Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/464

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FUM FUM 323


derrière ses extrêmités ; elle cachera d’autant moins les corps devant lesquels elle est interposée, qu’elle sera plus éloignée de l’œil du spectateur ; elles les cachera d’autant moins qu’elle sera plus élevée, parcequ’elle se dissipe & devient moins dense à mesure qu’elle s’élève.

La fumée indique à la fois la force & la direction du vent. Si le vent est doux, elle s’élève à une certaine hauteur en suivant une direction perpendiculaire avant de prendre celle du vent, & elle conserve d’autant plus longtems cette direction perpendiculaire, que le vent a moins de force. C’est qu’elle est poussée par le feu qui tend à s’élever perpendiculairement, & elle ne perd cette impulsion qu’au moment où la force du vent l’emporte sur celle du feu qui la lui a donnée.

Si le vent est violent, la fumée est chassée par lui dès son origine, & prend en naissant la direction qu’il lui imprime ; s’il est d’une grande impétuosité, & qu’il vienne de haut, il pèse sur la fumée, & la force à descendre


dès le premier instant de sa naissance. La marche des nuages, la courbure de la tête des arbres, les cheveux des figures, les plis de leurs draperies, l’agitation des eaux, doivent s’accorder avec ces indications.

Les fumées, les accident variés qu’y cause l’agitation de l’air, les ombres qu’elles portent, peuvent fournir des effets de clair-obscur très-piquans : elles peuvent aussi procurer au peintre par leurs différens tons, de beaux effets de couleur propre : car elles n’ont pas une couleur déterminée ; elles en changent suivant les substances qui alimentent le feu, & suivant la quantité & la qualité de la flamme. La fumée des grands incendies, celle des substances légères & faciles à s’enflammer, telle que la paille, est colorée par le feu jusqu’à une grande hauteur : mais la fumée de ces derniers corps est légère ; celle des grands embrâsemens est épaisse, & colorée de tous les tons que prêtent à la flamme les substances hétérogênes dont elle se nourrit. (Article de M. Levesque.)


F s ij