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sées, pourroient supporter tous les froids du Nord sans en être incommodées. Si elles vivent en Pologne & ailleurs, dans des cavités ou des creux de rocher, pendant les hivers les plus rigoureux, elles doivent se trouver encore mieux dans des ruches placées, comme les nôtres, presque dans la terre.

Pour remplir le vide qui est entre & le bord de la ruche, nous y construisons un petit massif tout autour en pierres & en ciment, pour boucher les interstices & empêcher qu'il ne s'y niche quelque araignée ou autre ennemi des abeilles. Les petits trous dont nous avons parlé, doivent rester aussi à découvert, & il faut avoir attention, en posant la ruche dans la niche, de l’enfoncer d'environ un demi-pied, afin que la pluie ne puisse pas l’endommager. Par la même raison on couvre le devant de la ruche & de la niche avec une pierre quarrée, de la largeur environ de l'une & de l'autre, c'est un second couvercle auquel on laisse des deux côtés un passage pour les abeilles, & qui les met à l'abri de tous fâcheux accidens.

Mais si le lieu où nous voulons placer nos ruches ne fournit pas une terre pleine, & si les murs en pierre sèche n'ont pas assez d'épaisseur pour les niches, alors nous formons à côté du mur des caisses quarrées de quatre pieds, sur deux pieds & demi de largeur & de hauteur ; nous couvrons leur partie supérieure avec de bonnes pierres, & mettant de la terre par-dessus, nous formons dans ces caisses des niches semblables à celles que nous avons décrites : la sûreté complette qui règne à Syra pour les ruches, nous permet de les placer à notre gré entre les collines & les vallées, & les abeilles y réussissent à merveille. Je crois avoir décrit avec assez de précision la forme, la matière & la disposition que les ruches doivent avoir.

C'est la base de toute l’économie des abeilles ; c'est le fondement de toutes les opérations sur le gouvernement de ces insectes, & c'est de-là que dérivent les grands avantages que notre manière de les conduire a sur toutes les autres.

Description des ruches de Syra, en pierre.

Outre les ruches en terre cuite dont j'ai parlé, on employoit & on emploie encore quelquefois des ruches faites avec cinq pierres réunies, qui sont d'une grande solidité. Dans l’isle de Syra, il se trouve une espèce de pierre semblable à l'ardoise, mais plus forte, ayant plus de consistance, & qui se travaille très-facilement. On forme avec cette pierre quatre morceaux de la longueur dont on veut que soit


la niche ou la ruche ; c'est ordinairement d'environ trois pieds. Celui qui doit servir de plafond doit être de la largeur de la-niche.

On choisit ensuite un terrain favorable, soit au fond d'un vallon ou sur une colline ; on y place les niches : on dispose son terrain ; on pose deux pierres parallèles à un pied de distance l'une de l’autre, & on place entre elles celle qui doit servir de plafond. Il importe peu que l'une des deux pierres parallèles soit plus ou moins enfoncée dans la terre ; il suffit que le haut soit bien de niveau, pour que la pierre qu'on doit mettre par-dessus, laisse le moins d'interstice possible. Ces quatre pierres une fois placées, on en met une autre par derrière pour fermer la ruche, & les ouvertures qui peuvent se trouver à leur jonction, doivent être hermétiquement bouchées, afin que les fourmis ou les vers ne puissent pas y pénétrer. Du mortier à chaux & à sable suffit pour cette opération.

On ferme la partie antérieure de la ruche avec un couvercle de la même pierre & de la même dimension ; on l’adapte à l’ouverture, & on pratique comme aux autres ruches, de petits trous pour l’entrée & la sortie des abeilles. La manière de couvrir le devant de la ruche est la même que celle dont nous ayons parlé pour celles de terre cuite.

Cette espèce de ruches ne s’emploie qu'à Syra ; on ne s'en sert dans aucune autre partie de l'Archipel, ni, je crois, dans tout le Levant. Cependant les abeilles y réussissent à merveille ; elles y sont ordinairement plus actives, plus fortes, y donnent une plus grande quantité de miel, & leurs essaims valent mieux que ceux qui viennent dans les ruches de terre cuite. Mais j'ai remarqué que les abeilles vivoient plus longtems dans les dernières ; c'est sans doute, parce que les ruches de terre cuite offrent aux propriétaires des moyens plus faciles pour traiter & soigner les abeilles, & sur-tout pour les préserver des vers, que les autres. Il faut observer, à l’avantage de celles qui sont en pierre, que les essaims égarés qui cherchent un asyle, les préfèrent souvent aux ruches de terre cuite.

RUCHER ; c'est l’endroit où l'on réunit un certain nombre de ruches. Quand on élève un bâtiment pour garantir les demeures & les travaux des abeilles, il faut avoir soin que ce bâtiment soit exposé entre le levant & le midi dans les pays chauds, & au midi dans les pays froids & tempérés. Les ruchers sont ordinairement environnés d'arbustes à fleurs, de plantes aromatiques, & de petits arbres en buissons. Il est essentiel sur-tout qu'il n'y ait point d'immondices & de mauvaises odeurs aux environs ; on