulles, qui par conféquent n’offrent pas d acceffoires capables d’intéreffer les amateurs. Il a gravé des portraits grands comme .nature, & dans cette forte proportion, fa gravure eft moëlleufe & colorée. Ses cheveux ont beaucoup de légèreté, quoique pour les exprimer , il ait fait peu d’ufage du moyen trop prodigué dans la fuite par Maflbn, celui de repréfenter des poils qui fe détachent de lamafie. Il varioit fes travaux dans fes diffévens ouvrages fuivant qu’il le jugeoit convenable. Sa pratique ordinaire étoit de graver en points les demitein’es ; mais il a gravé en tailles, &fans aucuns points, la tête du Préfident Edouard Mole, Se tout en points celle de la fameuï’e Reine Christine ^ de Suède ; le travail de ce pertrait eft généralement léger, 8c l’ajuftement très-pittorefque. On regarde comme fes chefy-d’œuvre les portraits de l’Avocat de Hollande , de M. de Pomponne, & du petit Miliard.

1VL de Jaucourt dit , dans l’ancienne Encyclopédie, en parlant du portrait de Louis XIV par Nanteuii , que la couleur naturelle du teint, le vermeil des joues, Se le rouge des lèvres •y lont marqués. Tous les lecteurs fentiront aifément qu’avec du blanc & du noir il eft unpofîïble de marquer du vermeil & du rouge. On peut pardonner ces exagérations ou ces inad-Tertances à un amateur : mais , dans un ouvrage tei que l’Encyclopédie", qui doit donner une idée jufte des arts & de leurs moyens, il faut fe contenter de dire que Nanteuii , comme les graveurs coloriftes , mais à un degré inférieur « queiques-uns d’entre eux, avoit l’art de rendre, avec du noir & blanc, la valeur des tons différens, que les peintres expriment avec des fubj &ances colorées.

(89) Etienne Picard, dit le Romain, parce qu’il étudia quelque tems à Pome. eft né â Paris en 1631 & mort à Amfterdum en 172.1. J a gr&yé dan & kguniere de Fcilly, & a fait GO

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auffi des eftampes où l’eau-forte domine : mais, dans ces deux genres, il ne peut être mis au nombre des artiftes fupérieurs. Il a mérité un. grand reproche ; celui d’avoir gravé leCorrege, le plus harmonieux des peintres , d’une manière sèche, dure & fans accord.

(90) Piètre Santé Bartolii, né à Péroufe en 163 y, mort à Rome en 1700, eft moins celèbte par fon talent pour la gravure, que par fes deffins d’après l’antique. Comme defu> nateur & graveur des monumens de l’ancienne Rome, il eft bien préférable à Perier. On peut ajouter qu’il mérite une place très-honorable entre les graveurs à l’eau-forte. Quoique fes travaux foient en apparence peu étudiés , on voit fouvent qu’il auroit été difficile de faire mieux avec plus de foin. Il mérite d’autant plus d’être confulté par les graveurs , qu’il n’eft pas du nombre des artiftes qui font parvenus à l’effet par des travaux fans ordre ; le» fiens font fouvent établis avec beaucoup defentiment & de goût. Malgré les éloges qu’on lui accorde en qualité de deflinateur, on lui reproche de n’avoir eu qu’une manière de «leilin , quelle que fût celle du maître ancien ou moderne qu’il fe proposât de rendre. On peut ajouter qu’il eft plus rond que méplat dans fes contours. (91) Antoine Masson, né dans l’Orléanois en 1636, mort à Paris en 170°» graveur célè* bre par la foupleffe de fon burin, & par la jufteffe des tons qui donne à tes eftampes la couleur & l’effet de la nature. Il avoit été d’abord armurier & damafquineur, & avoit ao» quis une grande pratique du burin dans ceîta prcfefîion «jui l’obligeoit à graver fur l’acier. On croiroit qu’avec cette première éducation, Maflbn ne poffedoit que le métier de la gra-» rure ; mais il favoit auffi deftïner Si peindre, & comme Nanteuii , il peignoir quelquefois» lui-même les portraits dont il publia les eftampes. Ses ouvrages doivent une partie de leur mérite au talent qu’il avoit d’exprimer la cou* leur. Mais avec toutes les qualités nécerTaires pour obtenir l’eftime des artiftes & des vrais connoifleurs, il eut très-fouvent la petite prétention d’étonner le vulga re des amateurs, par des travaux bizarres. Son portrait de Bnfacier eft juftement efiimé : on reconnoît quel étoit le teint de cet homme , on fent la légèreté de fa belle chevelure grifë, fon collet eft de la dentelle vérirable. Le portrait d’Olivier d’Ormeffon eft aufli de la plus grande beauté fans aucune affeâation, fi ce n’eft dans les cheveux ; mais, dans fon portrait de Fredérj» Guillaume , Elefteur de Brandebourg , on eft un peu choqué de voir une taille en form» de poire, faire le nei de ce Prince, & un» autre taiile fpirale faire fon menton. Son pore trait de Guy Paùn eft étonnant : le travail n«  fàurok être plus biïâire, mais l’effet qu’il prç-