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il a brouté la feuille, il devient gros, rebondi, & d'un vert brun & foncé ; il dépose ses œufs & ses excrémens sur les feuilles les plus tendres : c'est ce qui y attire la fourmi, qui ne va jamais sur un arbre que pour s'y nourrir des œufs & des excrémens des autres insectes, & pour continuer le dégât que les autres ont commencé.

Le puceron se renouvelle trois fois dans un été : il faut le chercher avec soin, l’écraser sur la feuille, qu'on lave ensuite, ou bien, on fait cette opération un moment avant la pluie.

On peut encore le détruire en mouillant les branches où il est, & ensuite, y répandant du soufre en poudre.

On les détruit encore par le moyen d'une lessive de tabac, dont on arrose les feuilles de l'arbre où est le puceron, & on met du tabac rapé par dessus.

Les fourmis. Les plus dangereuses sont les jaunes, qui travaillent en dessous terre, & qui ruinent, les racines des arbres & des autres plantes.

On les détruit par la lessive du tabac & le tabac en poudre, par de la lessive ordinaire chaude ; par une lessive de tan, dans laquelle on laisse le tan (écorce de chêne, dont les tanneurs se font servis pour les cuirs), & par de l'urine échauffée : il faut ensuite enlever les terres infectées, & en mettre d'autres ; ce qui se pratique après tous les remèdes dont on se sert pour détruire les fourmillières.

On peut faire une mine au-dessous de la fourmillière, la remplir de soufre en poudre & y mettre le feu, puis boucher l’entrée de la mine, & laisser brûler pendant vingt-quatre heures.

On peut remplir cette mine de poudre à canon, & y mettre le feu avec une traînée.

On creuse autour d'une fourmillière, à un pied de profondeur, une jauge ; on met dans cette jauge du bois sec ; on en met encore au dessus de la fourmillière : on laisse brûler le tout, & on enlève les terres le lendemain.

On fait encore une jauge autour de la fourmillière, dont on bat bien le contour élevé en bassin, & on le remplit d'eau.

Presque tous ces expédiens entraînent ainsi la ruine ou le dégât des plantes voisines : il faut avoir, pour ainsi dire, le champ libre pour les pratiquer.

Si la fourmillière est le long du mur, il faut la baigner souvent avec de l’eau, ou avec de la lessive de tabac ou de tan.


Les issues ou entrailles de poisson, le poisson gâté, font périr les fourmis, en en frottant le mur, & en y attachant le poisson ou les entrailles.

On se sert encore, pour les attraper, d'une ou plusieurs fioles remplies d'eau miélée, & attachées dans le corps de l'arbre.

Le charbon, ou la fumée du charbon fait fuir la fourmi : on larde de charbon un espalier ; les fourmis le quittent ; mais, après huit à quinze jours, il faut changer le charbon, dont les vapeurs, attirées par l’air, n'ont plus d'effet sur la fourmi.

Punaises. Il y en a de deux espèces, des petites & des grosses : les grosses allant toujours seules, peuvent aisément être attrappées & écrasées.

Les petites vont en bande ; elles, font, par leurs excrémens, sur la muraille & sur l’arbre, une traînée noire comme de l’encre : le soir, elles se retirent dans les creux du mur.

Il faut, secouer les branches où il y a des punaises, ou les jeter bas avec un petit balai de plume, & les écraser à terre.

Ou bien, écarter de la muraille les branches où elles sont, & le soir, verser sur ces branches plusieurs arrosoirs d'eau fraîche, ce qui les fait crever.

Quand on prévoit un orage, on écarte les branches chargées de punaises, & cela fait l’effet de l’arrosoir.

On peut aussi blanchir, avec de la chaux vive, les creux où elles se retirent. (Voyez Punaises.)

Les perce-oreilles ou fourchettes, qui entament les fruits, & s'y logent, y attirent les fourmis, pour faire entr'elles le plus cruel dégât. On les prend aisément sur les espaliers, dans des cornets de papier à sucre, dans des cornes de bœuf ou de mouton, dans les montans de laitues, & dans de petits paquets d'herbes desséchées : ces insectes s'y réfugient la nuit ; le matin, on secoue les pièges, & on les écrase.

Les tigres ou agathes, qui sont de petits insectes, presque ronds, d'une couleur vive, tantôt safranée, tantôt rouge foncé, avec de petites taches noires, n'attaquent que les poiriers, & pommiers ; ils se rassemblent chaque nuit, & dans les tems de pluie, dans quelque creux ou gerçure de l’arbre, où il faut les chercher & les écraser.

Les limaçons escargots (ou grosses & petites coquilles), & les limaces, sont aisés à trouver,