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G O T leur transparence, des teintes riches, vives, & vigoureuses.

L’art de glacer sur les métaux avec l’émail produit des couleurs transparentes à travers lesquelles brillent les polis, & même quelques travaux sur l’or. Ces glacis prennent le nom d’Émaux clairs. Cette méthode, employée pour les bijoux, a été renouvellée de nos jours par M. Aubert, peintre en émail du Roi, & célèbre artiste en ce genre.

La méthode des glacis sur le papier ou le taffetas, pour faire des transparens ; celle de glacer sur le fer-blanc pour les décorations tiennent au métier du peintureur. (Article de M. ROBIN.)

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GOTHIQUE (adj.), ce qui est dans la manière introduite en Europe par les Goths, conquérans d’une grande partie de l’Empire Romain : écriture gothique, architecture gothique, peinture, sculpture gothiques.

La roideur, la maigreur des formes constituent le caractère de cette manière dans la sculpture ; il faut, pour la peinture, ajouter à ces vices celui des tons crud, des couleurs entières, &, pour les deux genres, l’abandon absolu de la nature. Les artistes ou plutôt les ouvriers gothiques faisoient les figures courtes, les cheveux sans légereté, les draperies sans souplesse. Comme ils ne connoissoient dans le dessin ni le mêlange des lignes arrondies & méplates, ni l’art d’exprimer les raccourcis, ils ne pouvoient donner de mouvement à leurs figures. La sauvage inflexibilité de leur art ne leur permettoit pas de connoître l’expression. Leurs figures supposées vivantes n’étoient pas plus animées, que les figures mortes dont ils chargeoient les tombeaux. Ce qui ne se peut exprimer que par de savantes indications, comme le paysage, étoit chez eux encore plus mauvais que tout le reste. Des bâtons surmontés de quelques feuilles, telles qu’on les fait pour les dessins les plus communs de broderie, étoient des. arbres &c

Ce qu’on appelle l’architecture gothique avoit ses graces ; mais elle n’appartenoit pas aux Goths : on en attribue l’invention aux Sarrasins. Elle imite les berceaux de feuillages, & cette imitation suffiroit seule à prouver qu’elle fut découverte par un peuple qui habitoit des pays chauds.

La peinture, la sculpture des Goths annonçoient leur ignorance ; elles étoient telles parce qu’ils ne pouvoient les mieux faite. On ne doit pas dire qu’elles étoient dégradées par le mauvais goût ; mais qu’elles étoient encore dans l’enfance. Pline nous apprend que chez les Grecs, ces deux arts ont passé par le même état ; &


s’il ne nous l’avoit pas appris, nous aurions pu le deviner.

On peut voir, dans beaucoup d’anciennes villes, des exemples de la sculpture gothique. On apperçoit encore quelques restes du caractère gothique en peinture dans les ouvrages de Léonard de Vinci, dans ceux du Pérugin, & même dans les premiers tableaux de Raphaël. Mais pour bien connoître ce caractère, il faut voir les miniatures dont sont ornés les vieux manuscrits.

Michel-Ange est le premier qui l’ait entièrement abandonné dans son dessin ; mais dans sa lutte contre ce défaut, il a donne dans le défaut contraire. Il a chargé les formes pour s’éloigner de la maigreur gothique, & pour vaincre l’inflexibilité gothique, l’a outré les mouvemens. Les artistesgothiques n’annonçoient aucun muscle ; Michel-Ange a fortement exprimé jusqu’aux muscles qui restent oisifs. C’est ainsi qu’en voulant combattre une opinion, on se porte ordinairement jusqu’à l’extrême de l’opinion contraire, lorsqu’il faudroit garder un juste milieu : c’est la marche de la nature, & elle excuse Michel-Ange. Cette observation n’auroit pas été inutile à ses critiques & ses imitateurs. (Article de M. Levesque.)

GOUACHE ou plutôt GOUAZZE (subst. fém) Ce mot vient de l’Italien guazzo.

La manière de peindre qu’on designe par ce nom est une des plus anciennes de celles que nous connoissons, si ce n’est pas celle qu’on peut regarder comme ayant precede toutes les autres. L’eau est sans doute le moyen le plus facile & le plus naturel de donner à des matières colorées, mises en poudre, la fluidité nécessaire pour qu’on puisse les étendre sur des surfaces & y les rendre adhérences. Les premières couleurs ont été vraisemblablement des terres & des pierres broyées, qu’on a rendues liquides par le moyen de l’eau ; mais comme l’usage a fait voir que lorsque l’humidité de ces couleurs étoit totalement dissipée, elles n’etoient plus retenues & quittoient trop aisément les corps sur lesquels on les avoit employées, on a cherché à leur donner plus de consistance par des mêlanges de matiéres visqueuses ; alors les gommes que certains arbres fournissent abondamment, qui le dissolvent aisément dans l’eau, & qui, par leur transparence, n’altèrent pas les couleurs, se sont offerres naturellement pour cet usage. La gouache n’est autre choie que cet apprêt simple de couleurs broyées & délayées dans ; de l’eau, que l’on charge plus ou moins d’une dissolution de gomme.

On employe les couleurs, ainsi préparées, sur toutes fortes de corps : principalement sur la toile, sur le vélin, sur le papier, sur l’y voire, on se sert communément de la gomme arabique