Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/496

Cette page n’a pas encore été corrigée
GRA GRA 355


nos jours par MM. Strange & Bartolozzi. L’agrément de ce travail a été presque généralement senti, & la plupart des graveurs modernes l’ont adopté. On voit que les Drevets avoient reconnu tout l’avantage de ce grain, & on peut le remarquer souvent dans leurs ouvrages. Edélinck & Nanteuil ont été plus prodigues du quarté ; mais ce n’est point à cet égard qu’ils méritent d’être préférés à leurs successeur. On ne risque rien d’approcher du quarré dans les masses très-sourdes, parce qu’il a plus de repos ; mais quelque genre de travail qu’on employe pour les draperies, au moins doit-on toujours les graver par tailles souples & ondoyantes. Des tailles roides représenteroient plutôt du bois ou de la pierre que des étoffes.

Le linge veut être préparé d’une seule taille, plus fine & plus serrée que celles des étoffes qui ont plus d’épaisseur. Il ne faut pas se hâter de le couvrir d’une seconde, encore moins d’une troisième ; on doit chercher au contraire à l’approcher du ton autant qu’il est possible avec une seule taille. Par cette méthode les tailles dont on le croisera ne seront que le glacer, & conserveront á ses ombres de la transparence.

Il semble qu’en général le grain lozange, ou approchant du lozange, convient à toutes les parties transparentes ou reflétées : & le grain approchant du quarré à toutes celles qu’on veut tenir d’une obscurité sourde & profonde.

Nous avons établi pour règle générale de la disposition réciproque des tailles, que la première soit plus nourrie & plus serrée que la seconde, &c. : mais dans les parties fort sourdes, & très-obscures, une règle supérieure fait oublier celle que nous venons de rapporter ; c’est d’employer tous les moyens d’éteindre ce qui pourroit tenir de la lumière, & la manière la plus sûre d’observer cette loi, est de serrer & de nourrir presque également tous les travaux, & d’employer, s’il est possible, le quarré parfait, parce qu’il laisse moins de blanc que le lozange & le quarré long.

La pierre neuve & bien conservée exige des tailles d’un quarré parfait, & la seconde doit être égale à la première en force & en distance. Mais la vieille pierre, rongée en partie par le tems, contracte à sa surface une apparence de mollesse qui s’exprime par des travaux moins austères. Là se peuvent employer des tailles tremblantes, interrompues, des travaux grignotés, & quelquefois un badinage de pointe qui exprime la mousse dont cette pierre est couverte.

Le bois se prépare par une taille longue qui en suit les fibres, moins parfaitement droite, moins ferme, moins régulière que pour la pierre. Les brisures & les fibres du bois s’expriment par des tailles plus ferrées, les nœuds par des tailles tournantes ; la seconde peut être


lozange ou quarrée sur la première, mais elle doit toujours être moins serrée.

Des tailles courtes, fort tremblées, souvent interrompues, sa changeant souvent en points irréguliers, inégaux entr’eux, qui suivent quelquefois les tailles, & quelquefois les contrarient, tels sont le travaux qui conviennent aux chaumières, aux masures, aux cabannes rustiques. Ils doivent dominer dans les parties de demi-teinte & de reflet, & s’il faut qu’ils soient couverts de secondes tailles, elles participeront au même genre, couperont quarrément les premières, & seront assez écartées pour ne servir que de glacis. On se rapprochera du quarré parfait dans les fortes ombres.

Comme la terre est encore plus molle que la substance des chaumières, elle sera gravée d’un travail encore moins ferme, plus brut, plus inégal. On ne risquera rien d’outrer ici le lozange ; tous les petits travaux qu’on employera pour en éteindre les blancs n’imiteront que mieux la molesse de la terre. Ce seront aussi des travaux très-lozanges qui formeront les masses d’ombre dans la feuillé des arbres ; on y rappellera quelques-uns dés travaux qui, sur les lumières, caractérisent ce feuillé. Dire ce que doivent être ces travaux suivant les différentes espèces d’arbres, & les différentes formes de leurs feuilles, ce seroit vouloir donner par écrit une leçon qui ne peut être prise avec fruit que par l’étude de la nature & l’observation des tableaux des plus habiles paysagistes. On peut avertir du moins qu’on ne s’en acquittera jamais bien qu’avec une grande liberté. C’est-là sur-tout qu’on ne peut rendre que par d’adroites indications l’ouvrage de la nature ou celui de ses copistes, & qu’on s’en écartera d’autant plus qu’on voudra les suivre plus servilement.

Les cheveux se gravent par masses ; quelques poils voltigeans, de petites masses détachées des grandes, en marquent la légèreté. L’affectation de multiplier les poils voltigeans, comme l’a fait Masson, nuiroit à cette légèreté, parce que la gravure, quelle que soit la finesse de ses travaux, donneroit toujours trop de grosseur à ces poils.

Les crins des chevaux, lorsque ces animaux sont en bonne santé & proprement entretenus, offrent une surface si lice qu’on doit en négliger les détails, excepté à la queue, à la crinière &c. On grave donc le cheval sans avoir égard aux crins lisses dont la peau est couverte. Mais il n’en est pas de même des animaux à long poil, ou à laine frisée. On ne les gravera jamais mieux qu’à l’eau-forte, parce que le travail de ces poils demande une liberté, une sorte de badinage, une indication spirituelle, à laquelle semble se refuser la marche grave du burin.

Les plumes exigent des travaux légers, propres

Yy’ij


Y y ij