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bique, que l’on fait fondre dans l’eau, comme on le fait aussi pour peindre en miniature ; après avoir proportionné le mêlange de la gomme avec les différentes couleurs, relativement à ce qu’elles en ont besoin, on couche ces couleurs, & on les empâte, c’est-à-dire, qu’on les étend avec une certaine epaisseur qui leur donne du corps, ce qui n’a pas lieu dans le lavis ni dans la miniature. Il est des couleurs qui demandent à être gommées les unes plus que les autres : l’expérience donnera des règles à cet égard, & les inconvéniens qu’il faut eviter serviront à les etablir.

Ces inconvéniens sont que les couleurs trop peu gommées tombent en poussière, lorsqu’elles sont sèches ou qu’elles sont exposées à quelque frottement. D’un autre part, elles s’écaillent, se fendent & se détachent par morceaux, lorsqu’elles sont trop gommées. Des essais faciles à faire, instruisent mieux que tout ce qu’on pourroit dire à ce sujet.

La gouache est très-propre à peindre le paysage d’après nature. Elle sert à faire des esquisses pour de grandes compositions. On l’employe pour les décorations de théâtre, pour celles des fêtes, pour des perspectives. Cette manière de peindre est prompte & expéditive ; elle a de l’éclat. On doit se mettre en garde en la pratiquant, contre une sécheresse qui, dans cette sorte de peinture, provient de ce que les couleurs séchant promptement, ne permettent pas de les peindre, autant qu’on pourroit le souhaiter.

L’artiste qui n’a pas le tems nécessaire pour dégrader les teintes, pour fondre les nuances & pour accorder finement tout l’ouvrage, laisse échapper des touches dures, des passages heurtés & des tons cruds, qui existent plus rarement lorsqu’on peint à l’huile, parcequ’elle se sèche moins promptement.

La miniature dans l’usage de laquelle on cherche à eviter cet inconvénient, en pointillant, comme je le dirai, tombe dans un autre défaut, & il est aussi ordinaire de voir des gouaches trop dures, que des miniatures dont la douceur doit être appellée mollesse.

Est modus in rebus, sunt certi denique fines,
Quos ultrà citràque na quit consistere rectum.

Ceux de mes lecteurs qui veulent connoître avec plus de détails ce qui concerne la gouache, trouveront ces détails au mot peinture, où j’ai rapporté par divisions ces différens procedés. (Article de M. Watelet.)

GOUSTOSE. (adj.) mot formé de l’italien gustoso, & adopté dans nos atteliers.

Le goustose n’est pas le goût & encore moins le grand goût Il consiste entièrement dans la


manœuvre, & indique un faire badin & facile. Il ne peut se trouver avec le rendu précis, le fini précieux, puisque ce sont des indications adroites qui le constituent. Il a beaucoup de rapport avec le mot esprit, (voyez Esprit) & avec ce que nous dirons du ragoût dans l’article Gout.

Le goustose est l’opposé du sévère. Dans le sévère, tout est exprimé d’une manière précise ; dans le goustose, tout est indiqué d’une manière, badine.

Une irrésolution sans timidité entre avantageusement dans le goustose : des contours multipliés, placés les uns auprès des autres, rentrant les uns dans les autres ; des touches d’abord indécises, mais dont l’indécision est enfin terminée par une touche ferme ; tout cela, fait en quelque sorte en se jouant, obtient le nom de goustose, & s’appelleroit gêne, fatigue, indécision si l’on y sentoit la peine.

Une esquisse gagne beaucoup à être goustose ; un grand tableau, dont le sujet a lui même de la grandeur, exige en général de la sévérité.

La maquette d’un sculpteur peut être goustose : une statue ne doit pas l’être en général, mais seulement dans certaines parties que l’art indique plutôt qu’il ne les rend, telles que les cheveux, &c.

Rembrandt étoit goustose, Metzu, Mieris étoient précieux,

Le goustose convient au paysage, il trouve moins aisément place dans l’histoire, il nuiroit à l’accord du faire dans un tableau dont certaines parties seroient soigneusement terminées. Il est plus propre que le fini à traiter les animaux à longs poils, les brossailles, les herbages, les masures, les édifices ruinés & tout ce dont l’art ne peut exprimer les détails sans tomber dans la sécheresse & le léché.

La gravure à l’eau-forte doit être goustose. Il est bon d’égayer par des travaux goustoses bien placés la froide séverité du burin. (Article de M. Levesque.)

GOUT (subst. masc.) Le goût dans les beaux arts, & par conséquent dans la peinture, est un sent ments délicat & souvent très-prompt, des convenances, ou des conventions.

Il faut distinguer le goût qui jouit, du goût qui opère ; non qu’ils soient essentiellement différens, mars parce l’un agit avec promptitude & l’autre avec réflexion. Du reste tous deux ont également pour base ce sentiment délicat dont je viens de parler, qui (je le répète) se décide d’après les convenances, ou d’après les conventions.

Le goût appuyé sur les convenances a plus de perfection & de stabilité, parce que les convenances existent plus genéralement & sont


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