Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée
COS COU 157


certaines dissemblances trop grandes, telles que les armes inusitées parmi nous, & la nudité de plusieurs parties du corps, qui convenoit à des climats plus chauds que le nôtre, & que notre température, principe d’une partie de nos usages, rend trop invraisemblable. (Article de. M. Watelet).

Costume. Après l’article ingénieux de M. Watelet, nous croyons devoir placer celui de M. le Chevalier de Jaucourt, parce qu’il renferme des principes plus positifs.

Le costume est l’art de traiter un sujet dans toute la vérité historique : c’est donc, comme l’a défini fort bien l’auteur du dictionnaire des beaux arts, l’observation exacte de ce qui, suivant le temps, fait reconnoître le génie, les mœurs, les loix, le goût, les richesses, le caractère & les habitudes du pays où l’on place la scène d’un tableau. Le costume renferme encore tout ce qui constitue la chronologie, & la vérité de certains faits connus de tout le monde ; enfin tout ce qui concerne la qualité, la nature & la propriété essentielle des objets qu’on représente.

Suivant ces règles, dit M. l’Abbé Dubos (& les gens de l’art conviennent de la justesse de ces réflexions), il ne suffit pas que, dans la représentation d’un sujet, il n’y ait rien de contraire au costume, il faut encore qu’il y ait quelques signes particuliers pour faire reconnoître le lieu où l’action se passe, & quels sont les personnages du tableau.

Il faut de plus réprésenter les lieux où l’action s’est passée, tels qu’ils ont été, si nous en avons connoissance ; &, quand il n’en est pas demeuré de notion précise, il faut, en imaginant leur disposition, prendre garde de ne se point trouver en contradiction avec ce qu’on en peut savoir.

Les mêmes règles veulent aussi qu’on donne aux différentes nations qui paroissent ordinairement sur la scène des tableaux, la couleur du visage, & l’habitude de corps que l’histoire a remarqué leur être propres. Il est même beau de pousser la vraisemblance jusqu’à suivre ce que nous savons de particulier des animaux de chaque pays, quand nous représentons un évènement arrivé dans ce pays-là.

Le Poussin, qui a traité plusieurs actions dont la scène est en Egypte, met presque toujours dans ses tableaux des bâtimens, des arbres ou des animaux qui, par différentes raisons, sont regardés comme étant particuliers à ce pays.

Le Brun a suivi ces règles avec la même ponctualité dans ses tableaux de l’histoire d’Alexandre ; les Perses & les Indiens s’y distinguent des Grecs à leur phisionomie autant qu’à leurs armes : leurs chevaux n’ont pas le même corsage que ceux des Macédoniens ; conformément à la vérité les chevaux des Perses y sont


représentés plus minces. On dit que ce grand maître avoit été jusqu’à faire dessiner à Alep des chevaux des Perses, afin d’observer même le costume sur ce point.

Enfin, suivant ces mêmes règles, il faut se conformer à ce que l’histoire nous apprend des mœurs, des habits, des usages & autres particularités de la vie des peuples qu’on veut représenter. Tous les anciens tableaux de l’écriture sainte sont fautifs en ce genre. Albert Durer habille les Juifs comme les Allemands de son pays. Il est bien vrai que l’erreur d’introduire dans une action des personnages qui ne purent jamais en être les témoins, pour avoir vécu dans des siècles éloignés de celui de l’action, est une erreur grossière où nos peintres ne tombent plus. On ne voit plus un Saint François écouter la prédication de Saint Paul, ni un confesseur, le crucifix en main, exhorter le bon larron ; mais, ne peut-on pas reprocher quelquefois aux célèbres peintres de l’école Romaine, de s’être plus attachés au dessin, & à ceux de l’école Lombarde, à ce qui regarde la couleur, qu’à l’observation fidèle des règles du costume ? C’est cependant l’assujettissement à cette vraisemblance poétique de la peinture, qui, plus d’une fois, a fait nommer le Poussin le peintre des gens d’esprits, gloire que le Brun mérite de partager avec lui. On peut ajouter à leur éloge d’être les peintres des savans.

On comprend encore dans le costume tout ce qui concerne les bienséances, le caractère & les convenances propres à chaque âge, à chaque condition, &c. (Article de l’ancienne Encyclopédie.

Nous ne renverrons pas les artistes, pour la science du costume, a des livres qu’il soit difficile de se procurer, ou écrits dans une langue peu familière à la plupart d’entr’eux. Ils trouveront d’utiles instructions dans les costumes des anciens peuples, par M. Dandré Bardon. Il semble inutile de leur recommander l’étude des bas-reliefs antiques : ils y sont appellés par l’étude de leur art. Les livres de voyages leur procureront une récréation nécessaire après leurs travaux, & des connoissances dont ils pourront avoir besoin (L.)

COUCHE (subst. fem.) ce mot signifie en peinture un enduit de couleur qu’on met sur des treillages, des trains de carosses, des auvents &c., sur des planches, sur des murailles, sur des toiles avant de peindre dessus. On appelle cette façon d’enduire, imprimer. Cette toile, dit-on, n’a eu qu’une couche de couleur. On dit bien en peinture coucher la couleur. Avant de fondre les couleurs, il faut qu’elles soient couchées : mais on ne dit pas : ce tableau a eu trois couches de couleurs, pour