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SABLE ; substance très-dure, composée de cailloux ou silex, commencement d’un fort petit volume, dont la forme & la couleur varient à l’infini. Le sable mérite beaucoup d’attention dans l’agriculture.

En considérant le sable pur & l’argile ou la glaise pure comme deux extrêmes, on voit que l’alliage des différentes espèces de sable & des différents argiles ou graisses produit de grandes diversités dans les natures des terrains. Plus il y a de sable plus le terrain est léger ; au lieu que la quantité d’argile ou de glaise rend la terre plus ou moins compacte & forte.

Le sable pur est infertile ; la glaise pure est peu propre à la végétation ; mais le mélange de l’un avec l’autre, suivant différentes proportions, forme différentes espèces de terres convenables aux végétaux. Ces variétés sont encore multipliées par les différentes espèces de sable & les différentes natures d’argile qui peuvent se trouver mêlées ensemble. Il y a des sables vitrifiables tels que des fragmens de grès ou de silex : d’autres sont mêlés de fragmens de pierres calcaires, & ceux-ci semblent être plus propres que les autres pour la végétation. Parmi les glaises il y en a de blanches, de brunes, de vertes, de rouges & d’autres couleurs, ce qui peut dépendre d’un alliage de substances métalliques. Il paroît que les glaises qui contiennent beaucoup de parties vitrioliques sont les plus ingrates pour la végétation.

On peut s’assurer de ces différens alliages en lavant les terres dans beaucoup d’eau. Le sable & les fragmens de pierre, comme plus pesans que la terre, proprement dite, ne tardent pas à se précipiter au fond de l’eau. En laissant reposer l’eau qui aura servi à ces lotions, on aura une terre presque pure, argileuse, glaiseuse ou limoneuse ; ce qui fournit un moyen bien simple de soumettre à plusieurs examens les parties qui composent les terres.

Une terre dont le fond est de glaise alliée de beaucoup de sable, est ce qu’on nomme sable gras, qui est excellent pour tout genre de productions végétales. Ce terrain très-substancieux est toujours assez humide sans être marécageux.

Le sable de rivière est d’un grain beaucoup plus fort que celui du sable qu’on trouve ordinairement en fouillant la terre, à certaine profondeur.

Quelques-uns appellent sable mâle celui qui, dans un même lit est d’une couleur plus forte qu’un autre, qu’on nomme par opposition sable femelle. Le gros sable est appellé gravier : on en tire le sable fin, en le passant à travers une claie serrée, pour sabler les terres battues des allées de jardin.

Le sable entre dans un mélange de terre que l’on prépare pour les fleurs, le safran.

On enterre par lits dans le sable le gland, le marron d’Inde, la châtaigne, la noisette, les amandes & noyaux qu’on destine à être semés après l’hiver.

Le sable de la mer est très-propre à fertiliser les campagnes. Suivant le docteur Cox, agriculteur anglais, l’effet général de l’amendement que procure le sable de mer est que les tuyaux des plantes sont courts, mais séparés par de longs épis bien fournis de grains, lorsqu’on a employé beaucoup de sable ; au lieu que si on n’en met que peu, on a de longue paille & peu de grain, qui même est maigre.

(Extrait du Dict. Econ.)

SABLER ; c’est répandre du sable dans une allée. Le sable se tire des terres ou d’une rivière. Le premier se met tout simplement dans l’allée, après qu’elle a été dressée, à environ deux pouces d’épaisseur. Le sable de rivière ne s’emploie ordinairement que par-dessus des recoupes de pierre bien battues, & recouvertes d’une aire de salpêtre.

Avant de sabler une allée, il faut d’abord la bien dresser, puis la battre à deux ou trois volées, afin que le sable serve plus long-tems sans se mêler avec la terre ; cela étant fait, on répand un pouce & demi ou deux pouces d’épaisseur de sable. Il est bon de battre l’allée de tems en tems.

SAGE ; ce terme de jardinage se dit d’un arbre fougueux, qu’un habile jardinier a su dompter & modérer à force de lui avoir laissé produire des gourmands, & de l’avoir chargé & alongé pour lui faire jetter son feu. Ainsi un arbre sage ne doit produire que des branches fructueuses.