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198 DIS DOU


qui lui viennent ; d’ailleurs le procedé plus lent force le sculpteur à méditer davantage.

Je ne prétends pas cependant vous interdire, jeunes élèves de la peinture, la satisfaction de réaliser à vos yeux les différentes idées que vous inspire un sujet ; mais je vous engage à mettre toujours assez d’intervalle entre le moment où vous concevez par l’invention, & celui où vous enfantez par la disposition, pour que vous ayez pu considérer intellectuellement d’une façon distincte, & non pas vague & confuse, l’ensemble de votre production.

Je ne vous parlerai pas des dispositions, prises dans le premier sens que j’ai traité dans cet article. Il n’y a pas de conseils à vous donner sur cet objet ; vous êtes passifs, & c’est aux Maîtres seuls qu’on pourroit recommander, les soins que souvent ils négligent, de démêler & de diriger les dons de la nature. Ce que nous devons attendre d’eux, c’est qu’ils cultivent vos dispositions & qu’ils les déterminent à votre plus grand avantage. Ce qu’ils peuvent vous demander à leur tour, pour ce même avantage, c’est que, lorsque vos dispositions leur sont connues & vous sont dévoilées, vous vous fassiez justice en prenant, si ces dispositions sont incomplettes, un genre subordonne ou une profession qui vous rende un citoyen utile ; car après les désœuvrés qu’on peut regarder comme les plus nuisibles aux sociétés, ceux qui leur sont les moins profitables & les plus incommodes, sont ceux qui suivent avec obstination des états pour lesquels ils n’ont point de dispositions ; mais ils ne sont pas toujours absolument coupables, car rien n’est si commun (osons le dire à ceux qui influent sur le sort des hommes par les rangs par les richesses) que de décider sur les dispositions, sans avoir les connoissances & le jugement nécessaires pour une décision aussi délicate & aussi importante.

Aussi, pour ordinaire, jugent-ils aussi légèrement en bien, les talens naissans, qu’en mal, les talens formés. De ces jugemens, les premiers sont faux, les seconds sont injustes. Mais d’où vient ce penchant qu’ont presque tous les hommes puissans à décider ainsi sans connoissance & sans justice ? Il naît de l’habitude de protéger & de l’attrait qu’a pour eux le caractère de protecteur, parce qu’il paroît établir ou confirmer la supériorité qui les flatte.

Au reste, dans la plupart de ceux qui protègent les talens, parce qu’ils les payent, c’est vanité : dans ceux qui protègent par l’ascendant des titres & des rangs, c’est orgueil, & il faut se rappeller que la vanite est la foiblesse de vouloir passer pour avoir des avantages qui nous manquent ; & l’orgueil, la foiblesse de croire de bonne foi posséder des avantages que nous n’avons pas. (Article de M. Watelet).


DISTRIBUER, c’est disposer, arrangeur les objets et les effets de lumiere DANS non tableau, de Façon qu’il en résulte Un grand effet. On dit : Ce peintre entend bien distribuer ses grouppes, ses lumières.

DISTRIBUTION se dit des objets et des lumières distribués dans un tableau. Il faut remarquer que lorsqu’on dit, une belle distribution, on entend celle des objets et des lumières, au lieu que, si l'on n'entend parler que d'une, il faut la spécifier. (Article de l’ancienne Encyclopédie).

DIVERSITÉ (subst. fém.), c’est cette partie œconomique de la peinture qui tient notre esprit attaché & qui attire notre attention par l’art qu’a le peintre de varier dans les personnages d’un tableau l’air, l’attitude & les passions qui sont propres à ces personnages : tout cela demande nécessairement de la diversité dans l’expression, & la chose est praticable. Il y a, par exemple, une infinité de joies & de douleurs différentes, que l’art sait exprimer par l’âge, par le sexe, par le tempéramment, par le caractère des nations & des particuliers, par la qualité des personnes & par mille autres moyens : mais cette diversité doit être vraie, naturelle, placée, & liée au sujet ; il faut que toutes les figures paroissent être rangées & posées d’elles-mêmes suivant leur caractère, sans travail & sans affectation. Nous ne manquons pas de modèles en ce genre, mais il n’y en a point de plus admirables que le tableau de la Messe du Pape Jules, celui d’Attila & l’Ecole d’Athènes, trois chef-d’œuvre de Raphaël, trois compositions sublimes qui n’appartiennent qu’à lui. Comme la diversité de la nature est infinie, la diversité de l’imitation peut l’être de même ; cependant il n’est pas possible de donner des règles pour enseigner l’art de diversifier les personnages d’un tableau, leurs attitudes, leurs passions : c’est au génie à imaginer ; les avis ne peuvent suppléer au génie. (Article de M. le Chevalier de JAUCOURT dans l’ancienne Encyclopédie.) Nous ajouterons plusieurs choses à cet article sous le mot Variété.

DO

DOUX (adj.) Il se dit de l’effet. L’effet d’un tableau est doux quand des passages insensibles conduisent des clairs aux bruns, quand toutes les couleurs sont amies, quand on ne passe d’une couleur à une autre que par des nuances. L’effet très-doux ne peut être très-piquant. Le doux & lepiquant sont deux moyens différens de plaire. Le doux est opposé au vice de la dureté & à la vertu de la fierté. Le mot doux s’emploie aussi en parlant des affections de l’ame : on dit une expression douce. Les affections douces sont les