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exigent des cuillers un peu plus grandes, & on emploie alors un peu plus d’un boisseau (de 61 livres) par acre. Des cuillers un peu plus grandes que les premières sont employées pour semer l’orge, à raison d’un boisseau & demi par acre. Enfin, on seme avec des cuillers plus grandes de l’avoine, des fèves, des pois, des vesces, &c. & on met alors deux boisseaux de semence par acre.

Il est inutile de rappeler ici qu’avant de semer on a préparé la terre par les labours nécessaires, & qu’on y a fait passer la herse, & même le rouleau, lorsqu’il est possible, afin de rendre le terrain très-uni.

On sème les graines de carotte mêlées avec de la sciure de bois, dont on met une partie sur huit de semences.

Un des principaux avantages de ce semoir est de pouvoir semer même avec le vent le plus fort, en allongeant les entonnoirs qui portent la graine jusques dans la terre ; & on a semé ainsi très-également, & par un très-grand vent, les graines les plus légères, telles que celles du pastest.

Il faut avoir l’attention de faire sécher les semences avant de les mettre dans la machine ; & les grains qui ont été chaulés doivent être aussi bien séchés. Le bled vieux est préférable au nouveau ; on sait d’ailleurs qu’il est moins sujet que celui-ci à la carie. Il est bon d’observer que, dans des terres fortes & argilleuses, le froment ne doit jamais être enterré au-dessous de deux pouces : dans une terre sèche, cette attention est moins nécessaire.

La houe, dont on voit la figure dans la même planche, sert à biner le froment & le seigle ; mais il faut attendre que le terrain soit assez sec pour pouvoir y faire passer le rouleau. On fait cette opération deux ou trois jours après la pluie dans les terres fortes, & en tous tems dans les terrains légers.

En Angleterre, plusieurs fermiers très-instruits ont employé ce semoir pour les différentes espèces de graines, & ont reconnu, qu’outre l’épargne de la semence, ils obtenoient toujours des récoltes plus abondantes que lorsqu’ils avoient semé à la volée, & que les graines étoient aussi de meilleure qualité. Toutes ces expériences, assez multipliées pour ne laisser aucun doute sur l’utilité de ce semoir, ont été faites comparativement.

Description & usages d’un semoir inventé par Don Joseph Lucatello, Espagnol.(Extrait des transactions philosophiques, par Duhamel.)

On convient généralement, dit cet auteur,


qu’il est très-avantageux de distribuer les plantes à des distances convenables, relativement à la grandeur qu’elles peuvent acquérir ; & qu’il faut les mettre en terre à une suffisante profondeur, afin qu’elles reçoive de la terre assez de nourriture pour que leurs fruits puissent parvenir à leur état de perfection ; néanmoins on a coutume de répandre les semences à la main & sans assez de précision, ce qui fait qu’à des endroits il y a trop de grain, qu’à d’autres il y en a trop peu ; qu’une partie de la semence étant placée à une trop grande profondeur en terre, y périt sans en sortir, pendant qu’une autre étant trop à la superficie, court risque d’être mangée par les oiseaux, d’être desséchée par le soleil, ou endommagée par les fortes gelées. Don Joseph Lucatello s’étant proposé de remédier à ces inconvéniens, inventa un instrument qui, étant fermement attaché à une charrue ordinaire, ouvre le sillon, seme & herse en même tems, de sorte que sans employer trop de semence, les grains sont placés à la distance réciproque & à la profondeur qu’on juge être la plus convenable ; ce qui fait qu’on peut épargner les quatre cinquièmes de la semence qu’on consomme ordinairement. De sorte que si l’on s’éloigne de cette proportion, c’est ou par la négligence du semeur, ou par les défauts de cet instrument.

Voici la description de cette machine. Boîte de bois ; couvercle de la partie dans laquelle on met le blé. Les deux côtés qui couvrent la partie de la boîte où le cylindre qui a trois rangées de petites cuillères capables de contenir seulement un grain de semence, est renfermé & tourne pour jeter le bled.

Quatre pièces triangulaires, avec les interstices aussi triangulaires, par lesquels passe le bled que les cuillères y déchargent pour sortir par les trous qui sont au-dessous de la boîte. Une des roues dans laquelle passe un des bouts du cylindre. L’autre bout du même cylindre passe dans l’autre roue.

Il est bon de remarquer que tout cet instrument doit être attache ferme à la charrue, de façon que le bled puisse tomber dans le sillon que le soc vient d’ouvrir, & qu’à mesure que la charrue avance, ses oreilles puissent couvrir de terre le bled qui a été répandu dans le dernier sillon ; car par cette méthode la semence n’est point répandue sur la superficie de la terre, où elle reste souvent découverte : mais elle est placée au fond du sillon, ce qui fait qu’elle sort de terre un peu plus tard, c’est pourquoi quand on se sert de cet instrument, il faut semer huit à dix jours plutôt que quand on sème à l’ordinaire.

Notre auteur dit que dans les terres fortes