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22 BIN BŒU


puis retournant vers le troisième, de-là près du quatrième, & ainsi successivement, & la planche se trouvant formée de cette manière, est bordée de deux sillons.

D’autres labourent à plat toute la terre avec la charrue à versoir ; &, quand le champ est ensemencé & hersé, ils font, de distance en distance, des raies qui forment les planches ; mais par cette méthode, on forme au bord des planches une petite élévation qui, joint à ce que les planches sont plates, fait que l’eau s’en écoule moins bien.

Comme le but de ces sillons est d’égouter les eaux, il faut les diriger suivant la pente du champ qu’on laboure, afin que l’eau s’écoule plus promptement.

Quand on veut labourer par billons dans les terres sablonneuses, on laboure quelquefois la terre à plat, on la sème & on enterre le grain avec la herse ; puis on forme à deux pieds les uns des autres, de profonds sillons avec une charrue faite exprès qu’on nomme charrue à billonner. Elle n’a point de coûtre, mais un soc long & étroit, avec deux grands versoirs fort évasés du manche de la charrue, & échancrés en dessous ; de sorte que cette charrue fait par sa pointe un coin qui ouvre la terre, le milieu des versoirs la renverse sur les côtés, & leur extrémité la plus évasée, qui est échancrée, applanit cette terre, ce qui donne au billon une forme de dos-d’âne très-régulière. Mais cette facon de labourer n’est praticable que dans les sables ; une telle charrue corroyeroit une terre argiieuse, dans laquelle ce soc auroit même de la peine à s’ouvrir un passage.

BINAGE ; c’est un labour superficiel. On dit en général donner un binage, pour signifier un léger labour.

BINARD ; espèce de grand charriot dont les quatre roues sont égales, & qui a un plancher sur lequel on met des charges fort pesantes.

BINER ; c’est labourer superficiellement les plantes ou les plate-bandes avec la binette ; ce qui ne se pratique que lorsqu’elles ont été labourées foncièrement.

On entend aussi par biner, donner le second labour aux terres à bled durant l’année de jachère. Si la première façon n’a été donnée qu’après l’hiver, on bine six semaines ou un mois après. Au reste, l’on avance ou diffère ce travail, selon la température de l’air ou la force des terres.

BINETTE ; petite pioche, instrument de jardinage, composé d’un côté de deux pointes de


fer ou fourches un peu recourbées, & de l’autre d’un fer plat, large, & coupant d’environ deux pouces par le bas. Ces deux parties sont jointes par un œillet qui sert à tenir le manche de l’outil. On se sert de la binette pour labourer légèrement de menues plantes.

BISANNUEL. On donne ce nom aux plantes qui poussent leurs premières feuilles avant l’hiver, qui ne montent en graine que l’année suivante, & ne meurent qu’après s’être resemées. Telle est l’angelique des jardins.

BLANC. On nomme ainsi une espèce de lèpre qui se communique aux feuilles, aux rameaux, & même aux fruits de quantité d’arbres & de plantes. Cette maladie des végétaux se nomme aussi meunier, à cause de sa blancheur. Elle les rend tout blancs & les couvre d’une matière cotoneufe qui arrête leur transpiration. Les melons, les concombres, parmi les plantes potagères ; & le pêcher, parmi les arbres fruitiers, sont les plus sujets à cette maladie.

Blanc. Ce terme se dit aussi de petits filamens blancs qu’on trouve par couche sur les mottes de fumier chenci, & qui sont la matière ou la matrice des champignons. C’est pourquoi on insère ces filamens blancs dans les couches à champignons.

BŒUF. Voyez Animaux propres au labour.

Voyez aussi Accoupler les bœufs.

Bœuf. Cet animal peut être considéré comme un des instrumens de labour. Un bon bœuf pour la charrue doit être jeune, ni trop gras, ni trop maigre ; avoir la tête courte & ramassée, de grandes oreilles bien velues & très-unies, les cornes de moyenne grandeur, mais fortes & luisantes, le front large, les yeux gros & noirs, le mufle gros & camus, les naseaux bien ouverts, les dents blanches & égales, les lèvres noires, le cou charnu, de grosses & pesantes épaules, la poitrine large, le fanon pendant jusques sur les genoux, les reins fort larges, le ventre spacieux & tombant, les flancs grands, les hanches longues, la croupe épaisse, les jambes & les cuisses grosses & nerveuses, le dos droit & plein, la queue pendante jusqu’à terre & garnie de poils fins & touffus ; les pieds fermes, le cuir épais & souple, les muscles élevés, l’ongle court & large.

Il faut qu’il soit sensible à l’aiguillon, obéissant à la voix & bien dressé.

Si l’on achète des bœufs qui soient accoutumés à la charrue, on s’épargnera la peine de les y réduire ; mais ce n’est que peu-à-peu, & en s’a-