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les terminer en entier, avant de rien mettre sous presse, pour donner plus d'ensemble & de perfection à leur travail ; c'est faute d'avoir pris ce parti, qu'on a été obligé de recommencer quelques dictionnaires qu'on avoit mis sous presse : il y a depuis trois ans un demi-volume imprimé de a Théologie, par M. l'abbé Bergier. L'auteur, en avançant son ouvrage, s'est aperçu que plusieurs articles n'avoient pas toute la perfection dont ils étoient susceptibles ; qu'il y avoit des omissions, que son plan pouvoit être perfectionné ; il a desiré de le recommencer, & nous avons fait, quelque dépense qu'il en coûtât, le sacrifice de cette partie ; il vient de nous remettre son manuscrit, dont il paroîtra un volume cette année, & la totalité dans l'année prochaine.

Nous avons traité avec les gens de lettres les plus distingués dans la littérature & les sciences. Tous ceux qui sont attachés à cet ouvrage, connoissent nos engagemens ; ils sont devenus les leurs, puisqu'ils ont pris part à l'entreprise : & croit-on qu'aucun d'eux voulût se rendre l'objet de l'animadversion du public, en n'achevant pas la partie pour laquelle il s'est engagé par acte, ou en y apportant des longueurs dont les souscripteurs auroient une juste raison de se plaindre ? Leurs torts seroient d'autant plus grands, que nous leur avons souvent rappelé nos engagemens, communiqué les craintes & les alarmes des souscripteurs, & que nous en avons prié quelques-uns avec instance, s'ils ne prévoyoient pas pouvoir achever les parties dont ils se sont chargés, de nous remettre nos actes, & de nous laisser la liberté de choisir d'autres coopérateurs.

Notre propre intérêt nous porte à presser la fin de l'exécution de cet ouvrage ; car nous savons par expérience que, dans des entreprises qui se donnent par livraisons séparées, la lenteur qu'on met à les publier, en met de la part du public à les retirer ; & nous avons quelquefois éprouvé, à nos propres dépens, que telle grande entreprise qui avoit commencé d'une manière brillante, ne suffisoit plus à ses frais vers la fin ; nous en pourrions citer plusieurs exemples ; cet excédant


de volumes qu'aura l'Encyclopédie, est aussi, sous un double point de vue, contraire aux intérêts de l'entrepreneur. 1°. Il y a de la perte sur chacun des volumes que nous devons donner aux souscripteurs à 6 livres ; 2°. plus un ouvrage est en grand nombre de volumes, & moins on trouve d'acheteurs, quand il est terminé ; si cet excédant de volumes nuit à nos intérêts, il sert au contraire ceux des souspcriteurs, puisqu'ils ne doivent payer ces volumes excédans de discours que 6 livres, au lieu de 11 livres.

Ceux qui se plaignent de ce plus grand nombre de volumes, nous feroient donc une grande injustice, s'ils pouvoient penser un seul instant que nous l'avons nécessité en aucune manière, puisqu'il est contraire à nos intérêts ; & s'ils se retranchoient à nous dire que c'étoit à nous à mieux calculer notre entreprise, à obliger les gens de lettres à se renfermer dans le nombre de volumes annoncés par le prospectus, nous allons faire voir, & nous porterons jusqu'à l'évidence, que nous avons été entraînés nécessairement dans cet excédant de volumes : nous n'avons pu prévoir ce qui réellement ne pouvoir être prévu ; c'est l'imperfection de la première édition, qui ne pouvoir être connue ni calculée, qui l'a nécessité ; & les gens de lettres avec lesquels, dans cette circonstance, nous faisons cause commune, ne pouvoient pas s'assujettir au nombre de volumes fixés dans leurs actes ; & cependant ce fut cette fixation, le travail fait avec les gens de lettres & le chef graveur, qui nous égarèrent lors de la publication des prospectus, & qui nous firent croire que la totalité des volumes de discours ne pourroit tout au plus s'élever qu'à soixante ou soixante-un volumes ; & tout devoit nous le faire penser alors, puisque ce nombre de volumes renfermoit à peu près le double des matières de la première Encyclopédie. Il faut faire attention que cet ouvrage, s'il est bien fait, doit renfermer toutes les connoissances humaines. Le public doit y trouver dans l’instant, & à chaque article, les détails qu'il cherche. L'étendue des parties de l'Encyclopédie méthodique a donc dû être nécessairement déterminée sur l'imperfection & les